Dévoilée en décembre, l’affiche du festival 2010, avec son petit astronaute, nous avait mis la puce à l’oreille : cette année, il y aurait de la science-fiction à Gérardmer. Gagné ! Genre très souvent absent lors des précédentes éditions de Fantastic’Arts, la S.F. était représentée cette année par quatre films, dont le britannique Moon, en compétition. Les zombies étaient aussi de la partie avec Doghouse de Jake West, Survival of the Dead, le dernier George A. Romero, mais aussi le très attendu La Horde de Yannick Dahan et Benjamin Rocher. Retour sur cinq jours de fiesta les pieds dans la neige.

Les projections ne débutent pourtant pas sous les meilleurs auspices avec trois titres d’intérêt relatif. Le film d’ouverture, Dans ton sommeil (France), est signé par un insolite duo frangin-frangine, Caroline et Eric du Potet.

DANS TON SOMMEIL (France, hors compétition)

Depuis la mort brutale de son fils de 18 ans, Sarah n’est plus que l’ombre d’elle-même. Une nuit, sa voiture percute Arthur, un adolescent du même âge. Alors qu’elle l’emmène chez elle pour le soigner, ils sont pris en chasse par un mystérieux tueur… Un extrait :

 

Dans ton sommeil s’essaie au grand écart entre cinéma d’auteur « psychologisant » (dépeignant un portrait de femme brisée) et pur film de genre avec courses-poursuites nocturnes et tueur à l’arme blanche. Le résultat manque de profondeur : à l’image du traitement réservé au mari, joué par Jean-Hugues Anglade, qui disparaît de l’image après la scène d’ouverture, le scénario néglige de développer ses personnages. Sarah (Anne Parillaud), Arthur (Arthur Dupont), le mystérieux homme au break (Thierry Frémont) traversent l’intrigue tels des pantins au service de la mise en scène à suspense. On ne sait rien d’eux. Passé les 83 minutes de métrage, on n’aura rien appris, ou si peu, sur l’histoire personnelle et les motivations de l’assassin. Des pistes au fort potentiel sont également abandonnées en cours de route : la relation qui s’installe entre Sarah et Arthur tient autant de la relation mère-fils de substitution que de rapports femme-amant. Une piste œdipienne sulfureuse que les auteurs laissent prudemment en friche. Frustrant. Reste une très belle photographie et quelques instants forts comme le massacre, dans le silence de la nuit, d’une famille entière sous la lame d’un cutter.

POSSESSED (Corée du Sud, compétition)

La compétition des longs métrages s’ouvre avec la projection de Possessed de Yong-Joo Lee. Soo-jin, une adolescente de 13 ans, disparaît. Sa sœur ainée Hee-jin suit l’enquête de Tae-hwan, le lieutenant de police chargé de l’affaire. Bizarrement, le quartier semble être le théâtre d’une série de suicides…

Dire que Bool-sin-ji-ok (le titre original, littéralement « l’enfer des mécréants ») est un film passionnant serait exagéré. Le métrage est long (près de deux heures), lent, parfois confus, avare en frissons. Mais du point de vue d’un spectateur occidental, il est intéressant au titre des données qu’il délivre sur la spiritualité de la société coréenne, partagée entre croyances païennes chamaniques et christianisme. Au Pays du matin calme, la religion catholique gagne du terrain, elle est même aujourd’hui florissante. Le nombre des églises est en hausse, de même que celui des bigots, à l’image de la mère de l’héroïne, une fanatique qui ne peut envisager le monde autrement qu’à travers les enseignements de l’évangile. Les moments forts du film se trouvent dans les scènes d’affrontement psychologique qui oppose l’intégriste à sa fille aînée, résolument athée. Une thématique qui a séduit les membres du Jury Jeunes de la Région Lorraine, qui décerneront leur prix à Possessed.

CARGO (Suisse, hors compétition)

Cargo est le premier film de S.F. de la sélection, et c’est une curiosité puisqu’en provenance de la Suisse alémanique. Dans plusieurs siècles, la Terre aura vu l’effondrement de son système écologique. Les humains vivent désormais en orbite autour de la,planète moribonde, entassés dans des stations spatiales. Un seul espoir, partagé par tous : décrocher un aller simple pour Rhea, monde paradisiaque situé à cinq années-lumière. A bord d’un vaisseau-cargo, une jeune doctoresse, Laura, rêve de rejoindre un jour sa sœur, installée sur la nouvelle Terre promise. Alors que les membres d’équipage sont plongés dans un profond cryo-sommeil, Laura, au cours d’une de ses gardes, a soudain l’impression qu’elle n’est pas la seule personne éveillée…

On songe à Alien, à Event Horizon lorsque la caméra suit l’héroïne le long des coursives obscures du vaisseau, mais le propos du cinéaste Ivan Engler n’était pas de tourner une énième histoire de monstre dans l’espace. Les enjeux du film sont ailleurs, quelque part entre Soleil vert et Matrix, entre discours écologique et peur de la technologie comme instrument de manipulation des masses. Les scènes dans l’espace ne manquent pas d’allure, on ressent un véritable vertige lorsque la caméra s’aventure dans le vide sidéral ou quand elle navigue entre les soutes gigantesques de l’énorme cargo. Cependant le métrage est beaucoup trop long (deux heures) et les péripéties fort peu nombreuses…

