Maddie, Lilly et Suzanne s’apprêtent à passer une nuit mémorable. Leur copine Angela a eu l’idée d’organiser une fête d’Halloween dans la villa Broussard, de sinistre réputation. Il y a plus de 80 ans, cette bâtisse abandonnée de la Nouvelle Orléans fut le théâtre d’événements étranges : six personnes disparurent sans laisser de trace, et la propriétaire, Evangeline Broussard, fut retrouvée décapitée. La soirée tourne vite au cauchemar pour la bande d’amis : prisonniers dans la villa, ils découvrent que des forces maléfiques y sont à l’œuvre et que des démons n’attendaient que la visite d’humains à posséder pour s’échapper des murs de la demeure maudite…

Une sortie qui s’est fait attendre et qui arrive directement au rayon dvd… Signé Adam Gierasch, ce remake de La Nuit des démons (1988) de Kevin S. Tenney n’a pas convaincu de distributeur pour une exploitation en salles. Rien de surprenant : Night of the Demons est un tout petit film qui, même s’il n’a pas l’aspect Z bricolé de son modèle, peine à justifier son existence et ses 10 millions de dollars de budget.

Tourné durant l’automne 2008, Night of the Demons a été écrit par le metteur en scène lui-même, Adam Gierasch, avec le concours de Jace Anderson, ce qui n’était pas vraiment de bon augure : les deux artistes se sont distingués en signant récemment des scénarios médiocres pour le compte de grands noms de l’épouvante, à savoir Mortuary (réalisé par Tobe Hooper) et La Terza Madre (de Dario Argento). Cela dit, Anderson et Gierasch sont aussi auteurs d’Autopsy (2005, mis en scène par Gierasch), nettement plus réussi que ce film-ci et sorti tardivement le mois dernier, également en dvd.

La première tare du film saute aux yeux : le cinéma US nous a depuis longtemps habitués à l’emploi de comédiens dans leurs twenties pour tenir des rôles de lycéens ; cette fois, ce sont des acteurs et actrices trentenaires que Gierasch a castés pour incarner la bande d’étudiants fêtards ! Je ne serai pas goujat au point de balancer les dates de naissance des dames, mais disons objectivement que Shannon Elizabeth (dans le rôle d’Angela, vue dans Thirteen Ghosts, Cursed), Monica Keena (Maddie) et Bobbi Sue Luther (alias Suzanne, aperçue dans la série Terminator: The Sarah Connors Chronicles, et dans le slasher Laid To Rest) seraient beaucoup plus crédibles dans d’autres rôles que dans ceux de jouvencelles grimées en pussycats pour Halloween. Pas impossible que Gierasch les ait sélectionnées pour leurs décolletés avantageux, généreusement exposés… La scream queen Linnea Quigley apparaît brièvement en début de film pour faire le trait d’union entre le métrage d’origine et ce remake, faisant la fofolle dans une robe rose bonbon similaire à celle qu’elle portait il y a 20 ans.

Pas évident, cependant, que les spectateurs français puissent se livrer à des comparaisons entre les deux titres, la première Nuit des démons n’ayant pas été distribuée dans l’Hexagone (le coffret de la trilogie trône en bonne place dans ma dvd-thèque perso, mais il s’agit d’une édition allemande !). Gierasch rend hommage à l’illustre modèle en mettant de nouveau en scène les séquences les plus marquantes imaginées jadis par Kevin Tenney (soit la scène du lipstick, la danse d’Angela, le baiser saphique entre cette dernière et Suzanne…). Pour le reste, Night of the Demons 2009 s’avère d’une banalité et d’une maladresse consternantes. Difficile, au 21ème siècle, de prendre au sérieux une histoire de possession et de démons griffus jouant à cache-cache avec les héros dans le huis clos d’une grande baraque. Le film est par ailleurs plombé par des passages dialogués absurdes (voir la séquence où Maddie relate l’histoire de Broussard Mansion à ses potes alors qu’elle découvre les infos en même temps qu’eux !) et par l’interprétation à côté de la plaque d’Edward Furlong, interprète de Colin, l’un des boys coincés dans la villa. Révélé en 1991 par son rôle de John Connor dans Terminator 2, Furlong a pris une drôle de bouteille et semble s’être forgé un vrai physique d’Américain moyen à grand renfort de triple burgers et de Budweiser. La moindre de ses répliques sonne faux, il a le regard perpétuellement ailleurs. Terrible.

Sortie du dvd le 23 novembre.