Le nouveau roman de Didier Van Cauwelaert débute sur une plage avec un gamin mal dans sa peau en surpoids dont les parents entre un père en train de sombrer dans l’alcoolisme et une mère psychologue qui a honte de lui ne sont pas les moindres de ses problèmes. Le héros de cette histoire s’appelle Thomas Drimm, il a treize ans et joue avec son cerf-volant. Mais voilà ce genre de jeu peut être dangereux et le vieil homme grincheux qui se trouve au même endroit va en faire les frais et le prendre en pleine tête : mort !.
Commencent alors des aventures palpitantes et une plongée dans un monde cauchemardesque. Car Thomas vit dans une ludocratie : un monde dans lequel le jeu est roi, mais pas de n’importe quelle manière. Imaginez la Française des jeux au pouvoir, régissant votre vie. Tout y est contrôlé, le temps de jeu, les adultes, leurs pensées, leurs faits et gestes grâce à des puces qui sont implantées dans leur cerveau au moment de leur majorité. Thomas est trop jeune, mais il sait déjà que son avenir est mal parti : trop gros, hérédité parentale négative…
De plus dans ce totalitarisme cauchemardesque au-delà de 1984 d’Orwell, s’ajoute le bouclier antimatière qui doit protéger cette partie du monde des agressions nucléaires du reste de la planète suite à une obscure guerre. Obscure ? Oui car dans ce monde, nul besoin d’apprendre le passé, ces vieilles histoires sans intérêts, interdites également les religions, tout doit être sous contrôle. Seul le jeu compte et son sport national : le man-tall sorte de roulette dont les boules sont des humains.
La vie de Thomas bascule donc lorsque son ours en peluche se met à parler : le vieux savant grincheux Léonard Pictone vient de s’y réincarner et lui raconte une histoire abracadabrantesque. Il doit sauver le monde !
Complots, monde tentaculaire, âmes vagabondes, double-jeu des puissants Olivier Nox et Lily Noctis ; destins chamboulés ; visions ; tout se précipite dans ce roman au rythme effréné. Critique d’une société inquiétante, ce livre l’est aussi de la notre de ses dérives (le jeu, le culte du corps, la contrôle policier…). Le ton est caustique, plein d’ironie et le choix de faire parler ce gamin qui raconte, son histoire donne à celle-ci relief et recul. Avec un humour féroce, Didier Van Cauwelart nous entraine dans une première aventure au ton décallé, « déjanté » parfois. En effet, la fin du monde tombe une jeudi , est le premier tome d’une série qui devrait en compter cinq et qui vous le verrez ne peut s’arrêter ici.
Ce roman est à cheval entre deux mondes, publié dans une collection adulte, il peut certes y figurer sans problèmes, mais peut également s’adresser à de plus jeunes lecteurs amateurs d’émotions fortes et d’histoires singulières. Cette plongée entre deux mondes est parfois inquiétante, surtout de la part d’un auteur aussi connu : c’est clairement une réussite ici.
A découvrir donc sans tarder : Thomas Drimm, la fin du monde tombe un jeudi avant la suite : la guerre des arbres commence le 13.