Avez-vous déjà essayé d’avaler un toast de Marmite, l’horrible pâte à tartiner britannique à la saveur de bouillon-cube ? Ou bien de prendre quelques gorgées de Sanbittèr, la boisson rouge italienne au goût chimique ? Il y a, comme ça, des denrées étrangères qu’on pourrait juger inexportables et qui, pourtant, se retrouvent dans les rayons de nos supermarchés gaulois. Il en va de même dans les salles obscures avec des longs métrages US comme ce World Invasion : Battle Los Angeles, dont on imagine mal qu’il puisse intéresser quiconque ne se réclamant pas d’un certain public américain.

 

Le film nous ressert l’histoire de La Guerre des mondes, racontée, cette fois, du point de vue des bidasses. Soit une section de marines ayant pour mission de ratisser un quartier de Los Angeles pour y récupérer d’éventuels civils survivants. Car depuis plusieurs heures, l’Amérique (et le monde, comme l’attestent quelques écrans de télé calés sur CNN) est la proie d’une offensive militaire extraterrestre qui va donner du fil à retordre aux trouffions.

Le héros de l’histoire est le sergent Nantz (Aaron Eckhart), un vieux de la vieille pas loin d’être mis sur la touche (il se met tout seul au garde à vous pour saluer le drapeau, c’est dire à quel point il est temps qu’il parte en retraite). Impossible, en revanche, de retenir le moindre nom des autres personnages, avec qui on fait connaissance à la vitesse grand V, en début de film, en deux ou trois séquences d’intro surtout conçues pour véhiculer un arsenal de « vraies valeurs », celles pour lesquelles se battent les durs : mariage, famille, amitié virile, lecture de la Bible et j’en passe. Un peu plus tard, le montage réservera quelques surprises subliminales, telle une banderole « support our troops » tendue sur un mur…

Que ces délires droitiers, militaristes, flattent le patriotisme bas de plafond d’un noyau dur d’Américains moyens est une chose. À titre personnel, en tant que spectateur non-yankee, je n’ai vraiment rien à faire de ces errances nationalistes, d’autant que l’intrigue science-fictionnelle, sous-exploitée (on nous explique rapido — toujours sur CNN — que les Aliens ont débarqué pour nous piquer notre eau, et puis c’est tout), n’est qu’un alibi à la mise en scène des faits de guerre « héroïques ». Des séquences où le réalisateur Jonathan Liebesman se rêve peut-être, allez savoir, en Stanley Kubrick filmant Full Metal Jacket, alors que la captation de l’action par des caméras secouées n’engendre rien d’autre qu’un profond ennui.

Dans les salles depuis le 16 mars.