Dans les années 1990, les esprits maléfiques circulant au Japon avaient trouvé l’idée de la malédiction se propageant au moyen d’une vidéo : c’était dans Ring, film d’Hideo Nakata, mais, à l’époque, la vidéo en question nécessitait d’être stockée sur un support VHS (pour Very Horrible System !) à se passer de main en main. Pas très pratique pour diffuser le mal à grande échelle. Heureusement notre époque numérique et connectée permet de lancer des maléfices beaucoup plus performants. Il en va ainsi dans Watch And Die de Doro Sunagawa, une jeune mangaka en activité depuis seulement 2019. Son scénario reprend l’idée du long métrage de Nakata, la vidéo maudite, synonyme de mort affreuse pour quiconque la regarde, attendant à présent au bout d’un lien URL qu’on a tout le loisir de partager parmi les noms de sa liste de contacts.

C’est un fait indiscutable : de telles plaies existent sur Internet, ce sont les messages piégés envoyés par des hackers escrocs, ce sont les virus qui vérolent tout votre système, et on peut aller encore plus loin en assimilant les esprits mauvais aux « trolls » qui pullulent et vilipendent à tour de bras sur les réseaux sociaux, vouant leurs victimes au bûcher virtuel… Des fléaux authentiques, et Sunagawa tape donc dans le mille en racontant les malheurs de Fuchigami et Urakata, deux mangakas de 20 ans poursuivis par des spectres après qu’ils ont imprudemment cliqué sur le lien de visionnement de la fameuse vidéo. L’ambiance mystérieuse devient oppressante quand les horreurs font leur apparition, accompagnés par une litanie musicale macabre sortant du haut parleur des smartphones. À la fin de ce premier tome (il y en aura quatre), les héros appellent à l’aide une équipe d’experts un peu farfelus, qui ont pour mission de détendre un peu l’atmosphère (parmi eux, une fille qui vient au bureau déguisée en lapin sexy — on ne voit ça qu’au Japon !) et de faire progresser l’intrigue en trouvant des pistes intéressantes pour résoudre l’énigme de la vidéo. Dans une postface très rigolote, Doro Sunagawa se représente elle-même en petit lapin pour nous parler de son attrait pour les récits d’horreur. Également, elle nous donne rendez-vous dans le tome 2, « si nous le voulons bien ». Très volontiers, Doro-Doro, la parution est prévue début avril, on se revoit dans deux mois !

En librairie depuis hier, 9 février. Bande-annonce ci-dessous, à visionner à vos risques et périls !