Cet été, les blockbusters ne sont pas que dans les salles mais aussi en librairie. J’en veux pour preuve ce tome inaugural d’une trilogie américaine action/SF signée d’un auteur au patronyme évocateur, A.G. Riddle (« riddle » comme « énigme », et il semblerait que ce soit son vrai nom), dont il s’agit du premier roman. Au départ créateur de start-ups sur le Net, Riddle publia son manuscrit en ligne en 2013, s’attirant vite des commentaires suffisamment nombreux et positifs pour décrocher un peu plus tard une publication US en format poche. Le Gène Atlantis arrive donc aujourd’hui en édition française nantie d’un bandeau rouge pétant signalant son statut de best-seller.

Une évidence s’impose, sitôt avalés les premiers chapitres : rédigé dans un style vif, habile mais sans recherche littéraire, l’ouvrage n’appuie pas ses fondations sur un héritage livresque, plutôt sur un vaste champ audiovisuel, entre TV et cinéma, d’où ressortent des influences qu’on n’a guère de mal à identifier (Riddle a notamment dû passer du temps devant 24 Heures chrono) : agent intègre d’une organisation antiterroriste, le héros de l’histoire, David Vale, a vent d’une conspiration à l’échelle mondiale menée par une société secrète et tentaculaire, les Immari, vieille de plusieurs millénaires. Les Immari mènent à travers la planète des fouilles archéologiques et des expériences génétiques dont l’issue pourrait signifier la fin du monde tel que nous le connaissons. Vale fait la connaissance d’une généticienne (du nom de Kate Warner — patronyme emprunté à un personnage de 24), et tous deux vont former un binôme increvable pour contrer les agissements occultes de la secte criminelle.

Pareille à une aventure d’Indiana Jones (un personnage d’ailleurs cité nommément au détour d’une page), l’intrigue nous fait voyager de l’Indonésie à l’Antarctique, du Tibet à la Chine en passant par Gibraltar, et elle nous balade aussi entre plusieurs époques. Pas moyen de s’ennuyer, donc, alors que nous passons d’un lieu à l’autre, et d’un groupe de personnages à l’autre : lorsqu’elle se détache de David et Kate, le duo-vedette, la plume de l’auteur s’emploie à narrer les agissements révoltants d’un dirigeant des Immari, le dénommé Dorian Sloane, jeune quadra séduisant, sûr de son fait et doublé d’un psychopathe aboyant ses ordres à un contingent de sous-fifres apeurés. Un méchant odieux, digne d’un adversaire de James Bond, dévoué à une cause funeste et donc impossible à racheter. Bien sûr, et quand bien même certains personnages jouent double voire triple jeu, le récit se contente d’être des plus binaires, misant beaucoup sur des révélations et autres coups de théâtre, dispensés à intervalles calculés, pour garder notre attention. Dans le genre techno-thriller à rebondissements, on est en droit de préférer d’autres titres (par exemple l’excellente trilogie BZRK de Michael Grant, parue il y a quelques années chez Gallimard), mais inutile de se montrer bégueule : dans la limite de ses ambitions de pur divertissement, Le Gène Atlantis est un roman bien fichu et qui, à coup sûr, attirera aussi du monde en salles lorsqu’arrivera l’adaptation au cinéma, d’ores et déjà dans les tuyaux.

Disponible en librairie à partir du 14 août 2019.