Un campus universitaire, des greluches « populaires », une bande de sportifs républicains et cons, et… un tueur masqué qui dépeuple avec zèle la sororité Kappa-Kappa-Tau. Auteurs de Glee et d’American Horror Story, Brad Falchuck et Ryan Murphy n’ont pas choisi, avec cette nouvelle série, d’explorer des territoires inconnus. Le décor, les personnages, l’intrigue de Scream Queens sont à première vue éculés, et l’épisode n°1, diffusé cette semaine sur la chaîne Fox, aligne avec aplomb une sacrée collection de lieux communs. Le show, entre horreur et comédie de mœurs, gravite autour du personnage de Chanel Oberlin, présidente de la sororité précitée, qui mène à la baguette sa petite cour de pétasses numérotées (de « Chanel n° 2 » à « Chanel n°5 » ! Nous voilà au parfum). Un personnage fasciste et volubile (Emma Roberts débite ses lignes de dialogue sur un rythme de mitraillette), qui tombe sur un os en croisant la bien nommée Grace (Skyler Samuels), nouvelle venue dans la fac et candide vertueuse de l’histoire.

Le contingent envahissant de pouffes superficielles (et sûres de leur fait) a vite fait d’agacer, d’autant que ces demoiselles, inconséquentes jusqu’à l’invraisemblance, restent imperturbables même face aux turpitudes les plus sanglantes. Falchuk et Murphy n’ambitionnent pas de donner une seconde dans le réalisme, ce qui n’aide pas à faire passer le message vaguement gauchisant de l’entreprise (l’argent et le culte de l’apparence pourrissent tout). Heureusement, outre la jolie Grace (qui entend remettre de l’ordre et assainir la sororité), Chanel 1 à 5 trouvent une adversaire de taille en la personne de Cathy Munsch, la doyenne de la fac, qui ne peut pas les piffer et qui, surtout, est interprétée par Jamie Lee Curtis, LA scream queen par excellence du cinéma d’horreur. La présence de l’actrice est bien sûr un clin d’œil à la fameuse série des Halloween, et c’est un véritable bonheur de la retrouver là, dans ce slasher à suivre clinquant, avec une chevelure argentée mais toujours aussi belle qu’à l’époque de Blue Steel, True Lies ou Un Poisson nommé Wanda. On est (un peu) curieux de tout apprendre sur l’identité du tueur, dont les méfaits donnent parfois lieu à une mise en scène plaisamment satirique, mais c’est avant tout parce que Jamie Lee (quel sourire !) est là pour nous prendre par la main qu’on a envie de découvrir la suite.