Fermez les yeux. Libérez votre esprit. Rien ne vous prépare à ce qui va suivre. Bienvenue dans l’imaginaire débordant d’une jeune fille dont les rêves sont la seule échappatoire à sa vie cauchemardesque…
S’affranchissant des contraintes de temps et d’espace, Babydoll est libre d’aller là où l’entraîne son imagination, jusqu’à brouiller la frontière entre réalité et fantasme. Enfermée contre son gré, la jeune fille a toujours envie de se battre pour reconquérir sa liberté. Combative, elle pousse quatre autres internées– la timorée Sweet Pea, Rocket la grande gueule, Blondie la futée et la loyale Amber – à s’unir pour échapper à leur redoutable "patron" Blue avant que le mystérieux High Roller ne vienne s’emparer de Babydoll. Pour mener leur plan à terme, elles ont besoin d’objets à récupérer dans tout l’asile. S’imaginant dans un autre monde où rien ne leur résiste, les filles tentent peu à peu de recouvrir leur liberté volée.

Après L’Armée des Morts, 300, Watchmen et Les Gardiens de Ga’Hoole, Zack Snyder revient avec cette fois-ci un scénario original. Dans un délire imaginatif magistral, il nous entraîne de nouveau au coeur d’un merveilleux cauchemardesque.

Je ne rêve pas… Oui, mais je rêve… Et je rêve encore!
Accrochez-vous bien à l’histoire, car il y a dans ce film 3 niveaux : la réalité (Babydoll est internée dans un hôpital psychiatrique où les jeunes filles sont plus ou moins maltraitées),le premier niveau de rêve (Babydoll est dans une sorte de cabaret où les filles sont offertes aux clients pour alimenter le business du patron) et un second niveau de rêve (ces danseuses/esclaves parcourent un monde fantasmé et fantastique en quête de leur liberté). Ces niveaux de rêve sont les deux couches de l’esprit de Babydoll où seule son imagination débordante peut l’aider à se libérer de l’asile. Difficile alors de suivre correctement le scénario si l’on ne reste pas toujours concentré ! Certes tout n’est pas toujours clair et Snyder prend parfois des raccourcis assez faciles, mais dans l’ensemble, l’intrigue tient la route et nous ouvre les portes de l’imagination. Le générique de début est sublime et la scène d’introduction incroyable; assez violente psychologiquement et nous plongeant directement au coeur de la triste vie de Babydoll. Certainement le meilleur moment du film !

Mais disons-le tout de suite : aucune des actrices ne sert correctement son rôle. Blondie (Vanessa Hudgens) et Amber doivent dire quatre phrases dans le film. Quant aux autres, elles ne sont pas du tout crédibles. Dommage, car le film aurait pu atteindre la perfection si le réalisateur avait choisi des actrices sachant jouer. Il en va de même pour Emily Browning, qui interprète Babydoll : moins désolante que ses consoeurs, elle est cependant bien loin de nous faire vibrer ou de nous émouvoir.


Babydoll est donc le personnage principal de l’intrigue. Internée de force et sans raison par son beau-père, la jeune fille découvre un asile glauque dirigé par le Docteur Gorski. Très rapidement, elle se persuade qu’elle peut s’échapper. Commence alors une étrange aventure sur deux niveaux de rêves.


L’odieux et malsain Blue (infirmier dans la réalité / patron du cabaret dans le premier niveau de rêve) est un personnage fascinant malgré son caractère. Interprété brillamment, il glace le sang à chacune de ses apparitions. Fasciné par Babydoll, il va la persécuter et anéantir ses rêves de liberté.


Carla Gugino (déjà présente dans Watchmen) interprète le docteur Gorski dans la réalité et la prof de danse du cabaret dans le rêve de Babydoll. Très effacée dans la réalité, elle apparaît ensuite comme une victime de Blue. Dure avec ses danseuses, on se rend vite compte qu’elle n’a pas trop le choix. Rapidement, les émotions contradictoires du personnage la rendent touchante et, malgré son aspect rigide de maîtresse d’école, elle arrive à nous séduire.