LA HORDE (France, compétition)

La Horde était attendu au tournant de Gérardmer. Annoncé depuis des mois, le film a fait l’objet d’un buzz impressionnant, apparaissant même dans les titres de grands journaux télévisés (pendant le tournage, le 20 heures de France 2 a diffusé un reportage sur l’embauche massive de figurants pour interpréter la horde des zombies). Ajoutons que le co-réalisateur Yannick Dahan jouit d’un crédit énorme auprès du public du cinéma d’horreur : le Toulousain fait aujourd’hui figure de héraut français de l’épouvante à l’écran, promouvant le genre devant la moindre caméra, à commencer par celles d’ « Opération frisson », qu’il présente sur Ciné Cinéma, et de la « Séance interdite », sur Canal+. On l’a également vu converser une heure durant avec le réalisateur Xavier Gens (Frontière(s), Hitman) lors d’un numéro d’ « Au cœur de la nuit », sur Arte, et il est apparu dans le docu rigolo Suck my geek, en 2008, où il clamait haut et fort son amour du film de morts-vivants. Passant derrière la caméra, Dahan n’avait guère droit à l’erreur : pas question de tourner une bouse, a fortiori s’agissant d’un film de zombies, en guise de premier long !

Nous sommes donc jeudi 28 janvier, 20 heures, à l’Espace LAC, la grande salle de projection du festival. Les 700 fauteuils sont occupés, et je me suis installé au premier rang, histoire de prendre un blast maximal : le film raconte l’histoire d’un groupe de policiers prenant d’assaut une vieille tour HLM où sont planqués une bande de dealers armés jusqu’aux dents. Mais les lieux sont vite investis par une horde de zombies, et flics et malfrats vont devoir se liguer pour tenter de s’en sortir. Je ne vais pas de nouveau me lancer dans de longues considérations critiques sur le film (lire ici la chronique publiée sur Khimaira avant la sortie du film en salles, le 10 février), mais la soirée aura été formidable : action non stop, dialogues au carat, casting de « tronches » et de forts en gueule, devant un public hyper enthousiaste et réactif (pour résumer, la horde était à la fois sur l’écran et derrière moi !). Pari gagné pour Dahan et Benjamin Rocher, qui ont enflammé le public, la soirée ainsi que le Jury Syfy, qui choisira de récompenser ce véritable film-exutoire au cours de la soirée de clôture.

MOON (Royaume-Uni)

Changement d’ambiance radical mais l’émotion est toujours au rendez-vous avec le formidable Moon de Duncan Jones. Sam Bell vit seul sur la station lunaire de Sarang, où il gère l’extraction d’Helium 3, un gaz rare qui peut résoudre la crise énergétique sur Terre. Les journées se suivent, toutes identiques, et Sam passe son temps à penser à son retour proche auprès de sa femme et de sa fille. Mais deux semaines avant son départ, l’homme se met à voir et à entendre des choses étranges…

Production indépendante à petit budget, Moon a été tourné en betacam numérique dans un décor unique avec un seul acteur. Le film est-il pour autant d’un ennui… sidéral ? Non, Moon est même la preuve qu’un budget pharaonique à la George Lucas n’est pas indispensable pour réussir un film de S.F. Il suffit d’un cinéaste et d’un scénariste de talent, porteurs d’une idée forte et mus par un amour inconditionnel pour l’univers qu’ils ont envie de dépeindre. « Je suis un vrai « nerd », un mordu de science-fiction, révèle le réalisateur, mais aussi un incorrigible romantique doublé d’un amoureux du cinéma. » Une personnalité qui transparait dans chaque plan de Moon, histoire fascinante où la chronique d’une vie solitaire se change peu à peu en une bouleversante quête d’identité. Seul dans le cadre, le comédien Sam Rockwell livre une composition intense et donne la réplique à Gerty, l’ordinateur de bord, homologue sympathique de Hal 9000, dans 2001, Odyssée de l’espace. La conscience informatique de la station s’exprime avec la voix de Kevin Spacey. Le comédien a accepté de participer au film après avoir vu un premier montage et admiré la performance de Sam Rockwell. En « incorrigible romantique », Duncan Jones ose un final optimiste et, en même temps, terriblement émouvant. Une double récompense attend Moon au dernier soir du festival : Prix de la Critique et Prix du Jury.

