Cette production Disney revisite La Belle au bois dormant de Perrault en épousant non le point de vue de la princesse Aurore, condamnée à sombrer dans un sommeil éternel le jour de ses seize ans, mais celui de la méchante fée à l’origine de la malédiction. En dépit de son nom, Maléfique porte chaleur et bonté dans son cœur, jusqu’à ce que Stefan, son grand amour, la trahisse pour satisfaire sa soif de pouvoir et s’emparer du trône de roi. Malheureuse, Maléfique s’abîme dans le désir de vengeance, la fée devient une ombre haineuse, le pays merveilleux se retrouve plongé dans un océan de ténèbres…

Maléfique, c’est Angelina Jolie. Maquillée par le grand Rick Baker, l’ex-Lara Croft endosse une panoplie noire sur mesure qui marquera les plus jeunes spectateurs et ne manquera pas non plus de séduire un public plus âgé. Victime de la bestialité masculine (à l’instar de Karaba dans le beau Kirikou et la sorcière de Michel Ocelot), Maléfique s’impose non comme une nouvelle Carabosse mais comme une image idéale de la féminité telle que les mâles peuvent la redouter. Son apparence est riche de connotations symboliques : libre (elle a des ailes), puissante (elle possède des cornes), Maléfique n’est pas créature à se laisser subjuguer, au sens premier du terme, et malheur à celui qui a osé la blesser.

L’argument de la fée flouée, mutilée, et la prestation flamboyante de la star, très à l’aise dans le rôle, sont les grands atouts du film, par ailleurs plombé, c’est dommage, par une réalisation chargée d’effets numériques tape-à-l’œil qui viennent gâter la magie de l’histoire (un traitement artisanal à la Jim Henson aurait été préférable, mais cette approche est depuis longtemps passée de mode à Hollywood). Difficile, également, d’ignorer la fadeur du reste de l’interprétation, qui pâtit de l’aura d’Angelina : Sharlto Copley (acteur sud-africain vu dans District 9ElysiumEuropa Report) campe un monarque bien terne malgré son destin tragique, et Elle Fanning apporte au personnage d’Aurore, la fille du roi, une candeur niaise très agaçante. Maléfique n’est donc pas à la hauteur de l’excellent Blanche-Neige et le Chasseur, sorti il y a deux ans. Malgré tout, grâce à la force de son héroïne et de son interprète, le film parvient à surprendre avec un conte que l’on connaît tous par cœur depuis l’enfance. Un défi qui n’était pas évident à relever.

Sortie dans les salles le 28 mai 2014.