Doux Jésus, par où commencer ? Avant toute chose, le pitch tel que je le lis dans le dossier de presse et qu’on pourra le découvrir sur la jaquette du dvd :
La nuit de Noël, un inconnu au calme inquiétant entre dans un commissariat. Il se dit prêt à soulager sa conscience en avouant six meurtres qu’il n’a pas encore commis. Ce sont les policiers d’astreinte cette nuit-là qui seront ses victimes…
L’inconnu en question, qui ne donnera pas son nom et se fera appeler Mr Nobody, est interprété par Val Kilmer. Un comédien au parcours fascinant, mais pas pour de bonnes raisons : après avoir ressuscité Jim Morrison dans Les Doors d’Oliver Stone et succédé à Michael Keaton dans le rôle de Batman, le bonhomme a bifurqué par des chemins de traverse qui l’ont éloigné le plus possible du vedettariat. Alourdi d’un joli paquet de kilos en trop, Val court à présent le cachet dans d’obscures petites productions destinées au marché du dvd, telles que The Steam Experiment, Hardwired ou encore cette œuvrette canadienne, The Traveller, signée par le dénommé Michael Oblowitz (coupable d’avoir fait tourner deux fois Steven Seagal, dans Ultime Vengeance et L’Affaire Van Haken).
Adoncques, Val K., « au calme inquiétant », a décidé de passer le réveillon dans un petit commissariat new-yorkais, histoire de faire tourner en bourrique une demi-douzaine de policiers. On pige assez vite de quoi il est question : un an jour pour jour avant cette apparition, les flics en question passèrent un peu trop à tabac un vagabond qu’ils estimaient coupable de meurtre d’enfant (en l’occurrence celui de la petite Mary, fille d’Alex Black, lieutenant de police du commissariat). Le vrai coupable fut par la suite descendu par le FBI, et c’est sous la forme d’un spectre vêtu de noir que le vagabond défunt revient se venger de ses bourreaux. Cet enjeu posé, le film déroule mécaniquement les scènes de mises à mort des flicaillons.
À la limite, si le scénariste s’en était tenu à cette ligne narrative (franchement ténue, mais qui n’est pas sans rappeler l’argument de La Peur, la nouvelle de Maupassant), The Traveller aurait pu s’en tirer avec les honneurs en assumant son statut de petite série B d’épouvante. Mais voilà : outre des passages gore totalement déplacés, avec moult gerbes de sang et des boyaux qui volent au ralenti, le film essaie de se faire plus malin qu’il n’est en assénant dans le dernier quart d’heure un retournement de situation d’une absurdité qui laisse pantois. Je n’en dirai pas plus, évidemment, mais ne vous attendez pas à être surpris, juste amèrement déçus et, pour tout dire, un peu gênés, la fameuse révélation finale mettant a posteriori le spectateur dans une position moralement intenable. Un effet pervers du fameux twist, devenu, depuis Saw, une figure obligée dans ce genre de production… Mais encore faut-il en avoir le talent, ce qui n’était pas le cas de l’auteur du script, dont je tairai ici le nom. Thanks for nothing, Mr Nobody !
Sortie du dvd le 19 avril (Aventi).
Durée : 92′
Image : 2.35, 16/9 compatible 4/3
Son : anglais et français, dolby digital 5.1
Sous-titres : français
Suppléments : bande annonce.