Bonjour à toutes et à tous !

Aujourd’hui, Khimaira rencontre Anaïs CROS, romancière talentueuse au seuil d’un tournant dans sa vie littéraire. Nouveau site, nouvelles parutions, nouveau statut, bref, allons questionner directement l’autrice…

Khimaira : Bonjour, Anaïs CROS, et merci pour votre accueil chaleureux en Alsace.

Anaïs CROS : Bonjour et merci à vous pour cette interview ! En Alsace, nous aimons que nos hôtes se sentent à l’aise et choyés. Une petite bière avant de commencer ?

K : Pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas encore, commençons par quelques mots sur vous, si vous le voulez bien :

A.C. : J’ai grandi près de Strasbourg, j’y vis toujours et je vais tranquillement sur mes quarante ans en savourant les charmes de la région. Je suis une lectrice acharnée depuis mon plus jeune âge et j’ai commencé à écrire quasiment dans la foulée. En tant que lectrice j’aime tous les genres et je dois mes premiers émois littéraires autant à Victor Hugo qu’à Stephen King, Proust, Salman Rushdie ou Conan Doyle. En tant qu’autrice je suis plutôt attirée par le fantastique ou la fantasy. D’ailleurs mes romans publiés appartiennent tous à ces genres, à commencer par ma série de fantasy « Les Lunes de Sang », qui m’a permis de démarrer dans l’édition, et qui a été suivie par un roman fantastique très sombre, presque d’horreur, « La Mer des Songes », puis par un roman de fantasy urbaine, « L’eau du Léthé », qui démarre une nouvelle série, et, enfin, par mon premier roman autoédité, « Maudit », une histoire de loups-garous et de rédemption.

K : Certains internautes se souviennent sans doute de votre première série de romans, « Les Lunes de Sang », qui a connu plusieurs éditions. Est-il facile pour un auteur de rebondir après autant de faillites de maison d’édition ?

A.C. : Honnêtement non, c’est plutôt difficile. Avec « Les Lunes de Sang », j’avais fini par en arriver à un stade où je ne supportais plus d’entendre parler de ces livres. La série compte six romans. Le premier a été publié, puis il y a eu une première mise à l’arrêt. Une autre maison d’éditions l’a repris, a publié les quatre premiers volumes et nouvelle mise à l’arrêt. J’avoue qu’à ce stade-là j’avais plus ou moins renoncé à ce que les deux derniers tomes paraissent. Mais grâce à Michel Borderie, l’illustrateur de la deuxième édition qui croyait en ce projet, la série a pu être reprise chez un troisième éditeur et, enfin, publiée en intégralité. Et avec des illustrations bonus de Michel Borderie en guise de cerise sur le gâteau ! Le processus a été très long et éprouvant pour moi, mais il m’aura au moins appris à me détacher de mes livres une fois qu’ils sont publiés. Ce sont mes « bébés » tant qu’ils sont dans mon giron, au fil de l’écriture, mais une fois qu’ils sont édités, je coupe le cordon sans états d’âme.

K : Après ces années de hauts et de bas littéraires, vous tournez la page, si l’on peut dire, pour devenir « indépendante ». Qu’est-ce qui vous a conduit (et décidé) pour franchir le pas ?

A.C. : C’est quelque chose que je rêve de faire depuis toujours. Dès le collège, je savais que je voulais être écrivain, que c’était ma voie et je n’ai fait d’autres études que parce que ça me semblait plus raisonnable de miser d’abord sur un « vrai » métier (sous-entendu : un métier avec des revenus assurés) et de garder l’écriture en bonus. C’est ce que j’ai fait pendant des années, mais tous mes jobs m’ont toujours énormément pesé, j’écrivais de moins en moins et 2020 avec ses circonstances particulières n’a fait qu’empirer cette sensation d’étouffement sur le plan professionnel. J’ai fini par prendre conscience que je ne pouvais pas éternellement m’imposer des choses qui me coupaient de ce que je voulais vraiment faire. Et il se trouve que les circonstances sur le plan personnel et financier m’autorisaient à prendre quelques risques, alors voilà, je me suis lancée.

K : Concernant votre nouveau statut. Qu’est-ce que cela va changer pour vos lecteurs et pour vous-même ?

