« Dreamworks passe à la 3e dimension !» Diantre. Alors ça y est, la nouvelle révolution du 7e art est en marche, après le parlant et la couleur ? Apparemment oui. Toutefois, à y bien réfléchir, ça fait déjà un petit moment qu’elle a fait ses premiers pas, cette (r)évolution. Quasiment tout le monde peut aujourd’hui retrouver quelques souvenirs de lunettes stéréoscopiques plus ou moins évoluées (parc d’attraction, bonus spécial d’une édition dvd, voire diffusion directe à la télévision). Reste qu’au cinéma ça change tout de même de dimension. Attention cependant car les équipements nécessaires sont loin d’être accessibles partout ; et surtout : même si votre lieu de projection favori dispose de ces installations, cela n’est pas forcément le cas dans toutes ses salles. Or, le rythme de sortie des films en 3D est pour le moment supérieur à celui de la mise à niveau des salles. En attendant une réelle démocratisation (passons sur la majoration du prix), nous nous intéresserons uniquement au film, au delà de la technologie.
 
Monstres contre Aliens propose une intrigue simplissime (presque autant que Les Trois Royaumes par exemple) : un vilain de l’espace veut récupérer la plus puissante source d’énergie de l’univers, échouée par hasard sur Terre, et par extension prendre le contrôle de notre chère planète. Heureusement pour nous une fine équipe de gentils va tout faire pour l’en empêcher. L’avantage de ce genre de scénario est simple : il ne coupe pas le film d’animation de son public traditionnel, à savoir les familles avec enfants. On a pu remarquer depuis une dizaine d’années une évolution du genre, qui veut s’adresser de plus en plus aux adultes en multipliant notamment des références, parfois fines, que ne peuvent saisir les plus jeunes (Shrek marque ainsi un tournant). Si ces dernières existent toujours dans ce film, l’accent est surtout mis sur le spectacle visuel et les personnages. Une gigantomanie clairement assumée écrase ainsi les spectateurs, plus encore avec les lunettes bien sûr. Les personnages sont quant à eux très classiques, voulus avant tout comme attachants malgré leur « monstruosité » bien plus drôle qu’effrayante ou même simplement dérangeante. Le thème de la différence n’est d’ailleurs qu’effleuré : l’aspect psychologique n’est pas une priorité.
 
On retrouve avec Monstres contre Aliens un film d’animation familial ambitieux dans ses moyens sans pour autant aller trop loin dans le second degré. Malgré tout les adultes pourront quand même apprécier quelques touches d’humour un peu plus politisé, mais cela reste modéré (les scènes de réunion d’urgence du gouvernement américain sont quasiment les seules dans ce registre mais ne manquent pas de qualité dans leur genre pour autant). Un scénario aussi limpide que prévisible, des personnages attachants mais qui ne marqueront pas les mémoires, un humour simple et efficace saupoudré de quelques références plus matures : la recette est loin d’être exceptionnelle mais elle est équilibrée et relevée par une technologie maîtrisée qui ne veut pas trop en faire. Est-ce encore pour le moment par manque de moyens ou alors tout simplement pour réserver de meilleurs effets pour les années à venir ? Probablement un peu des deux.