Vous venez souvent roder dans nos pages cinéma et vous habitez Paris ? Alors vous compterez, à n’en pas douter, parmi les spectateurs de l’Étrange Festival, dont la dix-neuvième édition se tiendra du 5 au 15 septembre au Forum des Images, dans le 1er arrondissement de la capitale. Pas mal de découvertes bizarroïdes seront une nouvelle fois au programme, dont Frankenstein’s Army, le film qui nous intéresse ici.

Nous sommes à la fin de la seconde guerre mondiale dans un bout de campagne allemande sillonné par un détachement d’éclaireurs de l’Armée rouge. Les gars captent un S.O.S. venant d’une autre section soviétique, coincée dans un village minier non loin de là. La petite bande de soldats file à la rescousse des tovaritch en détresse, mais sur place, aucune trace de bidasses russes… Sergueï, Dimitri, Sacha et les autres sont tombés dans un piège. Ils seront bientôt entre les griffes d’un scientifique nazi mandaté par Hitler pour concevoir une armée increvable de soldats-zombies !

On doit cette production modeste tournée en République Tchèque au Hollandais Richard Raaphorst, jusqu’ici auteur de courts métrages et surtout excellent dessinateur et « visual artist » de talent (il a collaboré à plusieurs productions de premier plan telles que Fragile de Jaume Balaguero et Black Book de Paul Verhoeven). Si l’on va faire un petit tour sur le site officiel du bonhomme, on n’a guère de mal à deviner sa motivation pour mettre en scène cette histoire délirante : le projet du film est né de croquis de facture macabre fort séduisante représentant les fameux trouffions-zombies assemblés par le médecin fou. Petit-fils de Viktor Frankenstein (eh oui, Mary Shelley n’aurait finalement rien inventé !), le barjot ne se contente pas de coudre ensemble des morceaux de cadavres mais profite de son habileté avec ses scalpels pour greffer toutes sortes d’appendices mortels — pinces géantes, scies, lames…— à ses morts-vivants. L’inventivité de Raaphorst se concrétise à l’écran par une bonne cinquantaine de « zombots » très agressifs affichant des morphologies horribles dont l’extravagance va crescendo.

Chaque apparition d’un nouveau spécimen de monstre au détour d’un couloir (façon Resident Evil ou Silent Hill) est source de surprise, mais c’est aussi, hélas, le seul facteur d’intérêt qu’on peut trouver au film. À la lecture du pitch ci-dessus, vous aurez reconnu le point de départ d’Alien de Ridley Scott, que le réalisateur-scénariste a repris tel quel, paresseusement. Une fainéantise qu’on retrouve à presque tous les niveaux : le scénario ne raconte pas grand chose, et histoire de ne pas s’encombrer avec des détails de mise en scène, Raaphorst s’est retranché derrière un parti pris de « found footage » complètement absurde, l’aventure étant cadrée par un des soldats russes. Le gars filme ses camarades en continu, avec prise de son directe par-dessus le marché, ce qui tient du pur anachronisme. L’image est d’une laideur rebutante, tout comme les décors où déambulent les personnages (des sous-sols et hangars de friches industrielles investis tels quels par l’équipe de tournage). Des atours de série Z qui rendent la projection globalement pénible. Dommage, vraiment, car les créatures de cauchemar qui hantent le film — et qui auront monopolisé toute la créativité du cinéaste — auraient mérité un autre traitement.

Frankenstein’s Army sera projeté à l’Étrange Festival le samedi 7 septembre 2013 à 21h45 et le mercredi 11 à 16h15. Il sera disponible en dvd et blu-ray à partir de décembre (Wild Side Vidéo).