Des films de hantise, il y en a déjà eu des centaines, des milliers peut-être, alors lorsqu’on s’emploie à en réaliser un nouveau, mieux vaut réussir à allumer la petite étincelle qui fera que ledit film sortira un peu du lot et aura sa place dans une anthologie du genre. Mais ce n’est pas le cas, loin s’en faut, de ce pauvre The Door (« The Other Side of The Door » dans sa version originale, il ne faut pas le confondre avec The Door/Die Tür d’Anno Saul en 2010), bout-à-bout d’emprunts faits à une foultitude de titres. Le premier acte n’est pourtant pas trop mal : Maria, Américaine résidant en Inde, s’abîme dans le deuil de son jeune garçon, mort sous ses yeux impuissants dans un tragique accident de la route. Dépression, tentative de suicide… À l’insu de son mari, la pauvre maman finit par se rendre dans un antique temple hindou où la magie fait son œuvre et d’où elle pourra, peut-être, s’affranchir de la culpabilité qui la ronge en communiquant une dernière fois avec son enfant.

Le décor de Bombay et les nombreux figurants indiens apportent la touche exotique qui fait l’essentiel de l’originalité du film. Quoique… Maria est aiguillée vers le fameux temple par la dénommée Piki, servante du cru, au parfum de toutes les traditions folkloriques locales, jusqu’aux plus obscures. Une double figure-type de mentor discret et de confidente, déjà apparue au cinéma dans différentes variations (par exemple Mrs. Grose dans Les Innocents, Mercedes dans Le Labyrinthe de Pan, etc.). L’enfer étant pavé de bonnes intentions, les conseils de Piki conduiront hélas au « retour » d’Oliver, le garçonnet décédé, dans le foyer. Les premiers au courant seront, je vous le donne en mille, la petite sœur de cinq ans, nuitamment visitée, et le bon chien de maison, prompt à lancer des aboiements d‘alerte dès qu’il flaire la présence invisible.

Le film s’achemine vers une conclusion plutôt hâtive, au gré d’apparitions lassantes, de lieux communs et de « jump scares » totalement vains d’un strict point de vue narratif. Du cinoche de série, donc, habité, sinon d’un véritable esprit, par la présence convaincue et convaincante de Sarah Wayne Callies, jadis toubib complice des héros taulards de la série Prison Break. Sarah donne la réplique à Suchitra Pillai (dans le rôle de Piki), belle comédienne indienne, au regard magnétique, qu’il n’aurait pas été du tout choquant de voir tenir le rôle principal, bien au contraire. Mais c’est ainsi : dans le cinéma hollywoodien, il ne peut être de héros qu’américains.

Sorti dans les salles françaises le 1er juin 2016.