Le titre original 11-11-11 ressemblait à une effrayante rangée de piques hérissées, mais Wild Side Vidéo a préféré rebaptiser la chose d’un simple « 11 – Eleven » pour cette sortie française. Il faut dire que le tournage du film remonte à 2010 et que la date prophétique annoncée par Darren Lynn Bousman est périmée depuis près d’un an, alors forcément…

Auteur de best-sellers dans lesquels il clame son athéisme, Joseph Crone ne se remet pas du décès de sa femme et de leur jeune fils, morts dans l’incendie criminel de leur appartement. Nous sommes en novembre 2011, et notre héros voit sa dépression aggravée par des rêves horribles qui lui font revivre la nuit où il perdit sa famille. Bientôt les visions cauchemardesques se mettent à déborder dans la réalité et Joseph semble poursuivi par la série de chiffres 11-11, qu’il remarque un peu partout, notamment sur son radioréveil lorsqu’il se réveille en sursaut et en sueur.

Comme ce brave Joseph, qui traîne sa mine de chien battu pendant 1h30, on se surprend plus d’une fois à regarder sa montre en visionnant ce petit film très mal foutu qu’on dirait avoir été produit juste pour tirer profit du 11 novembre dernier et de sa saisissante répétition de 1 (le film est sorti le Jour J aux États-Unis et dans quelques autres pays). Joseph quitte l’Amérique pour se rendre en Espagne au chevet de son père mourant. À Barcelone, il retrouve aussi son frère cadet, Samuel, à la tête d’une congrégation religieuse. Entre le croyant et l’athée, les relations sont tendues, beaucoup plus que les molles péripéties censées rythmer l’aventure : Joseph, qui n’en finit pas de gloser sur son absence de foi, découvre sur les vidéos de surveillance de l’église de curieuses apparitions nocturnes encapuchonnées venant zoner tous les soirs à… 11h11. Elles pourraient aussi se pointer le matin, du coup, à l’heure des tapas et de la sangria, mais non, ça ferait beaucoup moins peur, et elles ne viennent que la nuit, par temps de brouillard. Pendant que Joseph étudie le mystère en se grattant le menton, les feuilles du calendrier défilent, s’approchant dangereusement du 11-11-11 ! Ouh la la, à quoi va-t-on assister à la date fatidique ? À la mort du dernier Poilu ? Mais non : le 11-11-11 à 11h11, des tronches de caoutchouc avec 11 jours de retard sur Halloween vont faire irruption chez Sam et Joe pour jouer à « coucou c’est moi ! »  dans tous les recoins en écartant les bras comme au train fantôme.

11-11-11 ne raconte donc pas grand-chose (le parcours du héros ne vaut pas tripette, on flaire le retournement de veste spirituel à pleins naseaux), ce qui ne l’empêche pas d’être très peu clair : la conclusion tant espérée est incompréhensible, et le lien entre les événements surnaturels et l’argument numérologique totalement artificiel. Pouvait-on de toute manière s’attendre à des miracles venant du réalisateur des soporifiques Saw 2, 3 et 4 ? Eh bien, oui, why not, étant donné que Bousman est aussi l’heureux metteur en scène du bon remake de Mother’s Day, avec Rebecca DeMornay, et que son moyen métrage musical The Devil’s Carnival, qui sort ces jours-ci en vidéo aux USA, est précédé d’une excellente réputation. Une production où Bousman a eu le privilège de diriger l’affolante chanteuse et violoniste Emilie Autumn, une de mes passions musicales, dont j’attends de découvrir les talents d’actrice avec une fébrilité non dissimulée. Je vous en touche deux mots dès que j’ai mis la main sur le dvd…


Dvd disponible depuis le 24 ocotbre 2012 (Wild Side Vidéo).