Voici donc Le Dernier Exorcisme, « le film le plus flippant de l’année » (selon la campagne de promo), après tout un arsenal de sites viraux, de bandes annonces, spots et autres « chatroulette » lancés pour annoncer la sortie en salles (voir ici l’ensemble des communiqués relatifs au film). Alors, le réalisateur Daniel Stamm nous embarque-t-il pour un éprouvant voyage sur les terres de la grande frousse ? Eh bien non, malheureusement. Faux documentaire, Le Dernier Exorcisme ne vaut guère mieux que le chiantissime Projet Blair Witch, titre initiateur du genre en 1998.

Le film ne démarre pourtant pas mal. Une équipe de télé accompagne Cotton Marcus, un pasteur de Louisiane, sur les lieux de son dernier exorcisme, une ferme paumée où les attend Louis Sweetzer, un père de famille persuadé que sa fille Nell est possédée par un démon. Le révérend n’est pas dupe, il sait très bien que les créatures de l’enfer n’existent que dans l’esprit des moins éduqués. La campagne, dit-il, regorge d’illettrés tout prêt à boire les paroles enflammées du premier prédicateur venu, et lui-même avoue en avoir fait son fond de commerce en menant par le bout du nez les ouailles crédules de sa congrégation. Le personnage est original et permet à Daniel Stamm de lancer des piques bien senties contre la bigoterie de mise un peu partout sur le territoire des Etats-Unis, même s’il enfonce pas mal de portes ouvertes (on sait depuis belle lurette que l’ignorance est le terreau de tous les extrémismes, religieux ou autres). Dans la ferme Sweetzer, l’ambiance se fait assez mystérieuse, grâce, notamment, à la jeune Nell, à la personnalité complexe, mélange intrigant d’intelligence et de candeur. Il semblerait qu’à la nuit tombée, l’adolescente s’en prenne aux bêtes de la ferme, égorgeant les vaches de son paternel sans en garder le moindre souvenir le jour revenu. Faut-il y voir vraiment un signe de possession ? Orpheline de mère, Nell ne souffrerait-elle pas plutôt de troubles psychologiques graves qui la pousseraient à ces actes de violence ?

Le Dernier Exorcisme n’est donc pas inintéressant à suivre, tout du moins jusqu’à un certain point, lorsque les scénaristes décident de s’engager sur le terrain très casse-gueule de l’ambiguïté. Les vingt dernières minutes, avec une mise en scène à la façon de l’Exorciste, viennent flanquer par terre la démonstration du début. Alors comme ça, Nell serait peut-être pour de bon possédée par un diable à la queue fourchue ? Une conclusion voulue spectaculaire mais qui ne convainc pas et tombe comme un cheveu sur la soupe. Au final, on n’a guère eu peur, et on songe à un autre film, Jesus Camp (2006) de Heidi Ewing et Rachel Grady, vrai documentaire celui-là, plongée édifiante dans l’univers des fondamentalistes chrétiens, où enfants comme adultes sont littéralement "possédés" par l’esprit divin. Et l’on se dit qu’en matière d’horreur, la réalité dépasse bien souvent la fiction. Si le sujet de l’obscurantisme religieux vous intéresse, et si vous cherchez vraiment à vous glacer les sangs, voyez plutôt ce film-là.