AMER (Belgique/France, compétition)

Quatrième film de la compétition, Amer aura été le grand mal-aimé de cette édition 2010. Le premier long métrage d’Hélène Cattet et Bruno Forzani s’avère être incompréhensible pour une large partie des festivaliers. Ce néo-giallo mettant en scène une femme aux prises avec le désir et la pulsion de mort à trois âges-clés de sa vie a échoué à séduire le public, malgré une beauté formelle sidérante. Après la projection, et pendant toute la durée du festival, les critiques ont fusé de toutes parts, parfois en des termes outranciers. Face à un tel déchaînement de passions, les deux réalisateurs auront au moins eu la satisfaction de ne laisser aucun spectateur indifférent. Amer est sans conteste une œuvre hermétique, « intellectuelle », mais, le film, pour ma part, m’a littéralement envoûté.

Amer se divise en trois chapitres d’égale importance. Le premier nous présente l’héroïne, Ana, alors qu’elle est enfant. Autour d’elle, quatre personnes : son père et sa mère, Graziella, recouverte de dentelle noire de pied en cap (on ne verra pas son visage, on ne saura jamais qui elle est), et son grand-père, qui gît à l’étage sur son lit de mort. L’ambiance funèbre est rendue d’autant plus pesante par la quasi-absence de dialogues. La personne que l’on entend le plus est la mère qui s’emporte à quelques reprises contre la fillette et « ses saletés ». Le personnage du père reste en retrait. Pour Ana, la tentation est forte de pénétrer dans la chambre de l’aïeul décédé. On découvre sur le lit le cadavre desséché d’un vieillard qu’on dirait étendu là depuis des semaines. Prisonnière de ses mains jointes, une montre à gousset dont l’enfant tente de s’emparer. Le soir, Ana surprendra ses parents en train de faire l’amour…

Au cours de la même journée, la fillette fait donc pour la première fois l’expérience de la mort et de l’amour. Pulsion de mort, pulsion de sexe, Thanatos et Eros. Cette fusion entre les deux doit la marquer à jamais : dans le deuxième chapitre, Ana est une adolescente pulpeuse cheminant le long d’une route inondée de soleil. À ses côtés, sa mère vêtue de rouge, qu’elle accompagne au village. Elle y croisera le regard d’une bande de ragazzi plus âgés qu’elle, mal rasés, à lunettes noires et motos, moulés dans leurs jeans. La chaleur est partout, y compris dans les corps, mais l’apparence et l’attitude muette des garçons rend l’hypothèse du sexe dangereuse. À l’âge adulte (c’est le troisième chapitre), Ana revient dans la villa de son enfance, laissée plus ou moins à l’abandon. Un chauffeur de taxi la conduit de la gare à la maison. Il porte également des vêtements serrés, et ses gants de cuir noir semblent répondre aux signaux de séduction envoyés par les longues bottes de l’héroïne. À nouveau, pas un mot n’est échangé mais la tension sexuelle est bien là. L’exutoire est proche, mais d’Eros ou de Thanatos, qui l’emportera ?

Les influences d’Amer sont doubles. Dans la forme, et bien qu’il soit dépourvu d’intrigue policière, le film est un giallo. La dentelle noire, le cuir, la fascination phallique pour les armes blanches (en l’occurrence, un rasoir identique à celui de Ténèbres de Dario Argento), l’architecture latine des lieux (la demeure d’Ana, filmée du côté de Menton, est la jumelle de la « villa del bambino urlante » de Profondo rosso) sont hérités de l’esthétique que le cinéma italien a développée dans les années 1960 et 1970. Les musiques utilisées dans le film sont des extraits de bandes originales de gialli ou de polizieschi de l’époque (Ennio Morricone, Adriano Celentano, Bruno Nicolai et Stelvio Cipriani sont ainsi au générique).

Dans le fond, le scénario est un entrelacs de références psychanalytiques, s’appuyant notamment sur des concepts freudiens tels que la « scène primitive » (lorsqu’Ana voit ses parents au lit). On peut même s’amuser à repérer, à l’occasion de deux plans assez brefs, le portrait du grand Sigmund sur un mur (la maison tout entière, d’ailleurs, n’est sans doute pas à appréhender comme un décor réaliste mais comme l’illustration de l’espace mental de l’héroïne). Amer fonctionne ainsi par un réseau de symboles, le moindre objet dans le cadre fait sens et, à titre de comparaison, on peut associer sa démarche à celle d’Innocence de Lucille Hadzihalilovic, sorti en 2004 et pensé tout entier comme une métaphore du conditionnement féminin.

Comme le suggèrent les auteurs, on n’est pas non plus obligé de s’adonner à cet exercice de décryptage. On peut aussi appréhender le film de façon purement sensitive et se laisser planer 1h30 durant, porté par les musiques (superbes, j’ai oublié de le préciser) et la richesse picturale de l’œuvre. Des dispositions qui n’étaient pas, hélas, celles du public de Gérardmer. Au palmarès, Amer se consolera avec une « mention spéciale » accordée par le Jury des Critiques.

