Encore une adaptation US ratée d’anime japonais ? Il est vrai que le concept, à lui seul, a de quoi faire grimacer les otakus déjà refroidis par des échecs comme Blood: The Last Vampire ou, pire encore, Dragonball Evolution. Vilipendé par la presse américaine au moment de sa sortie en salles l’été dernier, Kite de Ralph Ziman vaut quand même mieux que sa piètre réputation.

En attendant de découvrir, dans un avenir encore incertain, la version live de Gunm: Battle Angel Alita produite par James Cameron, voici donc Kite, que devait tourner initialement David R. Ellis (Des Serpents dans l’avion). À la surprise générale, Ellis fut retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel en Afrique du Sud alors que le film venait d’entrer en pré-production, début 2013. Un réalisateur du cru, Ralph Ziman, l’a remplacé derrière la caméra.

L’OAV d’origine — une minisérie de 2×25’ — bénéficie d’une aura particulière chez les amateurs. Signé Yasuomi Umetsu, A Kaito (ou Domination Nakite à l’international) est un hentai proscrit dans plusieurs pays à cause de scènes de pédophilie dans lesquelles l’héroïne Sawa, une ado traumatisée par l’assassinat de ses parents, passe par le lit de son mentor Akai, un flic ténébreux qui l’assiste secrètement dans sa vendetta contre la mafia. Quand il ne sort pas son flingue dans les séquences d’action, le type dégaine un chibre aux dimensions chevalines pour s’envoyer la nymphette en socquettes blanches ! Ici, Samuel L. Jackson endosse le rôle du condé (rebaptisé Karl Aker) et garde bien sûr ses vêtements pour seconder India Eisley (Underworld: Awakening), qui joue Sawa. Purgée de ses parenthèses pornos, l’intrigue ne change pas : Sawa remonte la filière d’un trafic d’êtres humains jusqu’à un invisible big boss surnommé l’Émir, commanditaire du meurtre de ses parents.

Plusieurs séquences de Domination Nakite sont reprises telles quelles (voir la scène d’ouverture dans l’ascenseur, en extrait au bas de cette page), ainsi que des gadgets meurtriers utilisés par Sawa, mais à la différence de l’OAV, Kite se déroule dans un futur post-apo. qui a vu l’effondrement des gouvernements et des systèmes financiers, et où la police, gangrénée par la corruption, est impuissante à juguler le crime. L’argument science-fictionnel permet de justifier un minimum le caractère increvable de l’héroïne face aux salauds surarmés : Sawa obtient de son protecteur Aker une drogue nouvelle qui supprime ses inhibitions et la change en clone de Nikita (l’héroïne de Luc Besson). Non sans effets secondaires : chaque injection efface une partie de sa mémoire et la plonge dans les vapes pour une durée indéterminée, ce qui nous renvoie au caractère sulfureux de l’anime (Aker joue au gentil flic, mais il a quand même l’air louche — allez savoir ce qu’il s’autorise une fois la fille endormie !). Quand elle recouvre ses esprits, Sawa n’a aucun souvenir de ce qui a pu se passer et son potentiel physique décuplé ouvre le champ à des séquences de baston/infiltration qui, si elles pompent le style des productions Besson (on en revient à Nikita), n’en restent pas moins efficaces.

Pas de quoi crier au scandale, donc, ni même au navet. Le scénario, c’est sûr, n’est rien moins qu’immature, et la trame simpliste à base de vengeance tient plus du canevas que d’une véritable intrigue. Mais contrairement à de nombreux critiques US, je ne me suis pas ennuyé devant ce spectacle à l’esprit très comic, visuellement stimulant et mené par une actrice parfaitement crédible lorsqu’il s’agit d’exécuter les fumiers façon shoot’em up, avec un flingue, une lame ou même un vibromasseur !

Inédit dans nos salles françaises, Kite est disponible depuis le 2 octobre en Allemagne en DVD et blu-ray.