« Super Ciné Battle », what’s that? Le titre est avant tout celui d’un podcast dans lequel les deux animateurs, Daniel Andreyev et Stéphane Bouley, dressent à n’en plus finir des listes prétextes à explorer ou revisiter les arcanes plus ou moins connues du cinéma. Une approche ludique et, comme ils s’amusent à le souligner, « pratique » car « on peut l’écouter en faisant d’autres trucs, comme conduire ou monter un meuble ». Pas moyen de faire la même recommandation avec l’équivalent imprimé, qui sort cette semaine chez l’éditeur Dunod. À tête reposée, on se plonge donc dans « les listes ultimes du cinéma », et il y en a beaucoup au fil des 130 pages du bouquin. Les énumérations sont brèves (10 à 15 titres), d’où des panoramas très synthétiques des « meilleurs débardeurs » (John Mc Clane dans Die Hard arrive en tête), des « meilleures scènes père-fils », des « meilleurs moments sportifs », etc.

Les auteurs n’ont pas mis en œuvre de puissants algorithmes pour élaborer leurs répertoires, leur travail est bien sûr éminemment subjectif et s’avère à même de provoquer des débats enflammés quant à la présence ou l’absence de tel ou tel titre dans les différents palmarès (Cujo de Lewis Teague s’adjuge une bonne place parmi « les meilleures adaptations de Stephen King », mais on n’y trouve pas Dead Zone de Cronenberg ; idem pour les Spiderman de Sam Raimi, absents du « top des films Marvel »). Les pages, sinon, ne sont pas que remplies d’inventaires, le lecteur trouve heureusement un peu de matière à réflexion dans un certain nombre de paragraphes critiques venant commenter le contenu des listes. Le style est concis, enlevé, avec pas mal d’humour, un ton en accord avec la nature de « livre-zapping » de l’ouvrage qui, tout en s’adressant aux consommateurs d’image et de popcorn, ne néglige pas non plus de jeter l’œil sur des territoires plus cinéphiles. De nombreux titres « anciens » sont par conséquent au programme, les œuvres de cinéastes tels qu’Almodovar, Joel et Ethan Coen, Kurosawa… sont également abordées, ainsi que celles de réalisateurs de qualité mais parfois mésestimés qu’Andreyev et Bouley ont à cœur de réhabiliter (par exemple Henri Verneuil). Bien que quelques titres soient expédiés par des formules lapidaires dignes de commentaires Facebook, le souci d’embrasser l’univers du 7ème Art à travers ses multiples genres et époques s’avère donc fort louable et élève le travail des deux auteurs au-delà de la seule occupation, rigolote mais quelque peu oiseuse, d’établir de pseudo-hiérarchies compétitives de titres de films.

En librairie à partir du 11 avril 2018.