5150, RUE DES ORMES (Canada, compétition)

Passons d’un extrême à l’autre avec 5150, rue des Ormes d’Éric Tessier, qui, lui, a su faire l’unanimité. Présent à Gérardmer, le réalisateur monte sur scène pour présenter son film avant la projection. Enthousiaste et nerveux comme un gamin, il met tout le monde dans sa poche avec un avertissement concernant les dialogues, rappelant qu’au Québec, on parle un français « un peu différent » de celui qu’on pratique dans l’Hexagone ! Il sort de sa poche un mini-lexique québécois-français griffonné de sa main. Ostie ! Tabernacle ! On rit de bon cœur et on applaudit pour accompagner Tessier lorsqu’il quitte la scène avec son papelard.

Adapté d’un roman de Patrick Senécal, 5150, rue des Ormes raconte l’aventure entre quatre murs de Yannick, étudiant en audiovisuel qu’un enchaînement de circonstances conduit à se retrouver séquestré dans le pavillon de la famille Beaulieu. Le père, Jacques, est un illuminé investi dans une mission divine : débarrasser la société de tous les criminels et pervers qui la gangrènent. Juge, juré, bourreau, le « dernier des Justes », invincible aux échecs, mène sa petite famille à la baguette et entend bien que sa fille Michelle, 17 ans, lui succède un jour pour poursuivre sa quête. Témoin malheureux des exactions du pater, Yannick devient le prisonnier des Beaulieu, qui ne lui veulent pourtant aucun mal : le jeune homme n’a nui à personne, il est hors de question de le faire passer de vie à trépas. Jacques propose alors à Yannick un étrange marché : « Bats-moi aux échecs et je te laisse partir. »

Là où Hollywood n’aurait sans doute livré qu’un thriller de plus (l’intrigue fait d’ailleurs penser à Emprise (Frailty) de Bill Paxton), Éric Tessier signe un métrage fort dont le principal atout est l’humanité profonde qui caractérise les protagonistes. Chacun des cinq personnages principaux (Yannick, Jacques, Michelle, mais aussi Maude, l’épouse obéissante, et Anne, 7 ans, la fillette qui ne parle pas) fait l’objet d’un portrait d’une finesse psychologique touchante. On se retrouve dans une position insolite : notre sympathie va bien sûr à Yannick (va-t-il réussir à s’enfuir ? Comment ? Le suspense est sans cesse relancé), mais il est dans le même temps impossible de haïr les Beaulieu. 5150, ou le syndrome de Stockholm appliqué au public… Alors on reste aussi captifs que le héros, jusqu’au dénouement, qui achève de conquérir les spectateurs en entérinant la métamorphose d’une séquestration physique en un terrible emprisonnement mental. Magistral. Prix du Public.

HALLOWEEN 2 (USA, hors compétition)

Projeté juste après 5150, rue des Ormes, Halloween 2 de Rob Zombie fait peine à voir. Une déception pour ceux qui ont apprécié le travail du cinéaste métalleux avec House of 1,000 Corpses, The Devil’s Rejects et le premier Halloween, brillante relecture/remake du film de John Carpenter. Tout ici transpire la vacuité, un peu à l’image du premier Halloween 2 (vous suivez ?) de Rick Rosenthal, en 1981. Après les faits relatés dans le premier volet, Laurie Strode est emmenée à l’hôpital d’Haddonfield tandis que le cadavre de Michael Myers est convoyé par deux policiers en direction d’une lointaine morgue. Mais chacun sait que le grand Mike ne sait pas rester mort, alors il se remet à gigoter, zigouille prestement les flics de la fourgonnette avant de reprendre le chemin de sa ville natale. Il est guidé par l’apparition fantomatique de sa maman défunte (d’où la réapparition de Sheri Moon Zombie dans le rôle). La route sera longue et semée de cadavres ! Pendant ce temps, Laurie récupère de ses blessures mais pètera vite les plombs en découvrant que le Dr Loomis (Malcolm McDowell aussi est de retour) fait son beurre en exploitant le filon du tueur au masque dans un nouveau bouquin, où il révèle l’encombrant lien de parenté qui unit la jeune femme au boucher… Dénué d’enjeu dramatique, Halloween 2 se contente d’aligner les scènes de meurtres sans rythme ni passion. Seule originalité : l’évolution du Dr Loomis, véritable salaud égocentrique très éloigné du personnage interprété par Donald Pleasence dans la première série de films. D’où une scène assez marrante sur un plateau de télé où les animateurs asticotent le bonhomme en mettant l’accent sur son côté charognard et en soulignant l’analogie de patronymes entre le tueur et l’interprète d’Austin Powers !

 

DOGHOUSE (Royaume-Uni, hors compétition)

Les douze coups de minuit ont sonné depuis longtemps, ce vendredi soir, lorsque défilent les premières images de Doghouse sur l’écran de l’Espace LAC. Signée du réal punk Jake West (membre du jury des longs métrages il y a deux ans), cette pochade gore avec zombies femelles a attiré du monde malgré l’heure tardive, et la salle est remplie de joyeux drilles impatients de voir à quoi peut bien ressembler une… horde de mortes-vivantes britonnes tous crocs dehors pour dévorer de la viande de mâle parfumée à la bière.