Il est très compliqué de détailler l’histoire sans révéler des informations importantes. Le film est une ode à l’imagination et à son pouvoir. Les références de Snyder sont multiples : de l’anime japonais en passant par les jeux vidéos et bien sûr l’héroïc-fantasy, mais aussi la SF, les pins up, les samouraïs et les films de guerre. Un mélange détonant qui nous explose avec grand plaisir en pleine figure ! L’esprit de Babydoll est tout ce qui lui reste après avoir perdu sa vie, son honneur et son innocence. Car le film a pour référence très ancrée Alice au Pays des Merveilles. Babydoll est comme Alice (d’ailleurs physiquement la ressemblance est évidente) : perdue dans un monde enchanté et cruel qui la conduit sur le chemin de l’âge adulte. La fin aurait pu être beaucoup plus émouvante, mais elle est gâchée par l’incompétence de l’actrice.

La BO du film m’a époustouflée et j’ai rarement entendu un mélange de thèmes aussi éclectique. L’ensemble fonctionne à merveille et certaines musiques prennent vraiment aux tripes. La composition musicale reste l’une des plus grandes réussites de ce film.

Des mondes aux mille saveurs
On peut ne pas aimer les films de Snyder, mais on ne peut lui enlever la qualité de ses images. Incroyablement bien filmé, époustouflant et grandiose, Sucker Punch hausse le niveau (visuel…) des films fantastiques. Le réalisateur sait travailler à la perfection ses ambiances, ses couleurs et sa technique est indéniable.

Le film s’ouvre sur une ambiance pluvieuse, sombre et gothique. L’asile est une sorte de manoir hanté gothique qui rappelle celui de Dracula. Il y a un petit côté Tim Burton dans ce début très glauque bercé par le remix du fameux Sweet Dreams repris ici par Emily Browning en personne.


Et puis quand on a bien déprimé, le monsieur arrive avec son ambiance à la Moulin Rouge avec corsets, lacets, jarretelles et autre fanfreluches qui raviront certainement les accros des années 50. Place à la danse et au spectacle !


Mais rapidement, cet univers rose bonbon bascule : et si les filles n’étaient en fait rien d’autre que des esclaves sexuelles ? Alors que fait-on ? On s’échappe de nouveau de cet univers pour aboutir dans un troisième digne des plus grands jeux de vidéo de guerre et de fantasy. Snyder commence par les samouraïs et une ambiance très japonaise où miss Babydoll habillée en school-girl livre bataille à d’étranges monstres géants. Premier moment visuel fort; premières émotions et première fois où l’on se dit "Oui, ce Snyder est vraiment bon"!


Babydoll et ses consoeurs vont alors parcourir ce monde étrange aux différents visages.



Et bien sûr, parce que le monsieur est un grand fan de fantasy, il n’oubliera pas tous ceux qui attendent (moi la première !) l’apparition d’une créature. Et bien il nous en donnera deux, dont un dragon majestueux aux détails effarants : jouissif ! Le second, petit clin d’oeil à Jackson, sera un Orc ou plutôt une horde d’Orcs protégeant l’entrée de la caverne du dragon.



Ouf ! Et quand enfin cette explosion de saveurs est terminée, eh bien on en redemande encore. Alors merci ! Merci, Monsieur Snyder, d’avoir parfaitement compris le rôle du cinéma et d’avoir su utiliser autant de références pour satisfaire tous les fans du genre.

CONCLUSION
Sucker Punch est un film détonant ET étonnant qui vous entraînera aux confins d’un monde merveilleux aussi brutal que la réalité; un monde qui peut être le vôtre si vous savez rêver.

En plus : quelques concepts art très sympathiques et une des nombreuses affiches du film.