En janvier, nous avons pu (re)découvrir Le Feu de la sor’cière, premier tome de la saga de fantasy Les Bannis et les proscrits. Disponible depuis mars, voici la suite, où l’on se rend compte que l’épisode initial n’était en fin de compte qu’une plaisante entrée en matière. Elena la jeune « sor’cière » est désormais fixée sur sa nature de magicienne et sur sa quête, qu’elle ne va pas accomplir seule puisqu’elle est à présent accompagnée du groupe d’amis fidèles que le hasard ? le destin ? des arcanes prophétiques ? a réuni autour d’elle. Une troupe hétéroclite et attachante composée d’un guerrier manchot, d’un « el’phe », d’un ogre, d’un montagnard à gros bras, de deux métamorphes et d’une « niphai », Nee’lahn, dernière représentante de son peuple. Leur objectif : rallier la lointaine cité de Val’loa, où il s’agira de mettre la main sur le Grimoire sanglant, clé de la victoire contre l’horrible, le terrifiant Seigneur Noir…

Inutile de créer plus de mystère que le roman lui-même en contient, disons-le tout de go : Les Foudres de la sor’cière est un bouquin passionnant de bout en bout, impossible à lâcher sitôt qu’on se plonge aux côtés des héros dans le périple servant de trame à l’histoire. Une odyssée riche en périls, lesquels sont incarnés par des personnages également fantastiques, contrepoints négatifs parfaits au groupe de valeureux aventuriers. Le Seigneur Noir, une entité maléfique lointaine mais dont on sent constamment la présence, lance aux trousses d’Elena et des siens des figures de cauchemar aussi effrayantes que séduisantes pour l’esprit. Chaque étape du voyage présente une atmosphère particulière et un adversaire à la hauteur des enjeux, notamment Vira’ni, si joliment croquée en couverture, une « malgarde », esclave du Seigneur Noir dont le ventre sert de matrice à un cortège abominable de créatures gonflées de fluides venimeux. Littéralement épouvantable, cette idée de la maternité dévoyée est emblématique du style de James Clemens, qui gâte les lecteurs amateurs d’horreur : l’auteur ne s’avère jamais à court d’idées lorsqu’il se pique de rehausser son récit de détails affreux, sources d’images terribles qui viennent avec bonheur hanter nos imaginations. Clemens jette bien sûr d’autres ingrédients dans son chaudron littéraire : plusieurs passages enchantent par leurs descriptions poétiques, de nombreux nouveaux personnages, tous fascinants à divers égards (il y a même des dragons !), font leur apparition. Enfin les chapitres ayant pour cadre Val’loa, où est détenu Joach, le frère d’Elena, font défiler des pages pleines d’un suspense prenant au plus haut degré. N’en jetons pas plus, c’est un carton plein qui nous fait espérer le cœur battant l’arrivée du troisième volet.

En librairie depuis le 11 mars 2020.