Pour consoler l’un des leurs qui vient de se faire larguer, une bande de potes organise une virée à la campagne dans un bled minuscule où, à ce qu’on dit, la population masculine est sous-représentée, laissant se languir les nombreuses femmes de la région. À leur arrivée, les amis découvrent un village effectivement envahi par les femmes, mais toutes ont viré zombie ! Damn ! Les explications de Jake West : « Il faut comprendre que les femelles zombies dans Doghouse ne sont pas seulement des cannibales psychotiques assoiffées de sang, elles sont un mélange des peurs primales que les hommes ont à l’égard des femmes. Le personnage de la fille aux ciseaux, par exemple, représente la peur de la castration. Celui de la Mariée représente la peur de l’engagement, la Bouchère est la peur d’une supériorité physique des femmes et la Sorcière implique la peur du mystère, de l’intuition féminine. » Des lumières qui éclairent un peu sur la présence, dans un trou perdu en pleine cambrousse, d’une dominatrice en latex et de strip-teaseuses aux tifs multicolores. Tout est dans la métaphore ! On se réjouit sinon de retrouver dans le premier rôle masculin Danny Dyer, impayable en fumeur de joint dans Severance de Christopher Smith. Selon le dossier de presse, Doghouse est prévu pour une exploitation en France dans le courant de l’année. Quand exactement et sur quel support (salles ? dvd ?), nul ne le sait…

HIERRO (Espagne, compétition)

Sixième long métrage de la compétition, Hierro de Gabe Ibáñez n’avait pas grand-chose à faire à Gérardmer. Non pas qu’il ne soit pas réussi (c’est un même un très bon film), mais ses rapports avec le fantastique sont pour le moins lointains. Maria voyage avec son jeune fils à bord d’un ferry vers l’île d’El Hierro. Au cours de la traversée, alors que la jeune femme s’est assoupie, l’enfant disparaît. Est-il tombé par-dessus bord ? A-t-il été kidnappé ? Personne n’a rien vu. Six mois plus tard, le corps d’un gamin est repêché…

« Nous avons voulu réaliser une histoire de fantôme sans fantôme », lit-on dans les notes de production incluses au dossier de presse. C’est là que le bât blesse : le public d’un festival comme celui de Gérardmer fait toujours la fine bouche face à des œuvres où le surnaturel n’a pas sa place et où le fantastique ne relève que d’une mise en scène plus ou moins surréaliste, onirique. Les démons de Hierro sont donc intérieurs, ce sont ceux qui tourmentent la pauvre Maria, mère célibataire qui a construit son existence autour de son fils. Lorsque celui-ci disparaît, elle n’a pas d’autre choix que de se lancer dans un long périple pour le retrouver. L’île d’El Hierro est un endroit étrange, à la désolation presque lunaire, et ses habitants, aux yeux de Maria, paraissent tous dissimuler un secret. Présente dans presque toutes les scènes, la comédienne Elena Anaya porte le film sur ses épaules avec un immense talent et nous emmène avec elle dans un voyage effrayant, jusqu’aux portes de la folie. Gare au final, particulièrement tragique et émouvant.

THE DOOR (Allemagne, compétition)

Lorsque débute la projection de The Door (Die Tür), on ne le sait pas encore, mais John McTiernan et les membres de son Jury des longs métrages vont prendre tout le monde par surprise, lors de la clôture du festival, en décernant le Grand Prix au film très intimiste de l’Allemand Anno Saul. Le point de départ est digne d’un épisode de La Quatrième Dimension : David, un ancien peintre à succès, cherche un sens à sa vie après s’être rendu responsable, cinq ans plus tôt, de la mort de sa fillette. Il découvre une porte qui lui donne une seconde chance, celle de repartir de zéro en remontant le temps, jusqu’au jour fatidique où l’enfant s’est noyée…

On a sûrement tous eu ce fantasme, à la suite d’une erreur, d’une maladresse, de pouvoir d’un claquement de doigts revenir en arrière pour effacer les dégâts que l’on a causés. Le sujet de The Door est par conséquent susceptible de toucher beaucoup de monde, d’autant que le chemin de croix du héros, campé par le Danois Mads Mikkelsen (alias « le Chiffre » dans Casino Royale et Quantum of Solace, les deux derniers James Bond), force l’empathie. Le drame psychologique acquiert une dimension purement fantastique en abordant le sujet du voyage dans le temps (voire des réalités parallèles), et il s’enrichit encore lorsqu’intervient le thème du double : de retour dans le passé, David se rencontre lui-même, cinq ans plus jeune. Que faire ? Une question à laquelle beaucoup d’autres, comme nous l’apprend la suite de l’histoire, auront eu à répondre avant lui…

Un scénario fascinant, et j’ajouterai que la qualité de l’interprétation, de la photo, de la mise en scène (The Door est également une réussite formelle) pourraient concourir à faire du film un futur classique. Il y a tout de même un mais : malgré toutes les qualités précitées, on s’ennuie tout de même un peu devant cette Porte, par la faute d’un rythme assez lent et, surtout, à cause du ton de l’œuvre, d’un sérieux papal. Anno Saul se sert du fantastique pour aborder les thèmes de la responsabilité, de la culpabilité, son propos se veut lourd de sens. Une gravité qui donne au final un film certes irréprochable mais guère emballant.

