L’Américaine Isabella Rossi débarque en Italie pour enquêter sur sa mère qui, il y a 20 ans, a assassiné trois personnes à son domicile dans le Connecticut. Il se pourrait que la quinqua, internée à Rome en hôpital psychiatrique, ne soit pas folle mais possédée…
The Devil Inside est sorti en salles en février dernier, épaulé par une grosse campagne de pub. Jackpot : tourné pour un petit million de dollars, le film a rapporté au final 50 fois plus qu’il n’a coûté. Autrement dit, le crime paie, vu que l’entreprise est une véritable arnaque, dans le fond comme dans la forme. À la vision de ce spectacle, on n’a qu’une envie, gueuler à l’imposture, à l’anti-cinéma.
Énième épigone de Ruggero Deodato et de Cannibal Holocaust, William Brent Bell donne à son film la forme d’un faux reportage : Isabella, l’héroïne de l’histoire, se fait suivre par la caméra d’un documentariste tout au long de ses recherches italiennes. Rien ne vient justifier une telle démarche. « Pourquoi fais-tu ce film ? », demande quand même en préambule le caméraman à Isabella, face à l’objectif. Réponse de l’intéressée : « Pour comprendre ce qui s’est passé il y a 20 ans ». Point barre, les clients — c’est-à-dire nous — sont censés avaler l’explication tout rond sans se poser de questions. La suite est à l’avenant et réserve bien d’autres commodités : la belle, qui veut tout savoir des cas de possession démoniaque, fait la connaissance de deux prêtres adeptes des exorcismes pirates, non autorisés par le Saint Siège. Heureux hasard, lesdits curés sont américains, et les protagonistes romains de l’intrigue seront tout autant anglophiles, y compris une brave mamma dont la fille possédée sera rincée à l’eau bénite dans une cave (ouah, sordide !) sous l’œil de la caméra. Une simple mise en bouche, car il va falloir s’attaquer au cas de la mère d’Isabella, habitée soi-disant par quatre démons, un vrai gang bang ! Pas de panique : le médecin-chef de l’asile psy va mettre docilement sa patiente à la disposition des curetons et de l’équipe de tournage, dans une salle d’examen rien que pour eux…
Les exorcismes sont mis en images de façon très conventionnelle, avec les imprécations d’usage des ecclésiastiques mêlées aux saillies verbales des possédés. Quarante ans après L’Exorciste, ce genre d’outrances ne fait plus peur, mais si vous êtes malgré tout curieux, contentez-vous de visionner les extraits et bandes annonces du film, qui puisent largement dans ces deux scènes. Il n’y a de toute manière pas grand-chose d’autre à montrer, le reste du métrage étant constitué de dialogues chiantissimes, sans objet aucun et qui, sous couvert de style « documentaire », sont captés par une caméra tremblante (Parkinson ?) n’arrêtant jamais de panoter ni de zoomer. C’est en fin de compte dans ces séquences-là, irregardables, que The Devil Inside apparaît pour ce qu’il est, non pas un film de cinéma mais une excroissance de la téléréalité venant polluer le 7ème Art. Afin d’achever de brouiller réalité et fiction, les auteurs ont pondu un site web faisant mine de prendre cette histoire au sérieux (therossifiles.com). Un petit tour sur le forum du site nous apprend — consternation — que la méthode fait des victimes, certains intervenants semblant croire qu’ils ont vu un vrai documentaire. On a le public inculte qu’on mérite. Sans autre commentaire.
Dvd et blu-ray disponibles depuis hier, 27 juin (Paramount Pictures). Aucun supplément au menu des disques, vous n’aurez droit qu’au film et rien qu’au film ! Ci-dessous, deux nouveaux extraits lâchés par le distributeur à l’occasion de cette sortie vidéo. Le second clip déflore la conclusion en révélant que le personnage principal finira possédé à son tour…