La meilleure scène de Pay the Ghost raconte, dans les premières minutes du film, la disparition d’un garçon de 7 ans en plein défilé d’Halloween dans une rue de New York. Mike, le père, lâche la main du petit Charlie quelques secondes à peine, le temps de régler un cornet de glace au marchand, et lorsqu’il se tourne à nouveau vers son fils, l’enfant n’est plus là. Il a beau appeler, jeter partout des regards affolés, il ne le reverra pas… Un véritable cauchemar, parmi les pires qui soient, la hantise de n’importe quel parent. C’est la fin d’une vie de famille, la fin d’un couple également (la mère, restée à la maison, ne pardonnera pas à son mari d’avoir failli dans son rôle protecteur), et le vertige du papa, qui sent le sol se dérober sous ses pieds, est rendu avec une grande efficacité.

La suite de l’histoire n’est hélas pas aussi forte, s’engageant avec maladresse dans la voie du conte fantastique : refusant d’admettre la perte de Charlie, Mike enquête sans relâche, et un an plus tard, trouve une piste — surnaturelle — qui remonte aux premières années de New York, lorsque les superstitions et la peur de la sorcellerie faisaient le quotidien des colons du Nouveau Monde. La quête des parents va les mettre face à un personnage qu’on pourrait croiser ailleurs, dans les contes traditionnels (par exemple Hansel et Gretel). Un héritage fantastique classique, européen, que le film peine à concilier avec les exigences du cinéma commercial américain (plusieurs scènes d’action à effets spéciaux tombent comme autant de cheveux sur la soupe et gâchent le mystère ; dans un registre semblable, Mamá d’Andres Muschietti, en 2013, s’avérait beaucoup plus équilibré et abouti). Difficile aussi d’être clément vis-à-vis du casting : Sarah Wayne Callies (Prison Break, The Walking Dead) est parfaite en mère éplorée, mais impossible d’en dire autant de la composition centrale de Nicolas Cage, lymphatique, dont le regard hébété et la lippe pendante ont du mal à nous tenir en haleine jusqu’au bout. Quant à la panouille de Steven McHattie, le Virgile de l’histoire, ridiculement grimé en clochard rasta et aveugle, elle est une autre source d’embarras pour le spectateur.

 

Pay the Ghost est sorti en septembre 2015 aux USA et fera partie des longs métrages à découvrir au 23ème Festival du Film fantastique de Gérardmer, du 27 au 31 janvier prochains. Toutes les infos et la liste complète des films sélectionnés sont à portée de clic sur le site officiel du festival.