Nueit de sabbat est le cinquième album du groupe pyrénéen Stille Volk. Un album qui évoque le sabbat, les dieux païens et la sorcellerie avec un réalisme saisissant.
Rarement une musique acoustique n’aura côtoyé les grands anciens avec autant de succès.
L’occasion pour Khimaira d’explorer avec Patrice Roques la philosophie et les motivations du groupe. Une plongé dans des terres occitanes où les fantômes de Pan dansent avec ceux de Iron Maiden.
 
 
Khimaira : 6 ans se sont écoulés depuis le précèdent album Maudat. On a pu vous voir sur scène mais que s’est-il passé durant toutes ces années ?
 
Patrice Roques : Nous avons travaillé sur l’album d’Hantaoma qui nous a bien pris 2 ans, nous avons répété pour différents concerts en sachant que notre répertoire évolue à chaque concert et surtout nous avons invoqué les dieux barbus à la langue velue afin qu’ils daignent nous donner l’inspiration nécessaire. Un album comme Nueit de sabbat ne se compose ni ne s’enregistre en quelques mois. Cela demande énormément de travail.
 
 
K : Je trouve que les textes ont encore gagné en profondeur depuis le dernier album dans le sens où les évocations des scènes de Sabbat sont saisissantes. Comment se déroule la phase d’écriture et où puisez-vous votre inspiration pour décrire ces scènes avec autant de « réalisme » ?
 
P.R : La phase d’écriture est très simple étant donné que c’est moi qui fais les textes et je ne fais que décrire ce que j’ai en moi. Les paroles sur cet album ont été un peu plus travaillées que d’habitude étant donné qu’il a fallu vraiment  qu’elles correspondent à la métrique des chansons mais le plus souvent un texte est pratiquement instantané, comme de l’écriture automatique, et il n’est que très peu retravaillé pour garder la fulgurance première. Est-ce mon esprit qui sert de réceptacle aux velus déjà cités ? Peut être !!!
 
 
 
K : Au niveau des instruments aussi, on sent un réel de travail pour approfondir chaque composition avec la présence de nombreux instruments et des ruptures dans les mélodies. Comment qualifierez-vous votre musique qui mélange des éléments occitans et médiévaux voire celtiques à travers le prisme de la sorcellerie et du paganisme ?
 
P.R : C’est un éternel problème que de vouloir décrire notre musique : on parle de néo trad. médiéval ou folk celtico médiévale. Nous puisons partout où nous pouvons, que ce soit dans des vieux morceaux d’Angelo Branduardi, dans du trad. scandinave, occitan, irlandais, breton, dans le métal, dans la musique ancienne et médiévale…Effectivement on travaille beaucoup au niveau des instruments pour varier les morceaux et leur donner une dimension originale. Cette large palette d’instruments dont nous disposons permet ainsi de multiples variations de tonalités et de sensations.
 
 
 
 
K : On retrouve dans Nueit de Sabbat comme dans vos précédents albums la culture Pyrénéenne et par extension la culture occitane. Que représente pour vous cette culture et comment la vivez-vous dans votre quotidien ?
 
 
P.R : Comme tout un chacun qui vit avec sa culture, nous ne faisons pas exception à la règle. La culture étant tout un univers qui nous entoure, je prends ce qui m’intéresse et je reste (en tous cas, j’essaie) indifférent à ce que je n’aime pas. La culture occitane a une littérature, une langue, une musique, des choses insupportables comme toute autre culture… L’imaginaire m’intéresse beaucoup plus que la réalité quotidienne en tous cas dans l’approche de ma musique. Lire un conte occitan est aussi important pour moi qu’écouter Iron Maiden : je prends tout ce qui m’intéresse dans toutes les cultures et ne me focalise en aucune manière sur uniquement la culture occitane.
 
 
K : Stille Volk a réussi à créer un genre qui lui est propre dans le sens où les autres groupes développant des atmosphères aussi sombres sont des groupes de métal. Pour autant, y a-t-il des artistes (même hors musique) qui vous inspire ?
 
 P.R : Je lis beaucoup et regarde beaucoup de films à la télévision ou au cinéma donc évidemment, il en reste quelque chose dans mon esprit qui ressort un jour ou l’autre. Bien sûr, j’adore des livres comme Colline de Giono ou des films comme Le labyrinthe de Pan pour rester dans notre thématique et qui reflètent complètement ce que j’ai dans ma tête. Rien n’est plus plaisant que de voir à l’écran ou écrit dans un livre ou un conte  quelque chose qui est en moi et qui se matérialise exactement comme je l’imaginais  comme dans le fameux « Labyrinthe ».  Après, quantité de films ou de livres sans avoir de « dieu absolu » en matière d’art m’intéressent.
 
 
K : Vous êtes signés sur le label Holy records, un label qui produit et diffuse largement du métal. Comment vous vous êtes retrouvés sur ce label ?
 
P.R : J’étais en contact avec Holy à l’époque de mon ancien groupe de métal Eviternity dès 1992. Lorsque nous avons sorti notre 1ère démo avec Stille volk, celle-ci semblant être appréciée par nombre de métallistes, je l’ai envoyée à Holy par curiosité pour qu’ils la distribuent et ils ont été fans. Vu le nombre assez conséquent que nous avons vendu de notre 2ème, je pense qu’ils se sont aussi dits que  cela pouvait être intéressant financièrement. Il faut savoir aussi que dans les années 90 la scène acoustique « médiévalisant » était relativement importante notamment dans la scène black norvégienne (Storm, Ulver…). Je pense que nous avons profité de cet état de fait. De plus Holy avait déjà signé Elend, ce qui montre que ce n’était pas non plus un label uniquement basé sur le métal.  
 
 
 
K : Quels sont les projets de Stille Volk ? A-t-on une chance de voir une suite à votre projet de métal occitan Hantaoma ?
 
 
P.R : Pour l’instant on va tenter de trouver des concerts intéressants. Quant à Hantaoma, nous avons commencé à travailler sur le prochain album. Par contre rien n’est prévu sur une éventuelle date.
Adishatz.