« The Hunt, directed by Thomas Szczepanski »… Le titre et le générique en anglais ne l’indiquent pas, mais ce nouveau long métrage distribué par Le Chat qui fume est une production frenchie, tournée l’an dernier dans l’Hérault. Une manière, peut-être, de faire un clin d’oeil à la longue liste de films américains qui, comme ici, et depuis les fameuses Chasses du Comte Zaroff, mettent en scène d’affreux tortionnaires adeptes de la chasse à l’homme.

Du côté de Montpellier, Alex est un jeune journaliste en quête de scoops. Sa copine Sarah, strip-teaseuse, le met sur la piste d’un réseau criminel impliquant un notable de la ville. Son enquête l’amène à prendre part à une chasse à l’homme où une poignée de sadiques à cagoules prennent leur pied en tirant à l’arc sur de malheureux quidams kidnappés par les hommes de main de l’Organisation…

Par sa démarche, The Hunt me fait un peu penser à ces films vidéos qu’on s’amuse à tourner étant ado. On rassemble une bande de potes, un caméscope, on dégotte quelques costumes et accessoires et en avant ! Une cave avec une planche et deux tréteaux (pour figurer une table d’opération) suffisent pour qu’on refasse Frankenstein ou Re-Animator. On peut aussi prendre la direction de la forêt la plus proche pour emballer un ersatz de Blair Witch Project… ou bien une bonne vieille histoire de chasse à l’homme, histoire de s’amuser à filmer quelques scènes de baston à l’arme blanche.

Heureusement, dans la forme, The Hunt n’a rien d’un petit Z bricolé entre amis. Les moyens sont modestes (ce sont ceux d’une petite prod indépendante tournée en semi-pro), mais le réalisateur et son équipe savent tirer un profit maximum de la logistique à leur disposition. Les techniciens savent comment marche leur matos (la captation à la steadycam apporte un rendu hyper-fluide), les gars des effets spéciaux assurent et les comédiens sont presque tous pros ou, en tout cas, aspirent à le devenir (notamment Jellali Mouina, impeccable, qui interprète le héros). Enfin, côté photo, la chef op’ n’est autre qu’Anna Naigeon, un nom que vous aurez retenu si vous avez vu le très beau Blackaria, néo-giallo également diffusé par le matou noir à la cigarette…

Maintenant, et malgré toute la sympathie que suscite le projet (car cela fait toujours plaisir de voir se tourner des films de genre français à cent lieues du cinoche mainstream bien de chez nous), il faut quand même reconnaître que l’objet fini laisse sur sa faim. Comme je l’ai suggéré ci-dessus, The Hunt ne fait pas l’effort d’être original, c’est un métrage (relativement court, 1h15) qui se contente de reprendre les recettes d’un certain cinéma US. Randonnée pour un tueur, Chasse à l’homme (avec Lee Marvin et Charles Bronson), Que la chasse commence (avec Ice-T et Rutger Hauer) ou encore le premier Rambo ont défriché le terrain et procurent bien plus d’émotions que le film de Thomas Szczepanski. Il faut chercher son plaisir ailleurs, par exemple en s’amusant des greffons 100% français posés sur la mise en scène à l’américaine, tel le décor de château où se déroule une partie de l’action, qui fait autant penser aux films de Jean Rollin qu’à ceux estampillés Marc Dorcel !

Dvd disponible dès demain, 8 novembre (Le Chat qui fume). Plusieurs suppléments sont au menu du disque : un making of (15′), des interviews du réalisateur et des comédiens (Jellali Mouina et Sarah Lucide), ainsi que du scénariste François Gaillard. Ce dernier est également co-auteur de Blackaria et du très attendu Last Caress, bientôt au catalogue du Chat qui fume. Tournage et montage sont terminés, et le film « glam gore » fait depuis plusieurs mois la tournée des festivals… L’impatience, faut-il le préciser, commence à se faire sérieusement sentir…