Film de monstres post-apo., Sans un bruit démarre in media res après qu’une population de créatures a envahi la surface du globe, ou en tout cas les États-Unis. Les bestioles sont aveugles mais carnassières et véloces, et guidées par une acuité auditive extrême. Un cri, un mot trop haut, un objet qui tombe suffisent à les alerter. Dix secondes plus tard, vous êtes mort !

Pour affronter sous nos yeux une telle menace, les auteurs ont imaginé une famille de survivants communiquant entre eux sans parler, sachant utiliser la langue des signes (l’un des enfants est sourd-muet). D’où des dialogues non pas articulés mais signés ! C’est la principale originalité du film qui, pour s’adjuger l’adhésion du spectateur, mise tout sur l’empathie avec ces gens d’apparence très ordinaire, obligés de marcher à pas de loup et de contrôler le moindre geste pour ne pas provoquer l’inévitable. L’interprétation est très juste, les effets visuels efficaces avec des monstres dotés d’une véritable présence malgré leur nature numérique. Mais les plus beaux SPFX du monde ne peuvent pas grand-chose quand il s’agit de masquer les insuffisances du script : armé d’un stylo et d’un calepin, on peut s’amuser tout au long de la projection à recenser les invraisemblances criantes, les raccourcis commodes et autres illogismes servant à alimenter artificiellement le suspense. L’humanité a disparu, ce qui ne suffit pas à priver la petite famille d’eau courante et d’électricité. Les enfants se promènent à droite, à gauche, s’éloignent de la ferme familiale sans aucune surveillance alors que toute maladresse, chute ou autre, peut causer du bruit et donc leur perte. Et la liste serait très, très longue à reproduire ici. La mère de famille attend même un nouvel enfant, un choix étonnant étant donné le contexte apocalyptique, sans compter qu’un nourrisson, fatalement, rameutera les monstres au premier vagissement. Précisons enfin que ces créatures mystérieuses (leur origine n’est jamais établie) ont un point faible évident que pourtant seule une gamine sourde de 11 ans saura identifier, réussissant là où tous les scientifiques et autorités du monde ont visiblement échoué. Sans un bruit est le premier long métrage de John Krasinsky. Difficile d’admettre qu’un réalisateur (et coscénariste), même débutant, s’imagine pouvoir faire gober tout ça…

Dans les salles le 20 juin 2017.