Ghost s’est imposé depuis le premier album Opus Eponymous (2010) comme l’une des sensations musicales de la décennie, et ce n’est pas le troisième LP des Suédois, Meliora, qui va démentir ce jugement. Non pas qu’il n’y ait, de par le monde, que des inconditionnels (beaucoup ne sont pas à l’aise avec le mélange des genres que pratique le groupe, à la croisée des chemins entre rock prog, rock psychédélique, pop et metal), mais on peut difficilement nier l’originalité de la démarche, du point de vue du son comme de l’esthétique, une dimension essentielle qui voit Ghost embrasser sans aucune retenue l’imagerie du cinéma d’horreur autant que celle des rituels occultes et pratiques satanistes. Dans Cirice, le conformisme de l’American way of life, blanche et chrétienne, se voit mis à mal par l’irruption en plein spectacle de fin d’année, dans une école catholique, de garnements qui détonnent fort méchamment avec le reste du programme (le groupe lui-même, dans une version enfantine). La séquence fait songer au finale de Mais ne nous délivrez pas du mal, long métrage de Joël Séria qui fit frémir de dégoût le culte catholique français lors de sa sortie en 1972. Quant aux paroles de From The Pinnacle To The Pit, elles nous résument la chute de Lucifer, du paradis jusqu’en enfer. Qu’importe : l’ange déchu « arbore son indépendance telle une couronne ». L’album Meliora est disponible depuis le 21 août.

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