À Cold Rock, bourgade minière en pleine décrépitude, les enfants disparaissent les uns après les autres sans laisser de trace. La police et le FBI sont impuissants à démasquer l’auteur des enlèvements, que la population surnomme le « Tall Man ». Un soir, la mystérieuse silhouette noire s’en prend au jeune David, le fils de l’infirmière Julia Denning…

C’est peu dire qu’on attendait avec impatience The Secret, troisième long métrage de Pascal Laugier, après les excellents Saint-Ange et Martyrs. Tourné en anglais au Canada, The Tall Man (le titre américain, qui a valu au film d’essuyer une volée de bois vert sur Internet de la part des fans de Phantasm de Don Coscarelli !) n’a pas grand chose en commun avec les précédents travaux du cinéaste. Ceux qui espéraient une sorte de Martyrs bis ultra-violent en seront pour leur frais. Tant pis pour eux, tant mieux pour tous les autres spectateurs qui vont découvrir avec l’esprit ouvert ce thriller magnifique. 

Le cadre de la petite ville étasunienne, où tout le monde se connaît, où l’on côtoie le shérif au comptoir du « diner », fait penser à certains récits de Stephen King, ceux que l’écrivain a situés à Castle Rock, patelin imaginaire du Maine où le mystère et le surnaturel prennent leurs quartiers (on songe également à Ça, puisqu’il est question de disparitions d’enfants). À Cold Rock, chacun se désespère de la situation économique. La mine a fermé, les chômeurs sont légion, il n’y a même plus d’école. Les rapts d’enfants ne font qu’ajouter à la désolation ambiante. L’héroïne de l’histoire, Julia, pourrait bien découvrir l’identité du criminel lorsque son fils est kidnappé à son tour. Alertée par des bruits en pleine nuit, l’infirmière surprend le « Tall Man » alors qu’il franchit le seuil de la maison l’enfant dans les bras. Elle se livre alors à une course-poursuite haletante où son courage, décuplé par l’instinct maternel, lui permet d’affronter moult épreuves. Jessica Biel livre ici une composition qui fera date dans sa filmographie. La star s’efface totalement derrière son personnage, et la douleur qu’elle fait passer dans son regard de femme meurtrie est un des grands atouts du film.

Et après ? L’histoire imaginée par Laugier n’a rien d’une banale chasse à l’homme aux péripéties prévisibles, linéaires. The Secret ménage dans sa deuxième moitié des retournements de situation que je vous mets au défi d’anticiper et qui tendent vers une conclusion totalement originale menant à un vrai débat. Je ne dévoilerai rien de plus, bien sûr, disons juste que le scénario, superbement écrit, nous emmène là où son point de départ plutôt classique avec « boogeyman » ne prépare pas du tout à aller. Le dénouement, qui aborde entre autres la question du sacrifice pour une cause que l’on estime juste, laisse partagé entre la peine et l’apaisement. Et on est en même temps heureux d’avoir été plongé dans cette histoire, qui n’a pas été imaginée simplement pour flanquer la trouille ou ouvrir le champ à une mise en scène spectaculaire. The Secret a du cœur et de l’esprit. Si vous êtes en quête du thriller de la rentrée, ou tout simplement d’un des meilleurs films de 2012, inutile de chercher plus loin.

Sortie dans les salles le 5 septembre 2012.