Un quatrième Terminator sans Arnold et avec McG, le réalisateur de Charlie et ses drôles de dames, derrière la caméra ? Il y encore six ans, à l’époque de la sortie de T3, une telle perspective m’aurait fait rigoler. Mais il faut se rendre à l’évidence : dans le vingt-et-unième siècle bien entamé, Schwarzie a pris un peu trop de rides, il ne fait plus de cinéma, mais l’industrie hollywoodienne, elle, perdure et ne se prive pas de relancer la saga de S.F. robotique initiée par James Cameron en 1984.

Contrairement aux trois premiers volets, Terminator : Renaissance se déroule presque entièrement dans l’avenir, plus exactement en 2018, époque de cauchemar où l’humanité martyrisée lutte contre l’extermination par les machines et le tout-puissant ordinateur Skynet. A la tête de la résistance, un général un rien borné (Michael Ironside, chouette ! Dommage qu’on ne le voie pas tant que ça à l’écran) et, surtout, le fameux « messie » John Connor, arrivé à l’âge adulte. Le personnage est joué cette fois par Christian Bale, et il partage à part égale la vedette avec Sam Worthington, alias Marcus Wright. Condamné en 2003 pour homicide, ce dernier est un rescapé du couloir de la mort et il s’éveille, abasourdi, après quinze années noyées dans un étrange coma durant lequel il n’a pas vieilli…

Ayant atteint l’âge canonique de 36 ans, je suis assez vieux pour avoir découvert en salles le premier Terminator, auréolé à l’époque d’un Grand Prix remporté au Festival d’Avoriaz 1985. Schwarzenegger y incarnait une menace aussi mortelle qu’increvable, dont la seule apparition monolithique dans le cadre suffisait à flanquer une pétoche de tous les diables. Une économie d’effets dont McG n’a que faire, à la tête d’un énorme jouet budgeté à 200.000.000 $. A une époque où il est possible de montrer tout ce qu’on veut pour peu qu’on en ait les moyens, Terminator : Renaissance croule sous les scènes d’action spectaculaires, à tel point que leur nombre finit par en annihiler l’impact. Bon, entendons-nous bien, situé quelque part entre Mad Max 2 (pour la casse sur le bitume), Transformers et les mecchas nippons (pour les machines polymorphes), le show n’a rien de déplaisant, mais passé deux heures de tonnerre mécanique, que reste-t-il ? Guère d’émotion et aucun vrai moment de trouille. En fait, T4 semble avoir été mis en scène pour répondre non pas à un besoin de cinéma mais plutôt à une sorte de fascination nihiliste pour les images de ruines, de chaos et de destructions de masse. Une ambition pas vraiment reluisante qui place ce quatrième opus à cent coudées en dessous du chef d’œuvre violent et triste de ce cinéaste majeur qu’est James Cameron.