« Je fais de la musique underground », prévient la jolie voix. Circé Deslandes a posté une vidéo épileptique sur son site web (lien en bas de page), où des flashes riches de symboles avertissent le visiteur égaré de la nature de l’antre où il est tombé. Les crépitations visuelles impriment, furtivement mais sûrement, les rétines comme l’esprit : un sphynx tête de mort, l’Origine du monde, une bouche grande ouverte garnie de crocs, le visage de la maîtresse des lieux surmonté du croissant d’une lune rouge figurant une paire de cornes écarlates… Tiens, la silhouette d’un cadavre d’oiseau ne nous est pas étrangère (sommes-nous chez Death Records ?), et les apparitions partielles ou entières de corps nus, peints, photographiés, sculptés, parfois suppliciés, promettent des expériences rares, où les voluptés les plus lascives basculent en un clin d’œil dans l’effroi du cauchemar. Bienvenue chez Circé, un prénom à faire hurler de terreur tous les fantômes des compagnons d’Ulysse, mais aussi les âmes prudes et prudentes, qui ne sauraient souffrir la compagnie d’une sorcière.

Musicienne, parolière, interprète, Circé s’apprête à dévoiler son album Femme Louve. L’envoûteuse n’en est pas à son coup d’essai, son premier opus, Œstrogenèse, est sorti en 2015, réalisé par Kid Loco. Femme Louve s’ouvrira avec le titre ci-dessus, déclaration d’allégeance à Lilith, la première femme selon la tradition kabbalistique, la rivale d’Ève, l’instigatrice des amours illégitimes. La louve n’est donc pas que romaine et nourricière, canis lupus est aussi synonyme de sauvagerie et de débauche, et ce n’est pas le Petit Chaperon rouge qui viendra nous contredire. La track-list de l’album (que nous avons eu le privilège d’écouter en intégralité) renfermera d’autres instants privilégiés pour les amateurs à la fois de pop synthétique et d’instants impudiques : Je suis morte nous fait imaginer un beau cadavre alangui sur le carrelage d’une salle de bain ; Mon exquis célèbre à sa façon des amours défuntes, sinon nécrophiles ; à la manière d’une douche glacée, C’est en marche éteint (provisoirement) nos ardeurs en prophétisant la fin de tout ce qui est et ne sera jamais plus… Ajoutons, pour qui est déjà au fait des hardiesses de la magicienne, que Ta Bite, tiré(e) du premier album, subit dans Femme Louve un habile remix « 2.0 » qui lui insuffle un regain de vigueur. Autant de poèmes scandaleux susurrés d’une voix d’écolière, mis en ambiance et en musique, dont Baudelaire aurait sans aucun doute aimé se régaler, un verre d’absinthe à la main. Abandonnez toute entrave, vous qui entrez, laissez-vous aller sur le rivage de Circé… Femme Louve (réalisé par Mathieu Calmelet, également complice sur scène de la chanteuse) sera disponible à compter du 19 mai.

Site officiel de Circé Deslandes

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