Dire que The Strain était une série attendue par les amateurs de fantastique et de vampires est un doux euphémisme. Quand on sait que l’œuvre de base est une trilogie de romans écrite par Guillermo Del Toro en personne, on est en droit d’attendre quelque chose de bon et, surtout, on veut se frotter une nouvelle fois à la représentation des vampires telles que l’imagine le cinéaste mexicain, 12 ans après son incroyable Blade 2.

Ici, tout débute avec un Boeing en provenance d’Europe à quelques minutes de son atterrissage sur le tarmac de l’aéroport JFK à New York. L’avion se pose puis plus personne à bord ne donne de signe de vie. Les plus importantes organisations américaines sont dépêchées : FBI, CIA, sécurité du territoire, mais personne ne comprend. On appelle alors le docteur Ephraïm Goodweather (l’excellent Corey Stoll), chef du centre de contrôle des maladies pour faire face à ce qui pourrait être un risque de contagion mortelle. À l’intérieur de l’avion, tout le monde est décédé, sauf quatre personnes…

Voilà comment débute The Strain. Le créateur a voulu se centrer ici sur le début de l’épidémie à l’origine d’une invasion de vampires, un peu comme à la manière de 28 Jours plus tard, où une pandémie peut prendre des proportions telles qu’elle peut conduire à l’extinction de la race humaine. L’approche de Guillermo Del Toro se veut ainsi relativement réaliste en voyant le gène vampire comme quelque chose de transmissible, un peu à la manière des zombies dans World War Z, montrant que le thème est en vogue dans l’horreur en ce moment.

On voit se dessiner au fur et à mesure des épisodes l’évolution des suceurs de sang dans New York avec différents axes narratifs : d’un côté, un vampire semblant secrètement comploter du haut de sa tour pour installer son espèce sur le continent américain, de l’autre des scientifiques perdus et totalement dépassés face à cette maladie inconnue. On fait aussi la connaissance d’un ancien chasseur de vampires, qui sait ce qui se trame mais que personne ne veut croire, du moins au début. La suite des épisodes nous montre tout doucement comment se développe ce complot et cette organisation secrète autour des vampires. Cette approche a quelque chose de frais, on s’éloigne radicalement des suceurs de sang affamés ou fous de sexe de True Blood. Ici la trame principale tourne autour d’une sorte d’objectif commun à tous les vampires sans s’arrêter sur chaque individualité. On retrouve ici des vampires effrayants, dangereux et qu’on n’a pas très envie d’inviter dans son lit, contrairement à ce qu’une célèbre saga veut nous faire croire. Guillermo Del Toro a ici pris son courage à deux mains pour instaurer une vision du suceur de sang digne de Dracula de l’époque Hammer ou de Nosferatu, une créature qui fout les jetons et qui veut nous arracher la carotide.

En dehors de cela, l’intrigue se déroule et se dévoile tranquillement tout au long des 13 épisodes, avec un ventre mou en fin de saison où l’on voit quelques événements se répéter sans pour autant faire avancer quoi que ce soit. Le casting est judicieusement choisi, les personnages entrant bien dans la peau de leurs personnages sans forcément les transcender, mais en parvenant toutefois à les faire exister juste ce qu’il faut (je pense notamment à David Bradley qui incarne un chasseur de vampire un peu kitsch comme on les aime).

Alors non, The Strain ne se pose pas pour révolutionner le genre ou pour créer un nouveau phénomène de l’horreur en matière de série, American Horror Story et Walking Dead étant tout de même un cran au-dessus. Mais la création  de Guillermo Del Toro nous rappelle avec brio ce que sont les vampires : des créatures qui rodent dans la nuit pour nous tuer nous, petits humains. L’intrigue est très intéressante avec ce côté société secrète, alors même si les personnages sont caricaturaux,  The Strain a suffisamment de bons éléments et de bonne volonté pour continuer à exister et à être regardé.