Qu’y a-t-il après la mort ? La question turlupine un paquet de monde. Personne, évidemment, ne détient la réponse, alors on peut imaginer toutes sortes d’univers et de personnages constituant le paysage de l’au-delà. Dans le cousinage, par exemple, de Bernard Werber et de ses Thanathonautes, Guilhem Méric nous propose l’aventure de Chayton Parx, aide-soignant dans une unité de soins palliatifs. Par sa profession, Chayton (un drôle de prénom, dont l’origine nous est expliquée dans le récit) côtoie la mort presque au quotidien. L’aventure qui l’attend dans Aetherna va le faire plonger au cœur de l’énigme que représente la Faucheuse. Pour des raisons que nous n’allons pas dévoiler ici, le héros va passer de l’autre côté, guidé par son mystérieux grand-père à la silhouette de chaman indien.

Une lecture agréable et intriguante nous attend derrière la belle couverture représentant une abeille entourée de points lumineux — les âmes des défunts. C’est grâce à cet insecte psychopompe (chez les Celtes, l’abeille symbolisait l’immortalité de l’âme) que débute la quête de Chayton vers les mystères de l’after-life. La jeunesse du héros, son histoire de cœur naissante (avec Juliet, une hôtesse de bar au grand cœur), son parcours initiatique (dont les tenants le renverront à un drame de son enfance) font du récit un roman plutôt ciblé « young adult », à l’écriture fluide et peuplé de personnages fantastiques relevant d’un héritage aussi littéraire que cinématographique : Gustus, drôle de fantôme au verbe coloré, est à la croisée de l’univers de Lewis Caroll et de la légende des Leprechauns, tandis que le « bad guy » de l’histoire évoque les ombres maléfiques de moult films d’épouvante dans lesquels le Mal revêt une apparence physique cauchemardesque.

Aetherna se clôt non en pointillés, mais par une conclusion en bonne et due forme, signe que l’auteur n’envisage peut-être pas de donner une suite à son histoire. Le sujet abordé offre néanmoins matière à d’autres développements, sans compter que Guilhem Méric fait intervenir plusieurs personnages secondaires dont le destin est laissé en suspens, et qu’on aimerait beaucoup côtoyer encore à la faveur d’une nouvelle aventure. En outre, la touche d’ambiguité de la situation finale laisse penser que le héros Chayton est loin d’avoir achevé son exploration. Guilhem Méric pourrait-il en faire notre Virgile au fil d’une saga de grande ampleur qui nous dévoilerait jusqu’aux moindres recoins les obscurs tréfonds de l’au-delà ?