Réalisateur il y a 20 ans de Jason va en enfer, Adam Marcus cosigne (avec les dénommées Debra Sullivan et Kirsten Elms) le scénario de ce nouveau Massacre à la tronçonneuse qui n’ambitionne pas moins que de se poser en suite directe du classique de Tobe Hooper. Eh oui, rien que ça ! Texas Chainsaw 3D attaque donc à la minute où s’achevait le film de 1974, lorsque Sally/Marylin Burns échappe de justesse à Leatherface en sautant à l’arrière d’un pick-up. Mise au fait des exactions de la famille de bouchers homicides, la population locale débarque à la ferme Sawyer pour régler leur compte aux dégénérés. Quelques cocktails Molotov plus tard, il ne reste plus de l’endroit qu’un tas de cendres et des corps carbonisés. Seul en réchappe un bébé, une petite fille recueillie en douce par un couple de bouseux en mal d’enfant.

La dernière phrase vous fait tiquer, c’est normal : d’où sort donc ce fameux nourrisson, étant donné que la maison de l’horreur de Tobe Hooper n’abritait aucun couple et encore de moins de nouveau-né ? Les scénaristes ont tout bêtement réinventé l’histoire : passé le générique de début entrecoupé, à titre de résumé, d’extraits du Texas Chainsaw Massacre originel, la première scène bascule dans le faux raccord total en introduisant une smala invisible dans le film de 1974 ! Oui, la pilule est difficile à avaler, et pourtant il va bien falloir la gober tout rond si on veut suivre les péripéties de nouvel opus, qui fait ensuite un bond dans le temps pour relater, de nos jours, l’aventure sanglante vécue par la fillette rescapée. Devenue grande, la survivante doit donc avoir dans les… quarante ans ? Allons donc, une quadra héroïne d’un Texas Chainsaw ? Le trio de fines plumes précité n’a que faire de la continuité narrative, et ils s’empressent aussi d’oublier leur calculette dans un tiroir : l’héroïne, prénommée Heather, a grandi loin de la ferme sanglante, et c’est une beauté en pleines twenties ! Interprétée par Alexandra Daddario (schwing !), à la poitrine gonflée par le désir de vivre (comme le chanterait Patrick Coutin), Heather suit le fil du scénario pour effectuer un retour aux sources, direction le Texas, où l’attend… Leatherface, eh oui, son cousin germain, toujours vivant et lui aussi frais comme un gardon malgré le poids des ans !

Bien sonné par ce tombereau d’incohérences, on n’a plus qu’à mâchonner son popcorn d’un air absent devant la suite de l’histoire, qui ne propose rien d’autre qu’un jeu de cache-cache/course poursuite entre l’homme à la scie vrombissante et l’héroïne, flanquée d’une petite bande d’amis qui ne sont là que pour montrer leur très joli cul (Tanya Raymonde, vue dans la série Lost) ou se faire tailler en pièces (Scott Eastwood, fils de Clint, et le chanteur de R’n’B Trey Songz). Au fil des séquences, on apprend qu’un mini-van qui démarre avec un pneu crevé est voué à faire des tonneaux (!), qu’il est normal qu’une victime blessée, au lieu de chercher de l’aide dans la ville toute proche, retourne dans la maison de son agresseur pour se planquer dans le congélo… Le film enquille les invraisemblances jusqu’au dénouement d’une absurdité à faire rire un troupeau d’ânes. Dois-je pour finir vous parler du relief ? Inutile d’espérer non plus quoi que ce soit de ce côté-là : le procédé ne sert qu’à nous agiter de temps à autre sous le nez la lame de la fameuse tronçonneuse et, bien sûr, à appâter le chaland en accolant au titre la mention « 3D ».

Sortie dans les salles françaises prévue au cœur de l’été, le 31 juillet 2013. Et si le soleil est de la partie, vous aurez forcément mieux à faire que d’aller rendre visite à Leatherface ce jour-là…