L’Amérique est une nation perdue frappée par une épidémie de vampirisme. Les villes ne sont plus que des cimetières et les survivants se rassemblent dans des petits villages. Un mystérieux voyageur, surnommé Mister, devenu un tueur de vampires chevronné, traverse le pays accompagné du jeune Martin, dont la famille vient d’être assassinée. Bientôt rejoints par une religieuse puis par une jeune femme enceinte, ils prennent la direction du Canada, « Nouvel Eden » selon les rumeurs…

Un dur de dur (mais avec un cœur tendre caché sous la couenne) qui prend sous son aile un ado orphelin et sillonne une Amérique devenue la proie des non-morts… Pour vous figurer Stake Land, vous n’avez qu’à imaginer l’excellente comédie horrifique Bienvenue à Zombieland, de Ruben Fleischer, mais dénuée du moindre trait d’humour ! Le film de Jim Mickle (co-écrit avec Nick Damici, l’interprète de Mister) s’inscrit comme une parabole sociale dans laquelle les États-Unis ont brutalement régressé au point de revenir au temps des pionniers. À sa manière, Stake Land est par conséquent un western, à ceci près que les bandes de desperados ou les tribus indiennes hostiles sont remplacées par des vampires (représentés tels qu’autrefois dans le folklore européen, à savoir comme des goules puantes sortant de leur tanière à la nuit tombée pour se nourrir des vivants).

Jim Mickle ambitionne de faire peur de deux manières : d’une part en mettant en scène les séquences inhérentes à ce genre de film (les attaques de vampires), d’autre part en dépeignant une Amérique privée de gouvernement où l’anarchie a laissé le champ libre aux milices et autres groupuscules chrétiens fondamentalistes. Un retour à des mœurs médiévales qui fait effectivement froid dans le dos. Outre les vampires, le Mal apparaît ainsi sous la forme d’un prédicateur cinglé, Jebedia Loven, qui va donner du fil à retordre à la bande de héros : Martin et Mister, donc, mais aussi Belle (la fille enceinte, jouée avec beaucoup de naturel par Danielle Harris) et « Sister », la bonne sœur, interprétée par une revenante, Kelly McGillis, à des années-lumière de Top Gun ! Pour qui se souvient de sa cascade de boucles blondes flottant au vent sur la moto de Tom Cruise, la revoir ici en religieuse, les cheveux courts et gris, fait tout de même un choc, d’autant que le scénario n’épargne guère son personnage.

Si les films de vampires ou de morts-vivants cool et fun ont votre préférence, il est entendu que Stake Land n’est pas pour vous. C’est un film dur, sérieux, souvent inconfortable et parfois ennuyeux (le rythme, soutenu par une bande originale très mélancolique, n’est pas des plus rapides). Certains pourront même y déceler une pointe de misogynie en constatant le manque d’égards des scénaristes pour leurs personnages féminins. Je regrette, pour ma part, que les auteurs se soient contentés d’un canevas de road-movie, un choix un peu trop commode, au lieu de faire l’effort de nouer une intrigue digne de ce nom. L’hypothèse d’un « nouvel Eden », territoire sans vampires (le Canada !), crée un petit suspense qui, hélas, clôt le film sur une note de frustration, la caméra abandonnant les survivants de l’aventure à la frontière. Ostie !

Dvd et blu-ray sont disponibles à la vente à partir d’aujourd’hui, 4 octobre (Aventi/Entertainment One).

Pour la promotion du film, le distributeur français a décidé de jouer à fond la carte « Zombieland » en sélectionnant cinq extraits présentés à la manière des fameuses « règles à suivre » du film de Ruben Fleischer. Un clin d’œil aux geeks, c’est sûr, mais aussi une manière de faire passer le film pour ce qu’il n’est pas…

En plus, « ail », ça ne s’écrit pas avec un tréma… Aïe aïe aïe ! Dernier bonus, un extrait gore avec une goule particulièrement hargneuse :