La forêt d’Aokigahara, au Japon, n’a rien d’une invention de scénariste : cet océan d’arbres de 3500 hectares, proche du mont Fuji, est chaque année le lieu de destination de dizaines de candidats au suicide, qui n’ont que l’embarras du choix pour trouver un arbre centenaire et s’y pendre. Dans la fiction qui nous intéresse, l’Américaine Sara débarque des États-Unis à la recherche de sa sœur jumelle Jess, dont elle est sans nouvelles depuis que l’imprudente, d’un naturel très borderline, s’est risquée dans ladite forêt.

Il est toujours un peu énervant de se voir imposer des personnages américains pour explorer en leur compagnie le folklore d’autres pays (le lieu est bien sûr chargé de croyances superstitieuses, on y croise forcément des « yurei », les esprits tourmentés des suicidés), et l’intrigue de The Forest aurait pu s’accommoder de personnages tous japonais. Heureusement, le film, du reste tourné non pas sur place, dans la vraie forêt hantée, mais en Serbie, bénéficie d’une interprète de choix en la personne de Natalie Dormer. Dormer n’est pas encore une méga-star du cinéma hollywoodien, mais elle bénéficie d’une notoriété certaine depuis qu’elle participe, dans le rôle de Margaery Tyrell, à la série Game of Thrones. L’actrice se défend très bien dans le double-rôle de Sara et Jess (cette dernière, la disparue, apparaissant dans quelques flash-back). L’excursion dans le bois aux pendus ne se fera pas en solitaire : dans un bar nippon, Sara fait la connaissance d’un journaliste australien à qui elle raconte l’histoire de sa sœur perdue. Le reporter, intrigué, propose à Sara de l’assister dans sa recherche contre la possibilité de publier un article.

Le journaleux, Aiden, n’est pas franc du collier, et comme Sara, on se demande quelles sont ses vraies motivations à l’accompagner dans le trip sylvestre. Le personnage représente un des nombreux points d’ambiguïté du film qui, entièrement raconté du point de vue de Sara, joue en permanence avec une narration subjective sur le fil. « Prenez garde si vous voyez des choses étranges dans la forêt, préviennent les autochtones, dites-vous que tout se passe dans votre tête. » Et le fait est que les jumelles ont un vécu familial très pénible, et qu’elles vivent depuis leur enfance avec des fantômes impossibles à chasser… L’expédition devient donc un effrayant retour aux sources psychanalytique, un voyage intérieur qui fera resurgir les ombres du passé. Sara liquidera-t-elle ses démons ? Va-t-elle y succomber ? Bien écrit et doté d’enjeux dramatiques convaincants, très bien réalisé par Jason Zada (dont c’est le premier long métrage), The Forest s’avère donc être un excellent film fantastique. Le titre est sorti le mois dernier aux États-Unis et au Canada, il sera ce vendredi dans les salles britanniques. Aucune date de sortie officielle française n’est à ce jour communiquée.