Luc Besson a peut-être eu un jour entre les mains Sukeban Deka, "prémonition" nippone et ado de Nikita. Édité dans les années 1980, ce manga de Shinji Wada fut tout d’abord adapté en série tv (1985-87) avant de donner lieu à trois longs métrages (1987-88-89) tournés par Hideo Tanaka (à ne pas confondre avec son confrère anagramme Hideo Nakata, le cinéaste de Ring et Dark Water).

Ainsi, en 1987, Yo-Yo Girl Cop (le titre anglais) raconte les aventures d’une délinquante juvénile enrôlée dans les forces spéciales de la police tokyoïte pour enquêter — sous le nom de Saki Asamiya — sur des affaires criminelles impliquant des adolescents. Dans ce premier film, l’héroïne, aussi jolie qu’agressive, avait maille à partir avec une organisation para-militaire projetant un coup d’état contre le gouvernement japonais… Quatrième volet de la série, ce Tokyo Girl Cop, tourné en 2006, reprend grosso modo la même intrigue : "K" (qui n’est autre que la fille de la première héroïne) est recrutée par l’inspecteur Kira Kazutoshi (Riki Takeushi, vu notamment dans la trilogie Dead or Alive de Miike et récemment présent au générique de Lovedeath de Kitamura) afin d’opérer en sous-marin au sein de la fac de Seisen, à Tokyo. Reprenant le nom de Saki Asamiya, elle met au jour les agissements d’une organisation terroriste basée sur le campus et opérant via un site web, Enola Gay (du nom du bombardier qui, en 1945, largua la bombe sur Hiroshima). Armée, comme jadis sa maman, d’un yo-yo métallique qui dégomme tout sur son passage, elle enquête sur l’identité d’un mystérieux "Roméo" qui embrigade les étudiants via Internet pour en faire des kamikazes porteurs d’explosifs.

La scène d’ouverture dépote : une étudiante aux mains liées, équipée d’une bombe à retardement, explose en plein quartier de Shibuya. Arrive ensuite un superbe générique rock ‘n’ roll en rouge et noir où, entre les titres, la silhouette rotoscopée de Saki fait fuser son yo-yo. Les images suivantes font un peu retomber le soufflé en parodiant maladroitement Le Silence des Agneaux (!), mais le métrage, dans son ensemble, se suit avec intérêt malgré une action diluée dans un montage qui aurait gagné à être plus serré (98 minutes, soit un petit quart d’heure de trop, à mon avis). Dirigée par Kenta Fukasaku, la pop idol Aya Matsuura compose une Saki intelligente et sexy, prompte à séduire tout un panel d’adolescentes (japonaises ou non) à la recherche d’héroïnes fortes auxquelles s’identifier. Les garçons se régaleront devant le final exubérant, où la minette a la riche idée de passer une combi de cuir noir pour se mesurer à une rivale rousse en vynil et résille avant d’aller fritter les autres bad guys.

                     

Image : 1.85, 16/9 compatible 4/3

Son : Version originale japonaise et version française 2.0

Bonus : Making of & bandes annonces