En l’an 3006, les guerres, la pollution, les inégalités, tous les problèmes que nous connaissons aujourd’hui appartiennent à l’Histoire. L’humanité vit en paix et en harmonie avec elle-même et son environnement. Alors tout est pour le mieux ? Eh non : personne ne s’en rend compte mais sous le vernis lisse des apparences, rien ne va. Tous connectés les uns aux autres grâce à une puce cérébrale permettant la communication par télépathie, les humains n’ouvrent plus la bouche pour se parler, ils ne se touchent plus, ils vaquent aux tâches quotidiennes qui leur sont assignées sans jamais remettre en question le bien-fondé de leur mode de vie, digne de celui d’automates vivants. Lyah, à 21 ans, s’apprête à devenir adulte, c’est-à-dire à entamer une vie de couple avec le partenaire qui lui aura été désigné, et à travailler « pour le bien de tous » dans un domaine imposé. Mais la jeune femme jouit d’une faculté singulière qui a déjà fait quelques fois sourciller ses parents, et qui s’avère bien plus cruciale que la télépathie : la capacité à cultiver son libre-arbitre.

Jeune auteure française de 30 ans, Luna Joice a inscrit ce récit au prix Fyctia de l’Imaginaire, sur le thème « Le futur n’est plus ce qu’il était », parrainé par Bernard Werber. Accessible intégralement en ligne sur le site web du concours, Community a remporté la victoire, ce qui vaut au texte d’être aujourd’hui publié en édition brochée par Hugo Roman. L’histoire racontée par Luna s’inscrit dans la continuité d’une longue série de dystopies littéraires, parmi lesquelles on peut citer d’illustres titres tels que les incontournables Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, 1984 de George Orwell, Farenheit 451 de Ray Bradbury… ou encore Divergente de Veronica Roth et Harmony de Satoshi Ito, adapté en 2016 en long métrage d’animation. Community dépeint un régime de dictature scientifique pérennisé depuis des siècles par une « élite » de quelques milliers de chercheurs, à qui l’héroïne et narratrice va mettre quelques bâtons dans les roues. Lyah va de découverte en découverte, et celles-ci effraient d’autant plus qu’elles semblent plausibles, l’appauvrissement culturel, les innovations technologiques invasives — ainsi que la défiance vis-à-vis des autorités de santé — faisant déjà partie de notre quotidien. Un bon roman, le premier de science-fiction de son auteure, peut-être un peu court, mais imaginatif, prenant, à l’écriture fluide et riche en suspense. Community fait s’accélérer le rythme cardiaque de tout lecteur amoureux de sa liberté et ayant fait son cheval de bataille du rejet des normes imposées.

En librairie depuis le 3 septembre 2020. Lire également le texte de notre interview avec Luna Joice !