Quels points communs y a-t-il entre les passionnés d’horreur et les fans de musique metal ? Facile : il s’agit souvent des mêmes personnes et ce sont, pour beaucoup, des amateurs de belles choses très courtois et civilisés. N’en déplaise à certains, car « horror buffs » et « metalheads » partagent aussi une réputation de marginaux immatures et brutaux, dans les grands médias et chez les honnêtes citoyens. Partant de ce constat, le Néo-Zélandais Jason Lei Howden signe son premier long métrage Deathgasm, fantaisie saignante où de jeunes métalleux, incompris de leur famille et de leurs concitoyens provinciaux, chipent une intrigante partition à une star déchue du metal. Jouant sans le savoir « l’Hymne noir », le chevelu Brodie (Milo Cawthorne) et sa formation guitare-basse-batterie déclenchent une épidémie de possessions démoniaques dans tout le voisinage…

Dans The Lords of Salem, Rob Zombie a exploité la légende rock’n’roll du disque maudit qui, dès qu’on le passe, ouvre les portes de l’enfer. Jason Lei Howden, quant à lui, imagine des accords sépulcraux qui, joués live, invoquent le diable. Difficile de faire sérieusement peur avec un argument pareil, Deathgasm est donc une comédie d’horreur, énergique et bien rythmée (c’était la moindre des choses), qui brasse effets gore dégueus et clins d’œil hilarants aux codes et tics de la culture metal. Cinglés satanistes aux yeux des pékins moyens, les sympathiques musicos luttent contre les forces du mal, ils convertissent au passage Medina (Kimberley Crossman), une blonde demoiselle bien sous tous rapports qui n’attendait qu’un petit coup de pouce du destin (la rencontre avec Brodie l’artiste, aussi doué avec un crayon de dessin qu’avec une « hache ») pour s’éveiller à la musique metal et s’affranchir de l’affreux moule des conventions. Bravo, miss ! Et bravo aussi au réal Jason Lei Howden, par ailleurs expert en effets numériques (donnant ici dans les maquillages latex « à l’ancienne »), qui connaît sur le bout des doigts les leçons de cinéma de Sam Raimi, de Peter Jackson, et qui, sans aucun doute, sait soigner ses oreilles avec les meilleurs décibels.

Coproduit par Ant Timpson (The ABCs of Death), Deathgasm a été présenté en avant-première il y a un mois lors de la dernière édition du PIFFF, à Paris. Aucune date officielle de sortie française n’a pour l’instant été révélée.