Des décennies durant, des auteurs visionnaires nous avaient mis en garde sur la menace Zombie. Pourtant, lorsque l’invasion se déclara, personne n’y était préparé. Dix ans après ce qui restera dans les annales comme la World War Z, un chargé de mission de l’ONU arpente toutes les régions du monde pour recueillir les témoignages de ceux qui ont vécu cette guerre sans précédent. World War Z est la retranscription de tous ces entretiens dans une volonté historique (consigner les faits) et préventive (se servir de l’expérience de cette victoire dans une éventuelle seconde guerre zombie).

Trois ans après la publication du Guide de survie en territoire Zombie, Max Brooks reprend logiquement la plume pour nous narrer ce qu’il annonçait dans son premier livre : l’invasion des morts-vivants. Mais si le Guide se prêtait naturellement à une forme répétitive, ce n’est pas le cas de World War Z. Passé les cinquante premières pages, le principe de l’entretien devient lassant pour la simple raison que Max Brooks ne réussit pas à instiller la dose de psychologie nécessaire pour individualiser les personnages. Il en résulte une succession d’intervenants qui, bien que d’origines professionnelles ou géographiques très diverses, semblent tous sortis de la même caserne militaire américaine.

Pourtant, passé ce désagrément, la structure du récit est efficace. L’auteur étudie l’extension d’une épidémie locale au début du XXIe siècle. Autant dire que le constat n’est pas rassurant : la pandémie ne se fait pas attendre bien longtemps ! Avec les moyens de transports modernes, la vitesse de propagation du virus est affolante… en totale opposition avec le peu de réactivité des états touchés, sclérosés par la lenteur de leurs administrations.

La dimension sociologique est essentielle dans la mythologie zombie. Les films de Romero, sous leur dehors de série B, explorent les défaillances d’une société trop bien pensante ou trop bien rodée. Max Brooks respecte cette tradition puisque ses zombies s’égayent dans une mondialisation toujours plus problématique. A défaut d’être originale, la question a le mérite d’être traitée sur un ton plus badin que celui de José Bové ou d’Olivier Besancenot…

Hollywood s’intéresse d’ailleurs déjà à l’affaire puisqu’une adaptation cinématographique est en production, avec Marc Forster aux commandes (réalisateur du dernier James Bond, et avec plus de bonheur, du très réussi Incroyable destin de Harold Crick).