A.C. : En ce qui me concerne, ça change tout : désormais l’écriture est au centre de mon quotidien, comme je l’ai toujours souhaité, au lieu de n’être qu’un petit plaisir de temps en temps. Je vais continuer à travailler avec des éditeurs, parce que c’est une approche qui reste intéressante, mais le fait de tâter également de l’autoédition va me permettre de sortir plus de livres et dans des délais plus courts. Les plannings d’édition classique obligent à réfléchir sur deux ou trois ans, c’est très long. Avec l’autoédition, mon rythme de publication ne tient qu’à moi et c’est une chose que j’apprécie beaucoup. Bien sûr, cela me demande plus de rigueur pour proposer des ouvrages tout aussi qualitatifs, mais ce n’est pas quelque chose qui me paraît insurmontable. Pour mes lecteurs, cela signifiera plus de livres à découvrir, mais aussi beaucoup plus de disponibilité de ma part pour des rencontres, des dédicaces, des interviews et toutes sortes d’évènements.

K : Votre nouveau site (https://anaiscros.fr) est en ligne depuis peu, avez-vous déjà des retours de lecteurs ? Vous proposez surtout des romans au format numérique, un choix définitif ?

A.C. : Pour le moment le site démarre doucement et je n’ai pas encore eu de retours. J’espère pouvoir mettre vraiment les choses en train cette année et attirer plus de monde. Concernant le numérique, c’est un choix qui est surtout lié à mes contraintes financières, donc non, ce n’est pas un choix définitif. D’ailleurs je propose également une partie de mes publications sur Amazon, où il est possible de commander les livres en version papier. Le numérique a l’avantage de permettre de proposer des livres à très bas prix pour un coût de fabrication quasi nul, le tout sans toucher à la qualité de l’ouvrage. Ça me paraissait un bon compromis pour démarrer, mais je reste très attachée au livre papier et je proposerai les deux formats dès que ce sera possible pour moi.

K : Comment faites-vous le choix entre les livres que vous publiez en autoédition et ceux que vous proposez en édition classique ? 

A.C. : Pour démarrer, j’ai choisi de publier en autoédition essentiellement mes romans « one-shot », des livres indépendants qui ne s’inscrivent pas dans des séries. C’est le cas pour « La Mer des Songes », un roman qui a déjà été publié en édition classique et n’est plus disponible (lui aussi pour cause de faillite d’éditeur…), mais aussi pour « Maudit », un roman fantastique qui explore le thème des loups-garous. J’ai également autoédité une sorte de court roman bonus pour les fans de « L’eau du Léthé ». J’ai fait le choix de l’autoédition pour ce dernier, parce que son format très court en fait un livre peu adapté pour l’édition classique et puis ça fait une sorte de clin d’œil aux lecteurs qui visiteront mon site. Dans un autre registre, j’ai terminé récemment un roman d’enquêtes/aventures qui a le potentiel pour démarrer une nouvelle série et je vais le proposer à des éditeurs plutôt que de l’autoéditer. Pour le moment je pense rester sur cette politique, mais il n’est pas impossible que les choses évoluent au fil du temps, selon les réactions des lecteurs.

K : Votre site n’inclut pas seulement du contenu littéraire puisque l’on y trouve aussi des recettes de cuisine, des musiques d’ambiance, et même des interviews d’autres auteurs. Alors, site, blog, point de rencontre… ?

A.C. : Eh bien, il y a et il y aura encore un peu tout ça sur mon site ! Je pense que les lecteurs sont à la recherche de contenu varié autour des livres qu’ils ont aimés, de découvertes, de surprises, de bonus. La majeure partie du site et la boutique sont consacrées à mes livres, mais j’ai voulu également utiliser la vitrine du blog pour parler d’autres choses que de moi. Partager mes lectures, présenter d’autres artistes, susciter la curiosité et l’envie de découverte… Et pour les recettes, je suis gourmande dans l’âme et je cuisine beaucoup, alors autant en faire profiter les autres !

K : Les Alsaciens ont pu venir vous rencontrer pour une séance de dédicaces en décembre 2020 à l’Espace Culturel du Leclerc de Sélestat (67), un bon moment de rencontres malgré la crise sanitaire ?

A.C. : J’avoue que j’avais un peu peur pour cette première dédicace « covid ». Je craignais surtout que le masque rende le contact plus difficile, mais au final je n’ai pas constaté de différence très marquée. Si vous arrivez à accrocher le regard des gens et que vous vous montrez aimable, le dialogue s’engage tout de même. Les séances de dédicaces qui ont lieu juste avant Noël restent un peu particulières, puisque c’est souvent l’aspect cadeau potentiel d’un livre dédicacé qui attire, mais le moment était sympathique malgré tout et je suis très contente d’avoir pu participer à cet évènement !

