Vous tombez sur une bonne vieille VHS sans autre mention sur l’étiquette qu’un grand X majuscule, ou sur une autre habillée d’une grande bande de scotch barrée en rouge de l’injonction « watch »… que faites-vous ? Les héros de V/H/S/2 — un duo d’enquêteurs privés à la recherche d’un étudiant — n’hésitent pas à glisser les cassettes dans la trappe du magnétoscope et nous font découvrir toutes sortes de bizarreries…

N’étant pas fan de V/H/S (lire ici ma chronique publiée l’an dernier), je n’étais guère impatient de découvrir cette seconde production annoncée un temps sous le titre S-VHS et toujours mise en scène selon le principe du « found footage ». Surprise : la nouvelle anthologie de courts métrages corrige le tir en évacuant la plupart des défauts du premier film, à commencer par le nombre excessif de segments, ramené à seulement trois (quatre, en comptant le fil rouge), bien plus intéressants et aboutis que la somme des sept films du premier volet.

Tape 49 de Simon Barrettsert donc de fil conducteur avec ses deux « private eyes » qui s’introduisent dans la maison d’un jeune gars disparu. À l’intérieur, une pièce est encombrée de vidéos. La situation est très semblable à celle de V/H/S, premier du nom, dans laquelle les personnages piochent au hasard parmi des piles de cassettes anonymes. Découverte n°1 : Phase I Clinical Trials, un court réalisé et interprété par Adam Wingard. Herman est un accidenté de la route. Blessé à l’œil droit, il reçoit une greffe bionique qui lui permet de garder la vue. Une caméra embarquée qui nous permet de suivre à la première personne toutes ses mésaventures : équipé de son nouvel œil, le gars se met à voir toutes sortes d’apparitions zarbi. Il panique. Heureusement une nana prénommée Clarissa vient à sa rencontre, elle dit détenir des clés pour l’aider à résoudre le problème… La production a choisi de placer ce premier film en tête d’anthologie, et c’est un choix judicieux car même si Wingard est très convaincant en pauvre type de plus en plus flippé, Phase I… est le court le moins intéressant du lot. Une fois la situation dramatique posée, il ne se passe plus grand-chose, et l’action frénétique des dernières minutes brasse beaucoup d’air mais mouline dans le vide.

A Ride In The Park d’Edúardo Sanchez et Gregg Hale nous fait illico passer à la vitesse supérieure avec un cycliste qui préfère s’adonner à une virée en solo dans les bois plutôt que partager le petit déj’ avec sa copine. Tragique erreur : après quelques hectomètres entre chênes et bouleaux, le gars fait une mauvaise rencontre en la personne d’une promeneuse blessée suite à une attaque de morts-vivants ! La brune vire zombie à son tour, mord le héros, etc. Vous avez pigé le topo. La petite caméra portée par le vététiste sur son casque nous fait vivre le cycle infernal agression-contamination-zombification. Un schéma horrifique éprouvé mais le résultat est là : mené à cent à l’heure, le récit sanglant aligne des péripéties d’une drôlerie macabre irrésistible.

Ensuite, attention les yeux avec l’incroyable segment indonésien Safe Heaven, coréalisé par Timo Tjahjanto et Gareth Evans. Le premier a tourné l’an dernier le dégueulasse L for Libido (dans l’anthologie The ABCs of Death), le second s’y connaît pour mettre en scène des séquences d’action déchaînée (The Raid). L’union des deux talents ne pouvait donner lieu qu’à un déferlement de violence barbare, qui va se dérouler sous nos yeux éblouis à la faveur d’un reportage mené par une équipe de télé. Quatre journalistes obtiennent d’un gourou la permission de visiter sa secte. Le type est très pointilleux sur ce qu’il accepte de montrer à l’image, aussi les héros s’équipent de caméras cachées pour cadrer même ce qu’ils ne sont pas autorisés à filmer. Et évidemment, on ne débarque pas chez les Mormons ni chez les Témoins de Jéhovah ! Installée à l’écart de la ville, la communauté religieuse est un vrai repaire de fous menés gaiement, enfants compris, sur la voie du suicide collectif. Tout ça va se terminer en carnage hystérique, avec l’apparition en guest de ce bon vieux Belzébuth. Mais la vedette, c’est sans conteste le dénommé Epy Kusnandar, comédien indonésien qui joue le rôle du « Père », le gourou, tout en démence contenue jusqu’à ce qu’il pète vraiment les plombs armé d’un cutter de bricoleur. La composition de Kusnandar est hilarante. Hors de question que je me laisse un jour enrôler dans une secte, mais si jamais l’artiste a un fan-club, j’adhère !

La fin est proche (déjà !) quand commencent à défiler les images du dernier court, Slumber Party Alien Abduction de Jason Eisener. Comme l’annonce le titre, il est question d’une soirée pyjama quelque peu gâchée par l’irruption d’un quatuor d’extraterrestres blafards, façon Roswell. Seuls dans la maison en l’absence des parents, des djeuns font un peu n’importe quoi, comme ficeler leur caméscope sur le crâne du chien. C’est à ce moment que les aliens débarquent pour s’emparer des terriens fêtards à des fins qu’on imagine morbides. L’agression from outer space nous est donc contée du point de vue canin, au ras de la moquette, avec les poils roux du clébard en bas du cadre et ses oreilles en pointe de chaque côté ! Le parti pris ne donne pas lieu à une action très lisible, mais c’est original, et la dernière image m’a fait mourir de rire.

Zou, c’est fini ! Enfin, pas tout à fait : comme dirait Jean-Claude Dusse, il reste à conclure, en l’occurrence découvrir les derniers plans de Tape 49, le fil conducteur. Au programme, suicide face caméra au fusil de chasse, attaque de revenant sanguinolent… il y a encore des choses à voir, jusqu’au générique de fin et sa bande son rock’n’roll. Un bilan donc largement positif pour ce V/H/S/2, en comparaison avec les scénarios plus ou moins bâclés du premier film. L’objet justifie les quelques dollars que les spectateurs américains sont actuellement invités à dépenser pour le découvrir en vidéo à la demande. Une sortie en salles sur le territoire US est par ailleurs prévue en juillet. Bientôt la France ? Il faudrait déjà que soit distribué le premier film, disponible en dvd dans divers pays européens mais officiellement invisible chez nous hors festivals (V/H/S a été projeté l’an dernier à la Samain du Cinéma fantastique, au PIFFF et, début 2013, au Festival de Gérardmer). Quoiqu’il en soit, le film d’horreur à sketches, relevant du found footage ou pas, a encore de belles heures devant lui, ce qui me permet de conclure ce papier sur une note française en guettant l’arrivée prochaine du 100% french The Theatre Bizarre, volume 2, produit comme le premier opus par Metaluna. Du grand-guignol bien de chez nous emballé par Olivier Abbou, Xavier Gens, Lucile Hadzihalilovic, Julien Maury, Alexandre Bustillo, Pascal Laugier et Talal Selahmi. Tournage(s) cette année pour une distribution probable en 2014…