SPLICE (France/Canada, hors compétition)

On en parle depuis des mois sans que le film ne trouve le chemin de nos écrans français. Voici enfin l’occasion de découvrir Splice de Vincenzo Natali. Le cinéaste est un visage connu du festival : il est venu y présenter Cypher en 2003, et son premier long métrage Cube a remporté le Grand Prix en 1999.

Clive (Adrien Brody) et Elisa (Sarah Polley) sont des superstars de la science. Ils ont réussi à combiner l’ADN de différentes espèces animales pour obtenir de fantastiques hybrides. Ils veulent à présent passer à l’étape suivante : fusionner de l’ADN animal et de l’ADN humain. Lorsque le laboratoire pharmaceutique qui les finance refuse de les soutenir, ils décident de poursuivre leurs expériences dans le secret. Ils créent Dren, une créature étonnante dont la croissance rapide la fait atteindre l’âge adulte en quelques mois…

Splice est une œuvre que Natali a portée pendant 10 ans avant de voir son film aboutir, faute de financement. Un mal pour un bien, car la technologie des effets spéciaux n’aurait peut-être pas été assez performante, alors, pour donner une représentation crédible de la créature. Celle de Splice est inédite : sorte de petit lémurien à la naissance, l’hybride devient vite une humanoïde, de sexe féminin, dont la grâce et les courbes ne manquent pas de troubler. La « chose » de laboratoire (interprétée par la Française Delphine Chanéac) est donc séduisante, et les monstres de l’histoire, au final, ne sont pas ceux qu’on pense, comme le souligne Vincenzo Natali : « C’est l’idée centrale du film : les gens capables d’imaginer une telle créature sont plus effrayants, finalement, que la créature elle-même. »

Depuis le mythe de Prométhée et, bien après, Frankenstein de Mary Shelley, le thème des hommes dépassés par leurs créations a déjà été exploité et surexploité, tout particulièrement au cinéma. Mais bien qu’il s’appuie sur une trame archi-connue, Natali marque sa différence par un apport original : parallèlement au danger physique qu’elle représente (la créature s’avère peu à peu supérieure à l’humain), Dren devient une menace de nature sexuelle, entraînant les personnages dans le piège d’un triangle amoureux. Et l’histoire de prendre un tour incestueux : coupable d’une première alliance contre-nature (la fusion des ADN), Clive va briser un autre tabou en s’unissant physiquement à l’être qu’il a créé, en somme sa « fille ». Splice est un film de monstre où l’épouvante graphique s’efface pour céder le pas à l’horreur morale.

SURVIVAL OF THE DEAD (USA, hors compétition)

On le sait très bien, George A. Romero sait filmer autre chose que de la viande avariée. Pourtant, son dernier film sans morts-vivants remonte à 10 ans (Bruiser, avec Jason Flemyng) et le très bon La Part des ténèbres, d’après Stephen King, date de 1993 ! A 70 ans cette année (depuis le 4 février, happy birthday, George !), le maestro de Pittsburgh revient avec Survival of the Dead, son sixième film de zombies, après La Nuit des morts-vivants (1968), Zombie (1978), Le Jour des morts-vivants (1985), Le Territoire des morts (2005) et Chronique des morts-vivants (2007).

Et Romero sait nous surprendre encore malgré un schéma narratif immuable, soit cinq ou six personnages principaux évoluant dans un microcosme où nos chers morts-vivants, anars d’outre-tombe, finissent toujours par chambouler l’ordre établi. Au large de la côte est des USA, une petite île est le théâtre d’une rivalité séculaire entre la famille O’Flynn et le clan des Muldoon (un peu comme les O’Timmins et les O’Hara, alias Les Rivaux de Painful Gulch, un super album de Lucky Luke — Je me demande d’ailleurs si le scénario de Goscinny n’a pas eu une influence, consciente ou non, sur celui de Romero, comme invite aussi à le penser la similitude de patronyme irlandais en « O’ »). À ma droite, Seamus Muldoon, propriétaire d’un ranch qui porte fièrement stetson et long manteau cache-poussière. Le respect des traditions est son crédo, il dirige employés et famille d’une même main de fer. C’est le Républicain paternaliste et borné dans toute sa splendeur. À ma gauche, Patrick O’Flynn, vieux marin roublard qui ne s’embarrasse guère de grands principes quand il s’agit de tirer les marrons du feu. Tous deux se détestent cordialement depuis la cour de récré. Comme souvent dans pareille situation, les personnes les moins connes sont les femmes. O’Flynn a une fille (enfin, deux, mais je ne veux pas gâcher de surprise), trentenaire dont l’aisance à cheval est emblématique de son indépendance de caractère. Muldoon a une épouse qu’il tient bien en laisse, au propre comme au figuré (un plan terrible, lourd de sens, vous attend vers la fin du métrage). Et voilà qu’arrive sur l’île la belle « Tomboy », une G.I. flanquée de collègues militaires masculins. Elle n’a que faire du machisme ambiant : elle est lesbienne. Bien malgré eux, les G.I. vont servir d’arbitres dans le dernier round du combat qui oppose les deux camps, tandis que partout autour, les zombies constituent une menace de plus en plus prégnante contre laquelle il serait sage de se liguer…

Intelligent, passionnant de bout en bout, Survival of the Dead s’avère être le meilleur opus de la deuxième trilogie des morts-vivants de Romero. Action, suspense, horreur, humour, sont autant d’ingrédients parfaitement dosés, et le plan final reflète à lui seul le regard désabusé que le cinéaste porte sur ses « frères » humains.

