Pour ses 40 ans de carrière discographique Alan Stivell offre un 23ème album à son public. Un album justement nommé Emerald puisque l’artiste fête à l’occasion de ses 40 ans de carrière ses noces d’émeraude.
En 1970, l’album Reflets marquait le coup d’envoi d’une formidable carrière. Alan Stivell a su traverser les décennies en adaptant son style, en ouvrant la musique celtique à de nombreuses cultures et à de nombreux styles musicaux. Entre ses multiples expérimentations, l’artiste breton a toujours pris le soin de revenir aux sources avec des albums folk rock comme c’était le cas avec Back to Breizh ou encore Brian Boru. Emerald est de cette trempe là.
Dès le titre introductif « Brittany’s », on retrouve justement une hargne déjà présente sur Back to Breizh (notamment sur « Vers les îles et villes de verre »). « Brittany’s » résume à lui tout seul la philosophie d’une carrière. Le morceau est entraînant et glorifie les nations celtes en mettant en exergue leur héritage commun. La mer comme trait d’union de ces peuples mais aussi la langue comme trait d’union entre les peuples puisque Alan Stivell manie avec une parfaite alchimie le breton, l’anglais et le français. Cette énergie débordante, on la retrouvera sur de nombreux titres aux sonorités très rock comme sur « Gael’s call » ou encore sur l’hommage aux sœurs Goadec (« Goadec rock ») où les guitares saturées pleuvent en hommage aux ancêtres. Le chanteur breton a aussi convié quelques invités comme Dom Duff qui intervient sur 2 titres (« Brittany’s » et « Tamm ha tamm »), ce qui est un juste retour des choses puisque Dom Duff fait partie des artistes de la « nouvelle scène » bretonne pour lesquels Alan nourrit beaucoup d’admiration. L’ensemble choral du Bout du Monde vient aussi poser ses cordes vocales sur le morceau final « Mac Crimon », un morceau en 3 parties qui, s’il s’avère émouvant, n’exploite pas tout le potentiel du groupe.
Présenté comme l’album du retour au folk rock, Emerald renoue effectivement avec un style dont Stivell a su se faire le chantre.
Malgré tout, il offre aussi ses moments d’accalmie avec des morceaux plus méditatifs comme cette ballade irlandaise chantée en gaélique (« Eibhlin »). Et bien sûr, un album du barde breton ne saurait être complet sans un morceau de harpe (« Harplinn »).
Un album supplémentaire qui vient grossir une discographie déjà somptueuse. 40 ans de carrière discographique qui permette de faire un bilan de toutes ces années et force est de constater la qualité du répertoire de Alan Stivell qui aura su naviguer à travers ces décennies musicales sans renier ses convictions et son amour pour la musique celtique. Mais il serait presque illusoire de regarder vers le passé tant la musique de Stivell n’a toujours poursuivi qu’un seul but : offrir une musique celtique moderne, fière de son héritage et tournée vers l’avenir.