K : En parlant des Terres de l’Est, votre autre série de romans, Le Peuple Invisible, se déroule en Alsace. Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?

A.C. : C’est un choix qui s’est fait assez naturellement. Pourquoi placer ses livres dans des endroits à l’autre bout du monde (ce qui nécessite une somme de recherches faramineuse) alors qu’on peut utiliser des lieux que l’on connait bien et que l’on peut facilement revisiter ? Et puis l’Alsace est une région très riche, autant sur le plan historique que sur celui du folklore, deux aspects que j’avais très envie d’explorer et de mettre en valeur. Avec à chaque fois deux histoires parallèles (une qui se déroule à notre époque et l’autre dans le passé), les romans de la série du « Peuple Invisible » me permettent d’apprendre énormément de choses et de partager ces découvertes avec mes lecteurs. Libre ensuite à eux de venir visiter la région et de se balader dans les lieux évoqués par les romans !

K : Vous avez annoncé que le deuxième tome de la série « Le Peuple Invisible » paraîtrait à l’automne… à condition que vous rendiez le manuscrit à temps ! Un gros challenge ?

A.C. : Effectivement c’est un challenge qui m’attend pour que la suite de « L’eau du Léthé » puisse paraître à la fin de l’année. J’ai l’habitude d’écrire à mon rythme, sans contraintes ou dates de remise de manuscrit et cette année marque un changement, puisque je me suis engagée il y a quelques semaines seulement à fournir aux Editions Nestiveqnen mon manuscrit dès ce printemps. Or j’ai à peine entamé l’écriture et ce nouveau roman est, comme « L’eau du Léthé », constitué d’une partie historique et d’une partie contemporaine, deux histoires qui doivent s’imbriquer et dont l’une représente une énorme masse de recherches puisqu’elle se déroule durant le siège de Strasbourg en 1870 ! C’est donc un vrai défi, mais aussi une expérience excitante et stimulante. Et puis, l’avantage de me consacrer à l’écriture à temps plein, c’est justement de pouvoir relever des défis comme celui-là en me consacrant à fond à un livre !

K : Quelle est votre activité à venir, de nouvelles sorties, d’autres séances de dédicaces, de nouveaux articles et interviews sur votre site ?

A.C. : J’ai une nouvelle séance de dédicaces prévue le 30 janvier à l’Espace Culturel du Leclerc d’Erstein, toujours dans le Bas-Rhin, et j’espère pouvoir en programmer d’autres dès que la situation se normalisera un peu. Je vais également m’intéresser à l’autrice jeunesse et young adult Pascaline Nolot, dont je chroniquerai bientôt deux ouvrages, chroniques qui seront accompagnées d’une interview. D’autres articles et interviews suivront tout au long de l’année. Côté écriture, je pense publier d’ici un ou deux mois un nouveau roman autoédité, un projet un peu différent de mes romans habituels puisqu’il s’agira cette fois d’une sorte de « road trip » réaliste, sans aspects fantastiques. Je vais par ailleurs m’atteler ce trimestre à la dernière phase d’écriture du deuxième tome du « Peuple Invisible », la suite de « L’eau du Léthé », pour une parution chez Nestiveqnen qui devrait se faire à la fin de l’année. J’ai également sur le feu un projet de livre illustré pour adultes qui doit encore être développé… Bref, je ne chôme pas !

K : Une question que personne ne vous a encore posée mais à laquelle vous brûlez de répondre, peut-être ?

A.C. : Mmh… A bien y réfléchir, je crois que l’on ne m’a jamais demandé si j’avais un personnage préféré parmi tous ceux que j’ai créés. Si on me le demandait, je répondrais sans hésiter Kieran Matheson, un des personnages principaux de la série « Le Peuple Invisible », un Immortel un peu magicien, drôle, déjanté, à la fois solaire et très noir, bref un personnage fun, riche et complexe, comme je les aime.

K : Merci beaucoup de vous être pliée à cet exercice et bonne continuation pour vos projets.

A.C. : Merci à vous pour votre intérêt et à très bientôt !

Les liens à retenir :
Le site Internet : https://anaiscros.fr
La page Amazon : https://www.amazon.fr/Anaïs-Cros/e/B004MM85G8/ref=ntt_dp_epwbk_0
La page BDFI : http://www.bdfi.net/auteurs/c/cros_anais.php