LES TÉMOINS DU MAL (Compétition, Espagne)

Après L’Echine du diable et Le Labyrinthe de Pan, les spectres du franquisme continuent de hanter l’Espagne et son cinéma fantastique, comme le prouve Les Témoins du mal. Sous ce titre français digne d’un banal DTV se cache No-do d’Elio Quiroga, qui renvoie aux « NOticiarios y DOcumentales », les documentaires diffusés dans les cinémas espagnols sous la dictature. Des « actualités filmées » qui relevaient beaucoup plus de la propagande travail-famille-patrie que de la véritable information. À l’époque, des équipes de journalistes sillonnaient le pays en quête de sujets à tourner, et il y aurait eu des « No-Dos secrets », des reportages enterrés par la censure car susceptibles de perturber l’ordre établi, dont l’église catholique était un des piliers. L’un de ces films maudits va remonter à la surface à la faveur de l’emménagement dans une vieille bâtisse isolée (autrefois un hôpital pour enfants tenu par le clergé) d’une famille dont la mère, Francesca, vient d’accoucher. Très vite, des événements surnaturels se succèdent et la jeune maman, qui souffre d’une dépression post-natale, devient la proie de visions cauchemardesques…

Une ancienne demeure qui accueillait autrefois niños et niñas, une mère tourmentée, des fantômes … Il est difficile de ne pas comparer ce scénario à celui du célèbre L’Orphelinat de Juan Antonio Bayona, Grand Prix 2008 de ce festival. Mais bon, même s’il ne remporte pas la palme de l’originalité, No-Do se suit sans déplaisir. Après Tesis (1996) d’Alejandro Amenabar, Ana Torrent renoue avec le fantastique et compose un personnage attachant de mère terrifiée à l’idée de perdre son nouveau-né. Les effets numériques du final viennent néanmoins porter un coup à la crédibilité de l’entreprise : loin de paniquer les foules, l’apparition diabolique de la dernière scène, avec son petit côté « image d’Epinal », tend plutôt à faire sourire. D’après le dossier de presse, les « No-Dos secrets » existeraient bel et bien, et le réalisateur Elio Quiroga affirme avoir pu en visionner un, échappé d’une sombre cave du Vatican, dans lequel on apercevrait un fantôme. Une affaire à suivre…

METROPIA (Suède, hors compétition)

Metropia est un film d’animation suédois mais on y cause anglais avec les voix de Vincent Gallo, Juliette Lewis et Udo Kier. C’est le dernier long métrage de cette sélection 2010.

Dans un futur pas très lointain, en Europe. Les réserves mondiales de pétrole se tarissent. Les réseaux de tous les métros ont été reliés, créant une gigantesque toile d’araignée souterraine. Roger vit dans une banlieue de Stockholm et évite de prendre le métro. Il n’aime pas se trouver sous terre et il a parfois l’impression d’entendre des voix étranges. Un jour, il découvre que sa vie est contrôlée, jusque dans les moindres détails.

La photo bi-chromatique et le sujet pourraient laisser croire à un métrage de S.F. cafardeuse, avec des personnages déprimés traversant des décors déprimants, augurant un avenir bien sombre pour notre civilisation. Mais il n’en est rien ! Certes, dans le fond, la prospective n’a rien de joyeux, mais le graphisme drolatique (les personnages ont une tête et des yeux légèrement surdimensionnés, ils font penser aux Thunderbirds, la série d’animation de Gerry et Sylvia Anderson) et les dialogues (les monologues intérieurs du héros sont marrants comme tout) suscitent vite la sympathie. Roger, le quidam libre dans sa tête, va basculer dans une aventure a priori beaucoup trop périlleuse pour lui, qui va le conduire jusqu’à Paris sur les talons de Nina, une belle blonde de type hitchcockien (elle porte le chignon et le tailleur gris de Kim Novak dans Vertigo) et qui n’est autre que la fille d’Ivan Bahn. Ce dernier est le salopard à la tête de Trexxx, le conglomérat propriétaire du « Métro », et il a mis au point une technologie permettant de contrôler les esprits pour asservir le petit peuple.

