Résumé :

Après la mort violente de son co-équipier Harry d’Amour a quitté la police  pour devenir détective privé ; se spécialisant dans des enquêtes où le surnaturel est bien présent.

Norma Paine, une amie de longue date, qui malgré sa cécité voit les fantômes, reçoit la visite de Carston Goode qui lui demande à parler à d’Amour.

Le détective, contre une substantielle somme d’argent qui épongera ses dettes et plus,  accepte de se rendre à la Nouvelle Orléans pour faire disparaître les objets magiques que « feu » Carston Goode a entreposés dans un pied à terre inconnu de sa veuve.

Sur place,  Harry trouve une boite de Lemarchand. Il l’ouvre bien malgré lui.

Sortant du passage qui s’ouvre à ce moment là entre la Terre et l’Enfer surgit Pinhead!

 

Notre avis :

C’est non sans une certaine impatience que j’attendais la parution de ce nouveau roman de Clive Barker.

Les évangiles écarlates  a pour base la rencontre de deux personnages distingués dans ces œuvres postérieures.

Le plus « passe partout »,  Harry d’Amour, apparait pour la première fois dans « La vie, la mort son œuvre » (Le tome 6 de la série  Livre de sang – 1985).

Harry D’Amour, le détective de l’étrange reviendra brièvement dans  Secret show  (1989), avant d’être incarné au grand écran par Scott Bakula  (« Le maître des illusions » – 1995) et de revenir comme protagoniste dans  Everville  (1994).

Le second, et plus remarquable, est sans aucun doute Pinhead , issu de la boîte de Lemarchand et de la nouvelle The hellbound heart  qui initia en 1987 une licence de films d’horreur (Hellraiser) qui propulsa Doug Bradley sur le devant de la scène.

Il a fallu attendre 20 ans pour que Bragelonne l’édite en France pour la première fois (traduction : Mélanie Fazi).

Bon an mal an, les neuf films intitulés Hellraiser (nous ne discuterons pas aussi de leurs qualités ou défauts) ont alimenté l’inconscient et étayé le personnage du leader des cénobites (à l’origine l’appellation d’un ordre monastique), qui n’est finalement que peu développé sur le papier.

Le prologue et les premiers chapitres où il apparait sont  infiniment « visuels », jouissifs,  pour les amateurs habitués aux  scènes où Pinhead apparait.

La suite du roman est une véritable découverte puisque Clive Barker,  reprend possession du « prêtre de l’enfer », une réappropriation dans la continuité de son œuvre, mais qui s’écarte de l’idée  que l’on a pu se faire de Pinhead au fil des films dont on sait que Barker a perdu le suivi.

Le Cénobite se lance dans une quête personnelle qui va nous amener à découvrir les arcanes de l’Enfer.

L’ensemble a un petit côté franchement métaphysique déroutant que le romancier britannique semble avoir du mal à dépasser, lui qui par le passé nous a offert des univers originaux foisonnant, on trouve sa plume ici quelque peu hésitante à explorer le royaume de Lucifer, et on lui reprocherait presque une vision  simpliste, trop  manichéenne, et un manque de développements.

Malgré quelques passages fulgurants : quand Barker s’inspire de Giger (Alien) dans ses descriptions  ou qu’il fait preuve d’une ironie mordante à faire se croiser ses personnages « atypiques » et un pasteur « en tournée » par exemple; les 360 pages des Evangiles écarlates  semblent insuffisantes à étancher notre soif de retrouver un des portes parole du splatterpunk, et laissent un goût d’inachevé.

Quoiqu’il en soit, il faut reconnaître que les éditions Bragelonne ont mis les bouchées doubles, puisqu’avant de nous proposer la réédition d’une bonne partie de l’œuvre de Clive Barker  (à commencer par Les livres de sang  avec des couvertures en cuir (dans la collection Stars), ils nous font un somptueux cadeau :  Les évangiles écarlates  est un superbe « livre-objet » comme l’éditeur en propose de plus en plus (cf Images).

 

Il y a encore de bons moments à venir avec Clive Barker, et on ne saurait que trop vous inviter à découvrir cet auteur injustement méconnu !