Après une sortie en salles au printemps 2010 dans son Italie d’origine (et après avoir eu les honneurs de plusieurs festivals, comme FantasPorto ou le FrightFest de Londres), Shadow (L’ombra en v.o.) arrive dans l’Hexagone directement en dvd.

Jeune vétéran de la guerre d’Irak, David (Jake Muxworthy) part se ressourcer dans les montagnes du nord de l’Italie, où il s’adonne à sa grande passion, la pratique du VTT. Dans une auberge isolée, il fait la connaissance d’Angéline (Karina Testa, qui en a déjà bien bavé dans Frontière(s) de Xavier Gens), une Française à qui il sauve la mise alors qu’elle était importunée par Fred et Buck, deux chasseurs libidineux. Après avoir fait un bout de chemin sur leurs deux roues en pleine nature, les jeunes gens tombent de nouveau sur les bouseux susnommés, qui les prennent en chasse. Une partie de plaisir en comparaison de ce qui va suivre : dans la forêt rôde un individu encore plus dangereux, un ermite taré nostalgique du IIIème Reich qui capture les touristes de passage pour satisfaire ses goûts de tortionnaire…

Le problème de Shadow est qu’il arrive après des titres tels que Vertige, Manhunt ou encore Eden Lake et Les Proies. Autant de survivals récents à côté desquels le film de Federico Zampaglione, réalisateur romain, peine à se distinguer. Car regardé d’un œil distrait, Shadow peut devenir vite irritant, donnant une impression de vacuité et de cruauté gratuite (inutile de glisser la galette dans votre lecteur si vous ne supportez pas les scènes de torture !). Cependant on peut prendre plaisir (façon de parler) à le visionner pour peu que l’on soit attentif à certains détails, à des anomalies — volontaires — qui parsèment le métrage et tendent discrètement vers une conclusion surprenante. La langue des protagonistes, pour commencer. Le héros, David, est américain, il parle logiquement anglais. Mais c’est aussi le cas des quelques individus croisés au hasard de sa route. Nous sommes pourtant dans le nord de l’Italie, dans un trou paumé où le bon sens voudrait qu’on entende chanter la langue de Dante. Même remarque concernant les prénoms des deux chasseurs vicelards, sûrement peu courants dans ce coin des Alpes (Shadow a été tourné en Frioul-Vénétie julienne). Plus tard, lorsqu’on explore la tanière sinistre de l’ermite nazi, on découvre un arsenal fétichiste d’icones du troisième Reich (dont une photo dédicacée de Leni Riefenstahl !), mais aussi des bandes de films 16mm beaucoup moins anciens, tournés, à en croire les étiquettes sur les boîtes, en Tchétchénie, en Afghanistan, et même en… Irak, dans la prison d’Abou-Ghraib. Non loin, un poster king size décore un mur de couloir, présentant un George W. Bush souriant de toutes ses dents !

Impossible pour moi d’en dire plus sans déflorer la chute. Disons qu’elle est très cruelle, et qu’elle permet d’accorder un véritable crédit à cette série B modeste qui rend aussi hommage aux perles de l’âge d’or du cinéma d’horreur transalpin. Né en 1968, Federico Zampaglione a la particularité d’être également leader d’un groupe de rock alternatif, Tiromancino, en activité depuis 1989. La bande originale de son film, un jazz-rock un peu déglingué, est un clin d’œil appuyé aux compositions formidables des Goblin pour les films de Dario Argento, Profondo rosso en tête.

Dvd et blu-ray sont disponibles depuis le 1er septembre (FIP).