Les 86 minutes du métrage passent comme une lettre à la poste. Visuellement, c’est le top : outre le look des personnages, les décors, de Stockholm à Paris, sont splendides. Le réalisateur Tarik Saleh est parti de clichés pris dans les différentes villes d’Europe (Berlin et Copenhague ont aussi été visitées) pour les reprendre ensuite sous Photoshop et autres logiciels de traitement d’image. De la belle ouvrage.

LA COMPÉTITION DES COURTS MÉTRAGES

Eh, ce n’est pas fini ! Pas question d’aller à Gérardmer sans assister à la compète des courts métrages ! Cette année, six films concouraient pour séduire un Jury présidé par Xavier Gens.

Après le long Dans ton sommeil, on retrouve le comédien Thierry Frémont dans Entre deux de Béatrice et Hugues Espinasse. Un homme (Frémont) reprend conscience enchaîné dans une sombre geôle. Impossible de ne pas penser à Saw, mais Entre deux n’a vraiment rien à voir : la situation de l’homme tout nu et prisonnier est une métaphore de la peur de l’engagement, éprouvée par quelqu’un partagé entre le désir d’une existence insouciante et « libre » et celle, plus contraignante, d’une vie de famille. Bon… Frémont donne de sa personne, mais le film n’est quand même pas très excitant.

Numéro 3 à l’applaudimètre (les clap-clap, c’est très pratique, on sait tout de suite, qu’il soit court ou long, si un film a plu ou pas), Barbie Girls de Vinciane Millereau met en scène un trio d’amies : Véro la dépressive, « Barbie-Suicide », Lola la malchanceuse, « Barbie-pas-de-bol », et Marion la croqueuse d’homme, « Barbie-couche-toi-là ». Des surnoms dont elles se sont affublées et qui les caractérisent. Les copines s’embarquent pour un week-end dans une maison de campagne. Elles s’entendent super bien, elles sont super exubérantes, on a envie de les super-baffer ! Jusqu’à ce que l’une d’elles tombe le masque et révèle son véritable visage de… Barbie-psycho ! Brusque changement de ton et coups de fusil mettent tout le monde d’accord. Drôle et girly, quoique vide de sens. Come on, Barbie, let’s go party (la chanson est dans la bande-son, forcément !).

Numéro 2 (toujours aux applaudissements), La Carte de Stefan Le Lay, dont on apprécie la fraîcheur innocente et un rien désuète. À côté d’une plage, le personnage d’une carte postale en couleurs tombe sous le charme d’une demoiselle du temps jadis, avec chapeau et ombrelle, aperçue dans une carte en noir et blanc sur le présentoir voisin. Hop ! Il s’extirpe de son décor figé pour tenter le grand saut et rejoindre la belle. Poétique, charmant, et dans la continuité de La Lettre, autre court que le réalisateur est venu présenter à Gérardmer il y a quelques années.

Number one au clapomètre, Toute ma vie de Pierre Ferrière met en scène Alessandra, interpellée en pleine rue par un inconnu alors qu’elle annonce sa grossesse au téléphone à son compagnon. L’homme engage la conversation et semble tout savoir d’elle, mais la jeune femme, malgré ses efforts, est incapable de se souvenir de lui… Pas moyen d’en raconter plus sans éventer la chute, alors chut !

Les Naufragés, le court de Matthieu Frances, est plutôt long puisqu’il atteint presque la demi-heure. Claire, enceinte de huit mois, et Denis décident de passer le week-end au bord de la mer. Lorsqu’elle se réveille, le lendemain de leur arrivée, Claire est seule. Denis a disparu… On n’est pas très captivé par ce métrage au rythme un peu indolent. La scène finale vient cependant réveiller le public par sa brutalité cruelle, qui me fait déconseiller le film aux futures mamans.

La Morsure de Joyce A. Nashawati ferme le ban. Dans un parc vide, à Paris. Le ciel est bas et lourd, les arbres décharnés. Une jeune femme nerveuse attend son amant. La petite fille qui l’accompagne joue en silence. L’homme arrive. La fillette décide d’explorer le parc… L’héroïne a de longs cheveux roux et le teint très pâle, et le titre invite à penser qu’il pourrait s’agir d’un vampire, mais ce sont des leurres. Les crocs attendent derrière un bosquet, un peu plus loin, et c’est la gamine qui en fera les frais. Un tableau fantastique qui se veut tout en nuances, un peu trop calme et propret pour convaincre. Applaudissements polis lorsque la lumière revient, mais le jury, lui, a été conquis : Grand Prix 2010 !

Et voilà, Gérardmer, 17ème édition, fait tomber le rideau. Pour conclure, un mot concernant la ferveur du public et son amour du cinéma fantastique. Et cette année, il en fallait, de la passion, pour, entre les projos, endurer les files d’attente malgré les températures négatives, le vent et la neige, qui a tombé sans discontinuer pendant cinq jours. Mais Gérardmer est un rendez-vous de joyeux mordus, comment pourrait-on s’en passer ? L’an prochain, pas de pèlerinage dans les Vosges sans une couche de fringues supplémentaire et sans snow boots de compétition fourrées en poil de yack ! Rendez-vous en 2011 ?