Depuis hier, Milla Jovovich toise les passants de l’Hexagone en s’affichant en combi noir moulante sur les colonnes Morris, avant de s’attaquer la semaine prochaine aux devantures des cinémas et, surtout, aux hordes d’infectés par le virus T dans les salles obscures. Si tout cela vous dit quelque chose mais que vous avez perdu le fil, sachez que nous en sommes au cinquième volet des aventures d’Alice, ex-employée d’Umbrella Corporation désormais en rébellion contre la multinationale qui a plongé l’humanité dans l’enfer des zombies. Retribution reprend l’histoire là où le précédent chapitre, Afterlife, d’un ennui incommensurable, s’était arrêté. Alice et quelques autres avaient trouvé refuge à bord d’un navire baptisé Arcadia, aussitôt pris d’assaut. Déroute chez les survivants. Alice finit à la baille pour rouvrir les yeux dans un complexe souterrain aménagé par Umbrella afin de simuler des épidémies-éclairs de virus T…

Retribution se résume à peu de choses : l’idée est de restituer sur grand écran le contexte vidéo-ludique dont est issue la « saga » en faisant évoluer l’héroïne dans différents niveaux (c’était déjà le cas du premier volet, cela dit). Sous terre, Umbrella a recréé des quartiers entiers de New York, Tokyo, Moscou… tous très mal fréquentés. Alice doit traverser chacune des villes pour se frayer un chemin jusqu’à la surface. Voilà pour le pitch, qui tient aussi lieu de scénario. Retribution enquille mécaniquement les scènes d’action, toutes identiques et sans aucun enjeu (Alice, qu’on ne sent jamais en danger, dégomme des créatures en exécutant des pirouettes, des trucs explosent à droite à gauche et, cinq minutes plus tard, elle recommence dans un autre décor). On n’a donc droit à aucune intrigue digne de ce nom, et les bobines de pellicule se dévident une heure trente durant dans des limbes cinématographiques où l’essence même du Septième Art est perdue. Resident Evil est un titre qui finalement sied à merveille à cette série de films sans âme, véritable pollution audiovisuelle qu’on dirait conçue par Umbrella Corporation elle-même. Tenir jusqu’au bout de ce « spectacle » sans martyriser l’accoudoir de son siège sous le coup de l’énervement relève d’un exploit digne d’un maître zen.

Sortie dans les salles le 26 septembre 2012. Le réalisateur Paul W.S. Anderson a déclaré avoir déjà couché dans ses grandes lignes le projet d’un sixième film, qui dépendra du succès de ce Retribution. Alors par pitié, dispensez-vous du film en salles, n’achetez pas le futur dvd et restons-en là. Ci-dessous, quelques vidéos : la bande annonce teaser, sortie en janvier, plutôt rigolote (et qui fait montre de plus d’imagination que le film dans son ensemble !), la seconde bande annonce et une featurette making of où tout le monde sur le plateau se félicite du boulot accompli…

Et pour terminer, un extrait de la scène du « corridor », avec son décor et ses chorégraphies à la Matrix complètement ringards :