Dom DufF débute sa carrière de guitariste et chanteur dans le groupe Diwall, qu’il a fondé en 1995, avant de se lancer en solo. Il chante ses compositions personnelles en breton dans un style original tout en énergie et en émotion qui lui valent d’être désormais une figure de la scène musicale bretonne.

Khimaira : Quel est votre parcours musical?
Dom DufF : J’ai commencé par jouer de la guitare à mon adolescence. Rapidement, j’ai rejoint des groupes amateurs qui jouaient de la musique bretonne en Fest-Noz (nuits de danse en Bretagne). J’ai pratiqué l’instrument très longtemps en amateur.
En 1995, j’ai créé un groupe qui s’appelait Diwall (cela signifie « attention » en breton) avec mon ami bassiste Dom Bott. Nous avons joué en professionnels dès le départ. Le répertoire était constitué de compositions, mais toutes orientées pour la musique à danser.
C’est en 2000 que j’ai commencé à chanter mes propres compositions en breton. J’ai été invité au Pays de Galles dans le cadre d’une tournée d’artistes chantant dans leur langue et ça a été le déclencheur de ma carrière solo.
 
K : Quelles sont vos influences musicales ?
DD : J’ai été baigné dans le rock et la pop des années 70 (Led Zep, Who, Neil Young…) mais aussi et surtout Alan Stivell, qui a fait beaucoup pour diffuser notre culture bretonne.
 
K : Quelles sont vos autres influences artistiques, en général, et liées au domaine de l’imaginaire en particulier ?
DD : Je suis influencé particulièrement par ma langue bretonne qui utilise beaucoup d’imaginaire. Les légendes, croyances bretonnes ont baignées ma jeunesse aussi. Ainsi que les rites celtes qui subsistent en Bretagne (kalañ Goanv qui est fin octobre, Kalan Anv est la calende d’été, etc.) ; ce n’est que tard, je me suis aperçu que ces moments de l’année que nous vivions le plus naturellement du monde étaient repris dans bon nombre de cultures. Je crois que cet imaginaire est présent en moi, mon éducation a été rurale et de bord de mer; naturellement elle est présente au quotidien. Les cultures urbaines, je pense, ne découvrent cet imaginaire qu’au travers des livres, films, etc. Je ne suis pas sûr qu’il fasse partie d’un quotidien citadin.
 
K : Le titre de votre site affiche «Dom DufF – Pagan Folk». Comment définissez-vous ce Pagan Folk?
DD : J’ai choisi cette appellation, car la région d’où je viens s’appelle « Pays Pagan » sur la côte extrême nord-ouest de Bretagne. Je ne voulais pas que ma musique soit classée «musique traditionnelle», car ce que je fais est actuel; d’où ce choix personnalisé. De plus, il véhicule mon univers à la fois rebelle et le côté acoustique de ma musique en solo ou en groupe.
 
K : Quels sont les thèmes de prédilection de vos chansons?
DD : Comme tout un chacun, ils parlent d’amour, d’histoires de personnages que je m’invente avec toujours une référence au vécu. Je travaille un texte suite à une rencontre avec des GIs américains au Shannon airport en Irlande; ils revenaient d’Irak et je me suis trouvé au milieu de ce groupe qui me paraissait hagard. Quelques chansons dénoncent aussi les maux de notre époque (nucléaire, oppression…)
J’aime beaucoup le surréalisme dans certains textes (Laouen, Son Farv…)
 
K : Comment vos chansons sont-elles accueillies en concert ?

DD : Le public est réceptif en Bretagne et en Europe; j’avoue qu’il est plus délicat de me produire en France, car la langue bretonne dérange. Nous représentons une sorte de résistance à préserver notre identité. Surtout par les temps qui courrent où le débat public d’identité est malmené et utilisé à tort et à travers.
Mais j’accorde beaucoup d’importance à mes musiques percussives ou mélodiques. La langue ne reste que le prétexte à m’exprimer; j’oublie assez vite le côté militant de ma culture, car cela peut devenir pesant, même si je dois avouer que je suis souvent amené à me justifier, car je chante en breton.
 
K : Comment avez-vous développé votre façon de chanter si unique ?
DD : En réalité je ne travaille jamais ma voix et j’ai aussi du mal à m’écouter chanter, mais ça doit vous faire sourire cette réflexion, non ? Je m’appuie sur le rythme des syllabes et des mots essentiellement.
Votre question m’étonne et me conforte : il est vrai que j’aime les voix brutes, naturelles, qui reflètent les personnes. J’ai toujours été dubitatif quant au qualificatif de «belle voix». J’adore les voix de Kevin Coyne, Robert Plant, Jeoffrey Oryema, Baaba Maal, Luka Bloom, Declan de Barra, Peter Gabriel, et la liste pourrait s’allonger.
 
K : Qui sont les musiciens qui vous accompagnent habituellement?
DD : Depuis cette année, je me suis entouré de :
Nicola Hayes : violon
Dom Bott : basse
Mourad Ait Abdelmalek : batterie, percussions
David Seité : occasionnellement aux percussions.
 
K : Avec qui avez-vous déjà joué?
DD : Dans les années 80, j’ai eu l’occasion de jouer pour une série de concerts avec le chanteur kabyle Idir. J’en garde un merveilleux souvenir. Pascal Lamour m’a accompagné pendant 8 ans. Ronan O’Snodaigh (chanteur de Kila) a joué aussi avec moi et nous avons même coécrit un titre (Se si hi eo). Je joue en duo avec le chanteur gallois Andy Jones de Swansea.
J’ai également participé au dernier album Emerald d’Alan Stivell et je chante aux côtés de Gilles Servat, Louise Ebrel dans un spectacle du bagad Roñsed Mor.
 
K : Parlez-nous de vos projets, à court terme et à long terme.
DD : Je prépare mon quatrième album studio avec les musiciens cités plus haut. Il sortira en mai et s’appellera Roc’h, qui signifie «Roche».
J’ai aussi un projet d’album avec Andy Jones. Je dois aussi coécrire deux-trois chansons avec le groupe Kila, mais eux comme moi, sommes occupés et j’avoue que nous n’avançons pas sur ce projet. J’espère que pour la fin de l’année nous prendrons le moment de le faire.

Discographie :
Straed an Amann 2003 BNC/Coop Breizh
Lagan 2005 BNC/Coop Breizh
[e-unan] 2008 BNC/Coop Breizh

Site web de Dom DufF