L’Australien le plus célèbre depuis Crocodile Dundee porte le même prénom de Mick, il traîne aussi ses bottes dans l’outback et porte à la ceinture un couteau, un vrai. Le comédien John Jarratt, 62 piges, revient à l’écran charcuter les touristes imprudents qui s’aventurent sur le territoire de chasse de Mick Taylor, le tueur en série du bush. Grâce au premier Wolf Creek, en 2005, on connaît déjà l’oiseau, mais Greg McLean a pensé aux spectateurs qui vont découvrir le personnage avec ce nouveau volet : Wolf Creek 2 débute par un contrôle routier en plein désert au cours duquel on refait les présentations. Un tandem de « pigs » se risque à titiller la susceptibilité du type en l’accusant d’une infraction qu’il n’a même pas commise. Ça va barder !

Greg McLean peut se vanter d’avoir imaginé un personnage de croquemitaine effarant qui acquiert ici une envergure qu’il n’avait pas du tout dans le premier film. Taylor est un péquenot sadique, oui, il gagne son pain en chassant le cochon sauvage, mais il est loin, très loin d’être un imbécile. Dans la scène d’ouverture avec les flics, ceux-ci, arrogants, demandent au gaillard s’il sait lire. « Il m’arrive de buter sur les mots compliqués, mais je me débrouille », répond-il avec un ricanement ironique. Le salaud homicide est en réalité d’une intelligence redoutable, et il l’emploie à piéger, traquer, tuer tous ceux qu’il n’estime pas à leur place, soit les étrangers avec sacs à dos qui ont le culot de « venir chier dans son jardin ». Taylor est une image de xénophobie personnifiée, il commet les actes criminels que les racistes ordinaires ne font que fantasmer. McLean jette ces horreurs sur l’écran comme pour étaler en cinémascope le visage réel du fascisme. En ces temps où les listes d’extrême-droite séduisent un nombre croissant d’électeurs, le propos du cinéaste tombe à point nommé, et sa démarche est d’une efficacité implacable.

Évidemment, Wolf Creek 2 n’a pas vocation à s’imposer comme un film à message, c’est surtout un bon, et même un excellent thriller. Le « bogeyman » croise la route de touristes allemands, puis d’un Britannique qu’il va traquer lors d’une course-poursuite très longue mais sans temps mort. La tension n’empêche pas McLean de réserver quelques touches d’humour désopilantes, et le cinéaste ose également un clin d’œil inattendu à Duel, à la faveur d’une séquence où Taylor se glisse derrière le volant d’un poids lourd rugissant pour tourmenter sa proie. L’initiative est audacieuse, le film de Spielberg étant considéré par tout cinéphile comme un modèle de suspense et de mise en scène. Mais McLean ne démérite pas et sa réalisation se hisse à la hauteur du film-référence. Le face-à-face entre victime et bourreau culmine in fine dans la tanière du monstre, dont je ne dirai rien sinon que le décor contribue à faire basculer l’atmosphère jusque-là réaliste du métrage dans une tonalité beaucoup plus horrifique à la Rob Zombie. De bout en bout, de la belle ouvrage, à condition, bien sûr, de savoir encaisser les nombreuses séquences violentes du film, très sanglantes. Wolf Creek 2 est sorti dans les salles australiennes en février dernier, il est disponible en VOD aux États-Unis depuis le mois d’avril. Une diffusion au cinéma est également fixée en Allemagne au 19 juin. Pour la France, rien n’est encore annoncé…