Je me souviens d’une scène de The Player de Robert Altman dans laquelle un exécutif de grand studio hollywoodien tentait de vendre un tout nouveau projet au big boss en le présentant comme un croisement de tel succès avec tel autre. On peut en faire de même avec Wake Wood, production Hammer se risquant à l’hybridation de deux classiques de l’épouvante, Simetierre, d’après Stephen King, et The Wicker Man, de Robin Hardy, puisqu’il est question de rites païens perpétrés dans la cambrousse britannique.

Anéantis par la mort accidentelle de leur fillette, Patrick et Louise espèrent prendre un nouveau départ en s’installant à Wake Wood, patelin irlandais dirigé par Arthur, un lord qui va s’avérer adepte de pratiques occultes. Arthur propose au couple de faire revenir leur enfant à la vie pour une durée de trois jours, le temps pour eux de profiter pleinement de derniers instants avec la petite Alice et de lui faire leurs adieux. Après une cérémonie nocturne, l’enfant est de retour, mais les parents se rendent compte que quelque chose cloche chez la fillette…

Wake Wood vaut surtout pour sa première moitié, prenante, qui parvient à impliquer fortement le spectateur. À la place du couple, auriez-vous fait le même choix, auriez-vous cédé à la tentation de revoir une dernière fois votre enfant disparu ? Une question philosophique autant que mélodramatique, qui débouche hélas sur des rebondissements convenus dans la dernière partie. Revenue d’entre les morts, Alice a dans le regard un je-ne-sais-quoi d’insolite qui file un peu la frousse, mais pas tant que ça, la faute à une jeune actrice au minois figé, qui a bien du mal à rendre toute l’étrangeté de son personnage. Et les péripéties du scénario lui font commettre des exactions nocturnes qui tombent dans la routine du film de monstre. Quelques homicides sont au programme, mollement mis en scène, comme si le réalisateur David Keating se désintéressait du dernier acte. La fin en pointillés s’engage sur une voie déjà empruntée par d’autres métrages, par exemple Grace de Paul Solet, mais heureusement l’histoire s’arrête avant que le film ne devienne affreusement redondant. À voir tout de même pour l’atmosphère fantastico-campagnarde, très bien rendue, et pour l’interprétation excellente, dans le rôle du père, du comédien Aidan Gillen, devenu célèbre récemment grâce à Game of Thrones/Le Trône de fer. Entre deux saisons de l’exceptionnelle série de David Benioff et D.B. Weiss, ces retrouvailles estivales avec « Lord Baelish » sont une surprise enthousiasmante.

Dvd et blu-ray disponibles à partir du 14 août 2012.