Jolan s’apprête à accomplir son destin, suivant en cela les traces de son père. Ce dernier a dû lui aussi repartir à l’aventure pour secourir le fils qu’il a eu avec Kriss de Valnor. Cette course poursuite l’emmène bien loin de ses terres, à la rencontre d’un peuple aux moeurs bien différentes des siennes…

Le 33e tome de Thorgal, et le 4e sous la plume d’Yves Sente, confronte le polythéisme de Jolan – c’est un viking, après tout – à une forme de monothéisme. Si cette thématique n’est pas nouvelle chez Thorgal (voir le cycle d’Ogotaï), elle est abordée ici de manière plus frontale en citant quasi explicitement les différences entre les pays vikings du Nord et l’Europe centrale ou du Sud. Ce choc entre une culture qui suppose un éternel questionnement (dois-je prier plutôt tel dieu ou tel dieu?) et une religion qui préfère imposer contient naturellement toutes les promesses d’un conflit à venir, et des péripéties qui ne manqueront pas de l’accompagner.

Il faudra pourtant patienter, car Jolan n’occupe que cinq pages avant de céder la place à son père pour l’intégralité de la suite de ce volume ! Le précédent tome laissé entrevoir un retour en force de Thorgal, c’est donc chose faite – avec regrets. Le passage de Jolan au second plan relègue par la même occasion les espoirs de voir la série se renouveler.

Ce surprenant déséquilibre n’entretien plus guère de rapport avec les promesses des premiers épisodes de Sente, et aboutit à une histoire peut être aussi moins intéressante où l’on retrouve le Thorgal bon samaritain déjà maintes fois vu. L’univers de la série continue ainsi d’être exploré avec de nouvelles régions, de nouveaux personnages et un certain sens de l’imagination que les peintures de Rosinsky subliment toujours autant.

Mais un décorum bien pensé ne suffit pas à faire une bonne histoire et ce trente-troisième tome est au final assez décevant compte-tenu de la qualité du travail de Sente sur les précédents épisodes. En attendant le retour de Jolan ?