L’histoire de ce second volet débute en 2010, et rien ne va plus pour Zebraman ! Portée aux nues par les médias, qui en ont fait une gloire nationale après sa victoire contre les extraterrestres, il voit le moindre de ses faits et gestes épié par une armée de journalistes et de caméras. Incapable de supporter ce harcèlement, sa femme l’a quitté, emportant avec elle leur enfant, et, sous l’effet du stress, notre héros est à présent incapable d’utiliser ses super-pouvoirs ! Pauvre Zebraman ! 15 ans plus tard (soit en 2025), nous retrouvons Monsieur Zèbre amnésique dans un Tokyo de cauchemar devenu Zebra City, ville-état expérimentale dirigée par un despote, le gouverneur Aihara. Le barjot a instauré une mesure délirante, le Zebra Time, autorisant la police à tirer sur les civils 10 minutes par jour !

Tourné en 2004, le premier Zebraman était une production modeste, ce qui n’a pas empêché le film de se tailler un joli succès et de se faire remarquer dans les festivals (Zebraman décrocha le Prix du public et le Prix du meilleur film asiatique au NIFFF de Neuchâtel en 2005). Nantie d’un budget visiblement très supérieur, cette suite, également mise en scène par Takashi Miike, n’a aucun mal à surpasser l’original. En termes de décors, de costumes, d’effets spéciaux, Zebraman 2 est une véritable fiesta. Miike brasse une quantité énorme de références visuelles pour bâtir un univers graphique hyper stimulant, s’en allant puiser l’inspiration aussi bien dans les séries nipponnes avec monstres en caoutchouc que du côté de l’expressionisme allemand (certaines images de foule renvoient à Fritz Lang et Metropolis). Quant aux masques et aux longs manteaux de cuir de la police de Zebra City, ils forment un mix étonnant de figures de Kabuki et de look Gestapo !

Comme la jaquette du dvd invite à le penser, Zebraman n’est pas la seule vedette du film. Nominé aux « Awards of the Japanese Academy » pour le rôle du super-héros, le comédien Shô Aikawa partage cette fois la tête d’affiche avec la bombe sexy Riisa Naka, alias Yui Aihara, pop star et propre fille du gouverneur de Zebra City, chargée de la propagande du régime paternel via ses clips et chansons. Takashi Miike a stylé la nénette à la manière d’un clone goth de Lady Gaga, toute en cuir noir, résille et jarretelles ! Véritable reine du mal avide de pouvoir, la « Zebra Queen » supplante vite son papa à la tête de Néo-Tokyo pour mettre à exécution ses plans démoniaques. Riisa Naka en fait des tonnes, comme si elle voulait à chaque pas transpercer la gorge de tous ses opposants de la pointe du talon aiguille. Ses apparitions sont un régal, et le scénario ménage de belles surprises concernant un lien inattendu entre la déesse et l’homme-zèbre en personne, qui va s’employer à lui mettre des bâtons dans les roues sitôt recouvrés la mémoire et ses super-pouvoirs…

Il est dommage que, à l’image de cet excellent Zebraman 2, la plupart des films de Takashi Miike, stakhanoviste de la caméra qui met en scène deux à trois longs métrages par an, ne trouvent pas leur place sur nos écrans de cinéma et arrivent en France directement en vidéo (l’éditeur WE Prod vient également de distribuer God’s Puzzle, daté de 2008, en dvd et blu-ray). Actuellement, Miike est en plein tournage d’Ai to makoto, d’après un manga des années 1970, et depuis Zebraman 2, il a mis en boîte pas moins de quatre titres, dont le film de samouraï 13 Assassins, précédé d’une excellente réputation. À 51 ans, Takashi-san est devenu le réalisateur incontournable du cinéma de genre japonais. Il mériterait largement un soupçon de reconnaissance et une plus grande audace de la part des distributeurs français.

Dvd et blu-ray sont disponibles depuis le 23 août (WE Prod).

Durée : 1h42

Image : 1.85, 16/9 compatible 4/3

Son : japonais et français, Dolby Digital 5.1

Sous-titres : français

Suppléments : bandes annonces

Ci-dessous, la bande annonce du film (en v.o. sans sous-titres)…

…et comme je ne peux pas résister, le clip de Zebra Queen Namida :