Les Armes du Méta-Barons, c’est l’histoire d’un beau gâchis.
Avec la Caste des Méta-Barons, Jodorowsky entame une collaboration avec un dessinateur exceptionnel, Juan Gimenez. Mais son style flamboyant est au prix d’une production plus lente que la moyenne et vers le milieu de la série, des rumeurs circulent sur un changement de dessinateur. Un nom est avancé: Travis Charest. Un nom qui fait sourire, quand on sait qu’en matière de lenteur, Charest détrône largement Gimenez. L’artiste argentin fini finalement la série et Charest est annoncé sur sa suite, qui se concentrera exclusivement à Sans-nom, le dernier des Méta-Barons.
Mais jugé trop lent, Charest est débarqué alors qu’il n’a réalisé qu’une trentaine de planches. L’histoire est ramenée sur un unique tome (1) dont la fin est confiée à Janjetov (aussi dessinateur d’Avant L’Incal et des Technopères). Pour que la différence de style entre les deux dessinateurs ne choque pas trop, la partie dessinée par Charest est insérée dans l’histoire comme étant un rêve de Sans-nom, justifiant ainsi la variation.
Peine perdue : ce reformatage radical a vicié le volume, transformant l’histoire en un ensemble complètement incohérent et dénué d’enjeux. Il faut dire que dans la Caste, la suite de combats éperdus des Méta-Barons ne prend sens qu’avec l’implacable et inévitable poids de leur lignée. Débarrassé de celle ci (Sans-nom a pris le décision que la lignée disparaîtrait avec lui), ces combats n’ont plus de raison d’être – et l’histoire d’exister.
Reste le travail de Charest, une trentaine de planches absolument somptueuses. On ne peut qu’être frappé par le soin et la précision apportés par ce dessinateur à tous les aspects de sa planche, du design de l’univers au dessin de la case en passant par le découpage. Un travail remarquable et remarquablement adapté au style Jodo qui aurait pu donner un joyau du niveau des Méta-Barons, mais qui restera finalement condamné à l’oubli. Un beau gâchis, donc…
(1) Dernière minute : Dans le dossier de presse, les Humanoïdes Associés laissent entendre que ce volume pourrait finalement bien être le départ d’une nouvelle série. Affaire à suivre…