Certains films font du pied aux fans d’horreur à un tel point qu’ils en deviennent vite douteux. C’est le cas de Freaks of Nature, que nous n’avons pu voir en janvier à Gérardmer, faute de temps, mais qui est visible en VOD depuis le mois dernier. Nanti d’une affiche dessinée qui fleure bon les années 1980 (mais qui est assez moche quand même), le film de Robbie Pickering se pique de jeter vampires, loups-garous, zombies et envahisseurs extraterrestres dans la même marmite. La plongée se fait in media res dans une Amérique parallèle où l’on découvre que dans la petite ville de Dillford, les humains coexistent en bonne entente avec les créatures précitées. La peinture de ce melting pot se fait surtout au travers d’une très traditionnelle exploration du lycée du coin, où on retrouve les figures non moins traditionnelles du beau gosse imbu de sa personne, du nerd puceau à lunettes et j’en passe. Certains de ces clichés ambulants sont des vampires, d’autres des zombies, etc. — voilà, donc, la grande originalité du film.

L’argument vaut ce qu’il vaut (question teen-movies horrifiques, on a déjà vu mieux mais aussi bien pire). L’échec du film tient en fait à son incapacité à présenter des personnages intéressants. Le trio de tête est composé de Dag (un fils d’anciens hippies, d’où des traits d’humour réitérés à base de joints, ha ha !), de Petra (vampirette un peu nunuche) et de Ned, le « meilleur pote », devenu zombie de son plein gré car il n’a rien trouvé de mieux à faire dans la vie. Tous trois vont devoir surmonter leur gaucherie pour sauver leur communauté composite d’une invasion alien. On est censé jubiler à suivre leurs pérégrinations speedées aux quatre coins de la ville, seulement non : rien ne fonctionne. Les situations humoristiques sont rebattues, les quelques portraits voulus satiriques enfoncent des portes ouvertes et ne risquent pas de faire grincer beaucoup de dents. Et par-dessus tout, l’esprit qui anime tout ça est franchement vulgaire, avec, en guise de finale, un face-à-face drolatique terriens contre aliens affligé de dialogues d’une lourdeur invraisemblable. En somme, un vilain divertissement calculé par deux majors (Columbia et Sony) désireuses de surfer sur la vague du revival eighties, courant actuellement à la mode et dominé par des titres autrement plus intéressants, Turbo Kid ou Kung Fury.

Disponible en VOD depuis le 15 février 2016.