Pourquoi le dernier film de Marcus Nispel sort-il directement en DVD ? La galette est entre les mains de nos voisins britanniques depuis le mois de mai.

Sorti outre-Manche le mois dernier sous le titre The Asylum, le film s’est d’abord intitulé Backmask jusqu’à sa postproduction avant de se voir rebaptisé Exeter dans son pays d’origine, les USA. Et pour répondre à la question ci-dessus, le pitch lui-même offre un début de piste : réunis après une nuit de beuverie dans un asile psy abandonné, six ados consommateurs de stups sous toutes les formes réveillent un esprit démoniaque qui va les posséder et les assassiner un à un…

Honnêtement, iriez-vous vous engouffrer dans une salle de cinéma à la seule lecture d’un script pareil ? Le décor de l’hôpital ou de la maison de fous désaffectés est devenu un poncif du cinéma d’horreur (dans le haut du panier, on trouve les récents Saint-Ange, Fragile et Grave Encounters, vous aurez peut-être vu aussi le nullard SX Tape, sorti il y a pile un an), presque à égalité, en nombre d’occurrences,  avec la fameuse « cabane au fond des bois » investie par des djeuns avides de shit et de bibine. Des héros qu’on retrouve justement eux aussi dans cette production (ils sont venus, ils sont tous là : la blonde délurée, le gros copain marrant, le beau gosse musclé, le fumeur d’herbe toujours à l’ouest, etc.).

Comme précisé dans le chapeau, The Asylum est malgré tout une mise en scène de Marcus Nispel, qui a signé le brillant remake de Massacre à la tronçonneuse, avec Jessica Biel, en 2003. Celui de Vendredi 13, en 2009, était quelques crans en-dessous mais pas mal non plus (en tous cas distrayant, à défaut d’être effrayant). Ce nouveau titre, qui n’est ni un remake ni une adaptation, donne à Nispel l’occasion de faire ses débuts de scénariste (bon, on a compris, pour ce qui est de l’originalité, c’est raté), mais aussi de livrer un métrage de facture soignée. L’équipe déco a fait un travail fantastique pour rendre le lieu de l’intrigue « creepy » à souhait, et Nispel a pu s’appuyer sur les belles lumières, légèrement désaturées, d’un chef-op inspiré, Eric Treml (les photos de la galerie d’images vous en donneront une bonne idée). Enfin, même s’ils n’ont pas de personnages consistants à défendre, les comédiens s’en donnent à cœur joie devant la caméra, ils font fuser les répliques et n’ont pas peur de se rouler par terre ni de se salir. La vedette féminine, Brittany Curran, a de faux airs d’Amy Lee, la chanteuse d’Evanescence, et la blonde Gage Golightly, avec son soutif rose, fait ce qu’il faut pour qu’on se souvienne d’elle une fois la projo terminée.

Le casting est complété par un vétéran, Stephen Lang, vu notamment dans Avatar, qui campe un curé pas très clair. Ce n’est pas lui qui pratiquera l’exorcisme (de rigueur, dans ce type d’histoire), mais la bande de fêtards dans une scène, avouons-le, assez fendante où ils s’imaginent avoir trouvé la marche à suivre dans un tutoriel bidon sur YouTube. La séquence recèle un clin d’œil à L’Exorciste (ça ne mange pas de pain), et une poignée d’autres scènes, par leur tempo très énergique et des effets gore craspec de bon aloi (le coup des brosses à dent plantées dans les yeux, c’est marrant) parviennent à briser la monotonie de la trame. Et on se prend à penser que cet Asylum, tout bien considéré, n’est pas si nul malgré son argument tarte à souhait. Herr Nispel (il est allemand), la prochaine fois, gardez la même vitalité de mise en scène mais trouvez une histoire plus sympa à suivre. Promis, on applaudira des deux mains.

 

Pas de sortie française prévue à ce jour. StudioCanal, distributeur du film, n’a pour l’heure diffusé le titre qu’au Royaume-Uni.